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Sur la comparaison entre répression coloniale et celle de notre propre Etat national , réponse à une amie.

Par : Bouhamidi Mohamed 

Chère amie, bonsoir.

Vous vous inquiétez de la réponse à faire à ceux qui comparent la revendication démocratique portée par le Hirak et la lutte pour notre indépendance. Les mêmes arguments sont convoqués pour faire la similitude entre répression coloniale et répression actuelle. Comment distinguer la légitimité d’une répression par rapport à une autre ?

Ma première réaction a été de vous dire que je n’ai pas envie de répondre à ces personnes qui multiplient sur d’autres domaines ce genre de raccourcis : le colon indigène a remplacé le colon tout court.

Du point de vue du métalangage, le sens transmis est : le colon indigène a remplacé le colon légitime. C’est déjà épouser le point de vue du colon qui se voyait légitime à gouverner le monde mais laissons pour un autre jour l’examen des métamorphoses du complexe du colonisé.

Et revenons à notre actualité. Il s’agit, pour ces gens-là, de comparer la la répression coloniale et ses centaines de milliers de morts à l’arrestation de quelques dizaines de personnes et la condamnation d’une partie d’entre elles sans qu’il y ait eu mort d’homme ni de blessures directement provoquées, ni tortures, ni liquidations extra judiciaires, ni corvée de bois, ni crevettes de Massu ou de Bigeard, ni napalm sur les forêts et les villages, ni regroupement des populations, ni femmes violées en masse, ni femmes enceintes éventrées en pariant sur le sexe de leurs bébés, ni déplacement des populations, etc.

En France, pour le mouvement Gilets Jaunes, on décompte, au 4 octobre 2019, 11 morts, 4439 blessés. En septembre on en était à 3000 condamnations dont 1000 à la prison ferme.

Des révisionnistes peuvent réécrire une histoire d’une colonisation et d’une « réprimande » douces de la colonisation française. Ils sont dans leur rôle et sont bien payés pour cela. Ceux qui croient sincèrement ou naïvement à cette équivalence de la répression de Bigeard, Massu, Aussaresses sont quand-même coupables de naïveté et d’ignorance.

Je ne parle pas d’ignorance par rapport à la France seulement mais surtout par rapport à notre pays. Le bilan d’octobre 88 est de 159 morts selon le bilan officiel, 500 selon des sources hospitalières, des centaines de blessés, des milliers de personnes arrêtées, des centaines torturées et des dizaines, pour la plupart membres du PAGS, atrocement torturées. Tout le monde sait quels généraux ont donné ordre de réprimer, de tirer, de torturer, dont certains sont poursuivis grâce à l’ANP actuelle. Voilà quelques éléments de perception de ce que veut dire le mot « répression ».

Faut-il que nous nous sentions concernés par l’interpellation ? Je vous avoue que je ne me sens pas du tout interpellé par des faussaires qui falsifient l’histoire de notre libération pour servir un objectif politicien, pas même politique, politicien.

Merci, chère amie, d’accepter l’expression de ma grande estime.

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