Ahmed Halfaoui.
Pour que les fouineurs droitsdelhommistes s’intéressent à vous, il ne faut pas que vous soyez victimes d’abus n’importe où. Il ne faut pas que vous soyez soumis au statut d’infrahumain dans les usines où les grandes marques du prêt-à-porter ont délocalisé leur production, il ne faut pas être un « gilet jaune », le sujet d’un monarque du Golfe arabique ou être Palestinien.
Pour que vous fassiez partie de l’espèce humaine qui a des droits il faut être là où il faut, citoyen d’un pays où le « régime » ne plaît pas ou dérange les gardiens de ces droits humains sélectifs. Vous aurez un bonus si vous êtes catalogués « activiste» ou « militant » reconnu par la presse bien pensante et les ONG de la profession. Ainsi, il serait bien d’être Cubain, Chinois, Iranien, Russe, Venezuelien…par exemple.
Preuve en est, qu’au Bangladesh, il a fallu que des centaines de milliers d’esclaves des temps modernes se révoltent, pour que le monde apprenne qu’il existe des êtres humains qui sont payés le prix d’une chemise pour un mois de travail, dans des conditions épouvantables. Ils ont donc considéré qu’ils devaient être mieux payés, pas de beaucoup d’ailleurs. Ils revendiquent juste qu’ils reçoivent le prix de deux chemises et demie, soit de passer de 38 à 100 euros mensuels.
Il y a une dizaine d’années, ils ont été des centaines à mourir broyés dans l’effondrement de la bâtisse qui faisait office de fabrique. Si vous vous contentiez de l’affiche Google des News, vous n’en auriez rien su. La Une n’est pas faite pour ce type de droit, qui ne font pas partie partout du contenu défini de la « démocratie de marché » et de la « liberté d’entreprise », bien au contraire.
Un journal pas toujours comme les autres avait décidé d’en parler. Le Guardian britannique nous décrivait une situation qui révulserait, en principe, les bonnes âmes promptes à verser des larmes sur le dernier « dissident » russe ou chinois.