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La liberté et ses moyens

Plus près de l’actualité, nous avons le cas des Harragas qui ne se satisfont pas de la « liberté » que leur confèrent leurs « moyens » et qui n’hésitent pas à aller au-delà de la contrainte que dresse l’Europe contre leur désir d’accéder à ses lumières, tant qu’ils n’ont pas le profil qu’il faut. Quittes qu’ils sont à se prévaloir d’une « liberté » indue, eu égard à leur condition. Ce qu’on leur interdit de faire.
Par | Ahmed Halfaoui

L a liberté s’avère être un concept fort compliqué. Surtout si l’on se met à le décliner selon l’idée que chacun peut s’en faire. D’ailleurs, ceux qui en parlent le plus se gardent d’aller trop loin dans ce sens. Pourtant, si l’on s’en tient à la définition générale, qui veut que « la liberté soit la faculté d’agir selon sa volonté, en fonction des moyens dont on dispose sans être entravé » par quoi que ce soit, on se rend compte que sont exclues pas mal de manières de l’appréhender.

Même s’il y a, quand même, l’introduction de la notion de « moyens », il reste admis que l’on peut être libre malgré tout. Une façon d’admettre, en subliminal, que les « moyens » sont pratiquement neutres.

Il sera tout naturel à l’individu de se convaincre qu’il est libre, tant que ce sont ses ressources financières insuffisantes qui font qu’il ne peut pas envisager de dépasser les limites de son village.

A contrario, le même individu ne trouvera pas que le milliardaire, touriste planétaire, serait plus libre que lui. Tout étant question de « moyens », le milliardaire n’est libre qu’en fonction de cela. Ceci pour rester sur des images simplifiées de la problématique. Du coup s’il arrive à une personne de briguer la liberté sans pouvoir la satisfaire, elle devra s’en prendre à elle-même et nul ne lui reconnaîtra le fait que sa liberté a été entravée.

Plus près de l’actualité, nous avons le cas des Harragas qui ne se satisfont pas de la « liberté » que leur confèrent leurs « moyens » et qui n’hésitent pas à aller au-delà de la contrainte que dresse l’Europe contre leur désir d’accéder à ses lumières, tant qu’ils n’ont pas le profil qu’il faut. Quittes qu’ils sont à se prévaloir d’une « liberté » indue, eu égard à leur condition. Ce qu’on leur interdit de faire.

En Europe règne, pourtant, selon Milton Friedmann, les valeurs sous-jacentes au Capitalisme qui « sont la liberté individuelle, la responsabilité individuelle, la créativité individuelle, l’autonomie individuelle, la propriété individuelle, les droits individuels imprescriptibles de l’homme« .

C’est pour cela, dit-on, que les arabes et assimilés devraient, selon l’OTAN, bénéficier de la même « liberté ». On peut dire que c’était l’intention qui a accompagné les opérations de l’OTAN en Libye et en Syrie. L’OTAN qui se base, quelque part, sur les dires du même Friedmann qui pense que « l’histoire suggère uniquement que le capitalisme est une condition nécessaire à la liberté politique. Clairement ce n’est pas une condition suffisante ».

Ce qui nous emmène, en principe seulement, très loin de la définition du début, pour nous faire nous pencher sur la « liberté politique », sous sa forme consacrée, pour y retrouver toute l’importance des « moyens » , en particulier, dans ce qui fait le fondement de ce type de liberté, les moyens d’expression.

Eh bien ! Là aussi il faut se résoudre à ce que ce soit ceux qui possèdent les médias ou ceux qui peuvent acheter des temps de passage qui auront la « liberté politique ». Etant entendu que les vendeurs et les propriétaires sont invariablement sur la même longueur d’onde.

Restera l’illusion pour les autres de la « liberté d’expression », puisque, en dehors des « moyens », aucun obstacle n’interdit de dire.

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