Ahmed Zakaria/ Agences
Il n’y a décidément, pas un scandale financier qui défrayerait la chronique d’une Europe décadente et essoufflée, sans que le nom d’un monarque des royaumes du sable, n’y soit mêlé. Pour cette fois-ci, c’est au tour du Roi de l’Espagne sur lequel les justices suisse et espagnole enquêtent notamment, sur une centaine de millions de dollars qui auraient été secrètement versés par par l’Arabie saoudite sur les comptes bancaires de Juan Carlos Ier .
«Sa Majesté» Juan Carlos – c’est son titre officiel depuis son abdication au profit de son fils, Felipe VI- qui compte désormais, plus de magistrats à ses trousses, que de courtisans, a finalement préféré quitter le pays pour éviter d’entraîner la famille royale dans sa chute. Plusieurs enquêtes sont en effet, ouvertes contre Juan Carlos qui dans une lettre adressée à son fils Felipe VI, a annoncé sa décision de quitter la l’Espagne: «Guidé à présent par la conviction de rendre le meilleur service aux Espagnols, à leurs institutions, et à toi en tant que Roi, je t’informe de ma décision réfléchie de m’exiler, en cette période, en dehors de l’Espagne», a écrit l’ancien souverain cité dans le communiqué de la Maison Royale. Le roi Felipe VI a accepté et l’a remercié pour sa décision. «Avec la même ardeur que pour servir l’Espagne lors de mon règne, et devant les conséquences publiques de certains événements passés de ma vie privée, je souhaite t’exprimer ma disponibilité la plus absolue afin de contribuer à faciliter l’exercice de tes fonctions, avec la tranquillité et la sérénité que requièrent ta haute responsabilité. Mon héritage, et ma dignité en tant que personne, me le commandent», écrit-il.
Des indiscrétions, affirment que l’ex souverain espagnole aurait choisi d’être le hôte du Roi du Maroc, lui aussi, cité par la presse espagnole dans les scandales royaux de Juan Carlos. Ce dernier est accusé d’avoir dissimulé une parcelle de terrain offerte par le roi marocain Mohammed VI. L’affaire a éclaté suite à la diffusion d’un enregistrement d’une conversation téléphonique dans laquelle l’ex-compagne du roi espagnol a refusé de vendre cette parcelle à une tierce personne.
La presse espagnole s’est interrogée alors, sur les raisons d’octroi de cette parcelle mesurant 45000 M carré, sur le territoire marocain (Merakeh), alors qu’il pouvait s’offrir une, dans les territoires marocains occupés par l’Espagne. Les medias espagnoles n’on pas hésité à désigner le souverain Mohamed VI comme complice dans cette fraude.
L’ancienne maîtresse du roi émérite a donné des détails au commissaire Villarejo sur l’opération par laquelle Juan Carlos I a reçu une « propriété du roi du Maroc » à Marrakech dans une conversation tenue lors d’un dîner à Londres en octobre 2016, enregistrée sans que l’ancienne maîtresse de Juan Carlos le sache et qui a été publiée par le site OkDiario. Selon Larsen, l’opération a échoué parce que le terrain « n’avait pas d’électricité » et ne pouvait pas être vendu, ce qui a fini par être un « cadeau empoisonné ».
Corrompre pour construire la Mecque !
On a vu les monarques du Golfe corrompre l’élite française pour s’approprier des beaux boulevards parisiens, les châteaux ou des vetos au Conseil de sécurité, mais mettre de l’argent sale dans un projet pour un lieu saint relève de la dérision. D’autant plus que le corrompu est un autre roi qui cherchera refuge chez un autre guide autoproclamé des croyants.
La Cour suprême espagnole avait annoncé début juin, l’ouverture d’une enquête sur « une responsabilité pénale » de l’Ex roi Juan Carlos, dans une affaire de corruption présumée dans un marché entre l’Arabie saoudite et un consortium espagnol pour la construction du TGV de la Mecque.
«Cette enquête vise précisément à établir ou écarter la pertinence (d’une poursuite) pénale des faits survenus après le mois de juin 2014, date à laquelle le roi émérite a cessé d’être protégé par l’inviolabilité», a indiqué le parquet dans un communiqué. L’enquête est en vérité veille de 2 ans, mais en vertu de l’immunité dont il jouit, seule la Cour suprême peut chercher à établir sa responsabilité, uniquement pour des faits commis après son abdication.
En juin 2014, Juan Carlos Ier avait abdiqué en faveur de son fils Felipe. Son abdication a été précédé par une série de scandale qui ont marqué la fin alors que la fin de son règne avait été ternie par différents scandales, et en particulier des soupçons sur sa fortune opaque et ses relations étroites avec la famille royale saoudienne. L’enquête avait échu au parquet du haut tribunal puisque «une des personnes impliquées dans les faits visés par l’enquête était alors le roi, l’actuel souverain émérite Juan Carlos de Bourbon», avait indiqué en juin la Cour suprême.
Révélations de la presse
Le dossier avait été ouvert en septembre 2018 à la suite de la publication d’enregistrements de l’ancienne maîtresse de Juan Carlos, Corinna Zu Sayn-Wittgenstein, qui révélait que «Sa Majesté» Juan Carlos – c’est son titre officiel depuis son abdication au profit de son fils, Felipe VI- avait encaissé une commission pour la concession d’un contrat de 6,7 milliards d’euros pour la construction du TGV entre La Mecque et Médine à un consortium d’entreprises espagnoles.
Le quotidien suisse Tribune de Genève a affirmé début mars que Juan Carlos avait reçu, en 2008, 100 millions de dollars du roi Abdallah d’Arabie saoudite, sur un compte en Suisse d’une fondation panaméenne. Le même mois, le quotidien The Daily Telegraph rapportait que Felipe VI était également bénéficiaire de cette fondation. Après la publication de ces articles, Felipe VI a retiré à son père une dotation annuelle du Palais royal évaluée à plus de 194.000 euros par an. Puis il a annoncé qu’il renonçait à l’héritage de son père «afin de préserver l’exemplarité de la Couronne», rapporte le quotidien français le Figaro.