Par | Ahmed Zakaria
Le gouvernement de la « Marconie » vient de basculer du côté du Makhzen en soutenant le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, ce qui a provoqué la colère d’Alger.
La politique étrangère de la France sous Emmanuel Macron a souvent été assimilée à un circuit de montagnes russes . Après avoir adopté une politique intérieure qui a mené le pays à l’impasse et au lieu de conserver une position d’équilibre et d’influence, Emmanuel Macron semble avoir choisi le chemin de la subordination aux agendas étrangers, tout en feignant maladroitement une certaine grandeur.
En apportant son soutien au controversé plan du Makhzen sur la Sahara occidentale dont ses amis néolibéraux se partagent les richesses, Macron fait un pas de plus vers la déroute définitive de la diplomatie française. Ceci après avoir bradé l’économie de son pays aux fonds souverains américains et son fidèle compagnon de route vers l’Elysée le Cabinet de Conseil Mc Kensey. Le même cabinet, à qui, soit dit en passant, le régime du « Makhzen » marocain fidèle au principe de la « dépendance interdépendante », consacré par les accords d’Aix les Bains, a livré la destinée de son royaume.
Ces annonces intempestives pour lesquelles le président Macron est passé maître, ne surprennent plus personne. Lui qui a, durant tout son mandat, gérer le pays à coup d’article 49. 3, semble être irrésistiblement, entrainé par l’euphorie des JO, pour faire le grand saut au-dessus du droit international. Même Donald Trump qui a habitué le monde à son goût pour les actions spectaculaires et théâtrales n’a pas osé faire plus fort, se contentant d’un tweet posté à minuit…
Ce gouvernement censé ne s’occuper que des affaires courantes peut-il s’arroger le droit d’outrepasser ses prérogatives pour prendre une telle décision et se mettre à dos toute la classe politique représentée au sein d’un parlement kidnappé à coup d’arrangements, il faut le dire, assez peu démocratique?
Cette interrogation n’attend peut-être même pas de réponse si l’on sait que quelques mois auparavant il a failli, sans consulter même sa majorité, a déclaré la guerre aux canaques (Nouvelle Calédonie) et une autre contre la Russie.
D’ailleurs en réussissant à mettre le pays de la diplomatie qu’est la France comme première cible de l’armée russe en réponse au franchissement du seuil de belligérance dans le conflit avec l’Ukraine, de vives inquiétudes ont été exprimées par certains chefs de l’armée française. Ces derniers ont eu la sagesse toute martiale de rappeler que des paroles enflammées peuvent parfois mener à des conséquences plus sérieuses qu’il ne l’imagine.
Et que dire de sa tentative précipitée de former une coalition contre La résistance palestinienne? Là encore, des chefs de missions diplomatiques ont pris le temps de contester cette initiative, menaçant de démission collective.
Dans un monde où la diplomatie est souvent un art délicat, Macron semble avoir opté pour la méthode « à l’arrache », espérant obstinément, que le simple effet d’annonce suffira à rassembler les troupes.
Pour couronner le tout, n’oublions pas la fameuse « stratégie africaine » de Macron, qui a été saluée comme une révolution, mais qui, en réalité, ressemblait davantage à une série de promesses creuses. Les visites éclair en Afrique, ponctuées de discours inspirants, n’ont pas réussi à masquer le fait que la France peine à redéfinir ses relations avec ses anciennes colonies, tout en continuant à vendre des armes à des régimes peu recommandables.
En somme, la France, autrefois perçue comme une puissance d’influence et de médiation, semble aujourd’hui s’enliser dans des choix qui compromettent sa stature sur la scène internationale. Les critiques, tant sur le plan national qu’international, se multiplient, laissant penser que la diplomatie française est devenue un spectacle où l’improvisation compense assez mal l’absence de script.