«Ces révélations ne laissent plus de doutes, je vous demande la réouverture de ce dossier vu ces fracassantes nouvelles», lance Nacer Boudiaf, fils de l’ex-Président algérien Mohamed Boudiaf assassiné en 1992, dans une lettre ouverte adressée à Abdelmadjid Tebboune après le témoignage de la directrice du journal El Fadjr. il a pointé également, «la curieuse» déclaration de l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, au journal El Watan
Mohamed Boudiaf, Président de l’Algérie à partir de 1991, a été assassiné le 29 juin 1992 alors qu’il était en visite de travail à Annaba, dans l’est du pays. L’enquête officielle avait à l’époque désigné Lambarek Boumaârafi, sous-lieutenant du Groupe d’intervention spécial (GIS) de l’armée algérienne, comme l’assassin, soulignant qu’il avait agi en solitaire. Une thèse qui n’a pas convaincu grand monde en dépit de la supposée lettre trouvée dans sa poche et écrite de sa propre main dans laquelle il explique les motivations de son acte. En 2014, Me Bachir Mechri, avocat du sous-lieutenant Boumaârafi, fait des révélations qui remettent sérieusement en cause les conclusions de l’enquête officielle. Ces dernières semaines, un autre témoignage est apparu, celui de l’actuelle directrice du journal arabophone El Fadjr, Hadda Hazem. Elle a déclaré que des patrons de presse «étaient au courant de l’assassinat du Président quelques heures avant le drame».
Ainsi, le fils du Président défunt, Nacer Boudiaf, appelle le chef de l’État Abdelmadjid Tebboune dans une lettre ouverte à rouvrir, à la lumière de ce dernier témoignage, l’enquête de l’assassinat de son père, Tayeb El Watani (Tayeb Le Patriote) de son nom de guerre, le père la Révolution algérienne. Le document a été publié mercredi 5 août par le quotidien Le Soir d’Algérie.
«Ces révélations ne laissent plus de doutes»
Dans sa lettre au Président algérien, qui a été ministre délégué chargé des Collectivités locales sous Mohamed Boudiaf, Nacer Boudiaf rappelle que Mme Hazem a dernièrement affirmé «que des responsables des médias étaient au courant de l’assassinat du Président quelques heures avant le drame. Hadda Hazem travaillait à l’époque au journal El Massa».
De plus, le fils du défunt ajoute que l’ex-chef du bureau du Soir d’Algérie, Omar Touati, a récemment publié «J’accuse», livre «où il remet en cause la version officielle, que ce n’est pas Boumaârafi qui a tué [le Président, ndlr] Boudiaf».
Enfin, le fils de Tayeb El Watani pointe «la curieuse» déclaration de l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Bernard Bajolet, au journal El Watan: «Nous regrettons de ne pas avoir donné de chance à Boudiaf».
«Ces révélations ne laissent plus de doutes, je vous demande la réouverture de ce dossier, vu ces fracassantes nouvelles», écrit Nacer Boudiaf qui souligne qu’«un refus sera considéré comme une injustice envers notre famille et envers tous les Algériens».
Le fils du Président assassiné a par la suite informé que sa lettre adressée au ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati était restée sans réponse. «Ne serait-ce que par politesse». Et d’ajouter que «seule la réouverture du procès de son assassinat exprimera les réelles intentions du pouvoir en matière de justice, et prouvera au monde extérieur que nous n’avons pas besoin d’une justice venue d’ailleurs pour mettre fin à l’impunité du lâche assassinat de Mohamed Boudiaf».
Les révélations de Me Bachir Mechri
En octobre 2014, dans une déclaration au quotidien arabophone El-Khabar, l’avocat de Lambarek Boumaârafi, le Lee Harvey Oswald (assassin de Kennedy) algérien, rapporte que son client lui a confié qu’il ne visait pas spécialement le Président Boudiaf.