Par Ahmed Zakaria
Le chef de l’Etat et l’équipe gouvernementale font face à une coriace équation : comment relancer l’économie algérienne, tout en gardant le caractère sociale de l’Etat et tout en réduisant la dépendance à la rente pétrolière, alors que l’économie mondiale vacille sous le poids d’un virus et un marché pétrolier plus que jamais, versatile
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, présidera ce dimanche une réunion du Conseil des ministres consacrée au Plan national de relance socioéconomique, a indiqué samedi un communiqué de la présidence de la République. Le conseil des ministres « examinera plusieurs exposés ministériels en lien direct avec le Plan national de relance socioéconomique », précise la même source.
Le chantier semble colossal et intervient au moment où la pandémie du Corona Virus ne fait qu’aggraver les choses en battant jour après jours les records en nombre de cas avérés de personnes contaminées, voilà plus d’une semaine.
Le marché pétrolier n’est à son tour pas du côté du gouvernement. Il demeure indécis et dépendant encore des caprices de la géopolitiques mondiale. Comment le Président Tebboune pourra-t-il tenir ses engagements de développer les autres en dehors de l’énergie faucille ?
Rappelons les pressions financières après la baisse des revenus des ressources énergétiques, le gouvernement a déclaré mardi dernier, qu’il allait lancer un nouveau plan économique pour réduire la dépendance au pétrole et au gaz donnant un rôle plus important aux opérateurs privés. Il est question également de se tourner vers les énergies renouvelable et surtout les métaux rares. Certains sceptiques voient en cela un simple changement de source de rente. Ce n’est pas tout à fait faux si la production nationale dans tous les secteurs, n’est pas énergiquement boostée.
Une autre baisse des revenus pétroliers et gaziers lors de la pandémie émergente du virus Corona a déjà contraint le gouvernement à réduire les dépenses publiques et à reporter certains projets d’investissement prévus dans des secteurs tels que le secteur de l’énergie. Cela devrait être accompagné, comme premier pas urgent par l’entame de des ressources exploitables dans l’immédiat.
A cet effet, il a été ordonné le lancement de l’exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet dans la wilaya de Tindouf et du gisement de Zinc de Oued Amizour dans la wilaya de Béjaia. L’autre point important du Conseil des Ministres de ce dimanche et la validation de la feuille de route relative à la généralisation de la numérisation et la lutte contre l’évasion fiscale, le gaspillage et la surfacturation. « Si on tien le coup c’est aussi parce qu’il y a moins de détournements qu’à l’époque du clan mafieux. Il faut continuer le renforcement des moyens de maitrise et de contrôle » avait rétorqué Tebboune à l’occasion de l’une de ses rencontres périodique avec la presse.
Le ministre de l’industrie devrait à son tour, présenter les cahiers des charges notamment, celui relatif à optimisation des dérivés du pétrole et du gaz.
La nouvelle équipe gouvernementale qui s’est doté d’un ministère chargé de la prospective, a fait le pari de réviser les textes juridiques en vigueur et de les adapter en fonction de la logique économique et non des pratiques conjoncturelles . Les cadres du ministère des finances ont déjà ouvert plusieurs chantiers, pour mettre en place des systèmes de gestion budgétaire, basés sur la transparence et la rationalisation des opérations financières et comptables.
Ces systèmes sont sensés redynamiser la gouvernance nationale et locale et fluidifier le passage vers la décentralisation. Les élus locaux et la société civile (entrepreneurs publics, privés, banques, universités, centre de recherche, associations) pourront s’impliquer dans un climat lisible et numérisé beaucoup moins rigide.
Il s’agit d’autre part, de résoudre la problématique d’ajustement des ressources financières en distinguant la partie dinars et la partie devise. Il est question également, de définir des plannings datés pour éviter les réévaluations permanentes, des projets non maturés afin de lutter contre les surcoûts, en dressant une balance devises afin d’éviter l’épuisement des réserves de change horizon 2022.
Depuis des années des voix s’élèvent parmi les universitaires, affirmant que toute tentative de changement pourrait échouer, si les ressources humaines et l’intelligence économique ne sont pas mises au centre de toute réforme.
La conjoncture actuelle en dépit de sa délicatesse est une opportunité pour remettre les choses à plat et reprendre sur de bonnes bases en associant toutes la ressource humaine, sans exclusion. Tebboune soumettra-t-il son plan aux acteurs économiques et hommes d’affaires, comme il l’avait promis lors du dernier Conseil des Ministres ?