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Algérie-UE: Un accord équilibré disait-on

Par Ahmed Halfaoui

Lorsque l’Algérie a signé l’accord d’association avec l’Union européenne, il n’était pas question de trop pousser en termes d’analyse des risques encourus. Notre presse privée avec ses spécialistes patentés, silencieux de nos jours, n’était pas en reste, en termes de pousse-au-crime.

Le temps était à la fuite en avant, dans l’intégration de notre économie dans l’économie mondiale. L’affaire était présentée comme nécessaire et s’appuyait sur le dogme en vigueur qu’il n’y a pas d’échappatoire au processus de « mondialisation », dans sa version néolibérale.

Pourtant, l’accord avait tout l’air, en dehors des professions de foi et des ingénuités d’usage, de livrer le pays au bon vouloir des commerçants de l’autre rive. Tant il était patent que l’outil national de production n’avait même pas la prétention d’espérer vendre ses produits en Europe, malgré les vœux exprimés destinés à sauver la face. Les « avantages comparatifs », eux-mêmes, étaient difficilement identifiables.

Et puis, une prise de conscience semblait avoir eu lieu, après des dizaines de milliards d’euros de perte, directement imputables à un échange inégal criant d’évidence, sans compter le préjudice subi par les produits locaux, à travers une concurrence où ils n’avaient aucune chance de s’affirmer.

Dans cette veine, il a été mis au goût du jour la « promotion d’un partenariat global, multidimensionnel et mutuellement avantageux.» Un principe qui avait déjà présidé aux pourparlers originels. Dans le chassé-croisé, depuis que l’Algérie a exprimé sa déception, la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, avait été invitée par le ministre des affaires étrangères, pour approfondir « le dialogue sur l’état et les perspectives des relations entre l’Algérie et l’UE ».

Il s’agissait, de consolider « la vision commune devant permettre une mise en œuvre équilibrée et adaptée de l’Accord d’association et de la coopération sectorielle en vue de les renforcer dans l’intérêt des deux parties. »

Difficile gageure, si le « partenariat » en cours n’est pas revu de fond en comble et si les « conditions » imposées ne sont pas rejetées, en vertu du simple respect de la souveraineté de chacun.

Mais il semble que non, puisque la volonté des Européens est réaffirmée de jouer aux maîtres à penser, par le biais du «soutien à la démocratisation des pays voisins», soutien « qui doit passer par un renforcement des capacités de leurs institutions nationales et de leur société civile.»

La démarche est inscrite dans ce qu’on appelle la «Politique européenne de voisinage» (PEV). Pour en avoir un aperçu, rappelons seulement que la PEV intègre dans ses objectifs la mise en place d’un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) et que le Maroc du Makhzen bénéficie du statut de partenaire clef de l’UE et de «modèle pour la région», en matière de démocratie. Deux indicateurs majeurs de la nature des rapports que veut implémenter l’UE, avec ses voisins.

 

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