Par Heeba Nawel
« Les chars et les canons ne peuvent être une solution à la crise libyenne mais plutôt par le dialogue et un retour à la table des négociations », a déclaré M. Boukadoum, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue russe, Sergueï Lavrov. Le chef de la diplomatie algérienne a réitéré, lors d’une conférence conjointe avec son Homologue russe M. Sergueï Lavrov, la volonté des deux pays à amener les belligérants dans le conflit libyen à la table de négociation.
Bokadoum a assuré qu’il était d’accord avec Lavrov sur le cessez-le-feu obligatoire et l’apaisement des tensions pour passer à un règlement politique en Libye; affirmant que cette proposition a toujours été portée par Alger. M. Lavrov a souligné pour sa part que «le cessez-le-feu ne devrait pas point final, mais doit être immédiatement suivi par un processus politique visant à restaurer la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Libye et le retour Construire l’entité de l’État libyen détruit par l’agression illégale occidentale en 2011 » (…) « Contrairement à d’autres puissances étrangères, la fédération de Russie n’a parié sur aucune partie au conflit libyen, mais qu’elle était et est toujours en contact avec toutes ces parties afin de les aider à parvenir à un règlement.
Bokadoum a souligné la position de l’Algérie, selon laquelle, il n’y a pas de solution militaire en Libye et qu’il doit y avoir des négociations auxquelles toutes les parties participent afin de trouver un règlement politique basé sur le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de la volonté de son peuple, sur la base des résultats de la Conférence de Berlin et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Boukadoum a confirmé que l’Algérie reste à la même distance de toutes les parties libyennes et s’emploie à éliminer toutes les causes pouvant conduire à une escalade militaire en Libye.
Visiblement, Boukadoum est allé chercher le pas de plus pour concrétiser l’initiative algéro-tunisienne quant au conflit libyen, qui trouve de plus en plus d’appui au sein de la communauté internationale.
D’ailleurs le chef de la diplomatie algérienne, a annoncé un accord avec son homologue russe pour la misse en place d’un mécanisme de concertation et de coordination sur la Libye, pour contribuer à trouver la solution souhaitée, « dans l’intérêt du peuple libyen et en coordination avec toutes ses composantes ».
Pour sa part, le ministre russe a mit en avant la grande importance qu’accorde son pays, «au rôle des pays voisins de la Libye dans la réalisation du règlement ». Il a souligné à ce propos, «la nécessité pour ces pays d’être associés à toute négociation sur la Libye», rappelant que « c’est Moscou qui a insisté pour inviter ces pays à participer à la conférence de Berlin où l’Algérie y a joué un rôle très important ».
En réponse à la question d’un journaliste qu’il n’y a pas, pour le moment, de feuille de route bilatérale russo-algérienne pour la Libye et que les deux pays sont déterminés à mettre en œuvre les résultats de la conférence de Berlin.
Depuis l’entrée abrupte en jeu, de la Turquie dans le guêpier libyen, les deux pays multiplient les échanges sur les dossiers brûlants qui touchent la région Moyen Orient et l’Afrique du Nord (MENA), où la Russie y est activement impliquée. Pas plus tard que la semaine dernière les deux chefs d’Etats ont eu un long échange téléphonique. Le chef de l’Etat Algérien est attendu d’ailleurs à Moscou dès la fin de la pandémie du Covid-19.
Élever les échanges à la hauteur des relations stratégiques entre les deux pays.
Même si les questions régionales, le Mali, la Syrie et la Libye ont pris la part de lion dans la couverture médiatique de cette visite la valise de M. Boukadoum contient encore d’autres dossiers : «La visite, qui fait suite aux contacts au plus haut niveau entre les deux pays, notamment le récent entretien téléphonique entre le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et son homologue russe, Vladimir Poutine, s’inscrit dans la poursuite des entretiens sur les moyens de renforcer les relations bilatérales et les perspectives d’élargissement du partenariat bilatéral en vue d’atteindre les objectifs du partenariat stratégique liant les deux pays», lit-on dans la note du ministère des affaires étrangères algérien.
La coopération entre les deux pays
Les échanges entre les deux pays, à part la coopération dans l’industrie militaire, demeurent encore en deçà des relations stratégiques qui lient les deux pays depuis des décennies. l’Algérie est le 5e client mondiale de la Russie en terme d’armement.
Novembre 2019, la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), la Chambre de commerce et d’industrie de Moscou (CCIM) et l’ambassade de Russie en Algérie ont organisé une rencontre à Alger, consacrée au renforcement de la coopération commerciale entre les deux pays. Les participants ont mis l’accent sur l’importance de lever «diverses contraintes liées notamment à la logistique et à l’octroi de visas», indique l’Algérie Presse Service (APS).
«Le renforcement de la coopération commerciale algéro-russe nécessite une coopération plus étroite entre les organismes de soutien telles que les chambres de commerce et les agences de promotion de l’exportation», estime Ivan Nalitch, diplomate à l’ambassade de Russie à Alger.
Pour M.Nalitch, «les échanges entre l’Algérie et la Russie se développent, notamment grâce à l’apport du secteur agricole algérien».
Quelques chiffres
En 2015, les échanges bilatéraux hors coopération technico-militaire étaient de 1,9 milliard de dollars, d’après les informations du Service fédéral des douanes (FTS) russe.
Fin 2019, la balance des échanges entre la Russie et l’Algérie était excédentaire dans le sens des exportations russes vers l’Algérie. Les statistiques du FTS montrent qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2018, la Russie a livré pour 2,3 milliards de dollars de marchandises à l’Algérie quand elle en a importées pour 8,2 millions de dollars.
Les principaux produits russes exportés en Algérie sont des moyens de transport et des équipements (36%), de la métallurgie (10%), des produits agricoles (6,2%) et des matières premières minérales (5%).
L’Algérie envoie principalement à la Fédération de Russie des produits agricoles, qui représentent près de 90% des exportations algériennes entre janvier et septembre 2018.