Maghreb Facts : Source/APS
Alger– Invité à répondre à certains analystes qui redoutent un recours imminent de l’Algérie au FMI (Fonds monétaire international) pour faire face à ses obligations budgétaires, le ministre a catégoriquement écarté une telle démarche.
« Notre marge de manœuvre (en matière de possibilités de financement) reste préservée. L’Algérie n’est pas sous la menace du FMI. Nous avons des réserves de change assez confortables, un endettement externe ne dépassant pas 1% du PIB et des sources alternatives qui nous permettent de continuer à assurer les dépenses de l’Etat sans aggraver le recours au financement non conventionnel« .
Dans un entretien accordé à l’Agence de presse Algérienne, le ministre des finances a également déclaré que « Le financement non conventionnel a été gelé pour l’exercice en cours (2019), mais il reste un levier important, mais non exclusif, de financement pour le Trésor jusqu’à 2022
M.Loukal a, dans ce sens, fait savoir que la décision de « suspendre temporairement » le recours à ce mode de financement, communément appelé « planche à billets », a été prise lors d’une réunion du gouvernement, tenue le 26 juin dernier.
Rendu possible grâce à un amendement de la loi sur la monnaie et le crédit, autorisant le Trésor public à s’endetter directement auprès de la Banque d’Algérie (BA), le financement non conventionnel était programmé pour une période transitoire de cinq ans (2017-2022). Cette période devait voir la concrétisation de réformes structurelles importantes.
« Le gouvernement a décidé de satisfaire les besoins de financement de l’exercice 2019 sans recourir, de nouveau, au financement non conventionnel qui restera figé à son niveau de janvier 2019, soit à 6.553,2 milliards (mds) de DA », a précisé M. Loukal.
S’agissant de la prise en charge des besoins de financement au titre de l’année en cours, le ministre a expliqué qu’elle sera assurée par des « sources alternatives », disponibles sur le marché, avec une politique budgétaire basée sur une rationalisation soutenue des importations.
M.Loukal a indiqué que sur les 6.553,2 mds DA mobilisés dans le cadre du financement non conventionnel, appelé communément « la planche à billets », environ 5.500 mds de DA ont été injectés dans l’économie.
« Il reste donc 1.000 mds de DA environ, mobilisés depuis le 18 janvier 2019, qui sont destinés à financer une partie du déficit du Trésor de l’exercice en cours », a-t-il souligné.
La crise financière sévère, induite par un déclin drastique des prix pétroliers, s’était traduite par l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR), en février 2017, et l’enregistrement de 1.400 mds de DA d’arriérés de paiement à fin 2017.
Le déficit du Trésor avait atteint 1.590,28 mds de DA à la fin 2017 (8,5% du PIB).
En dépit de cette situation financière fragile, l’année 2017 a été marquée par le retour à l’expansion budgétaire due à la relance de la réalisation de projets socio-économiques dans les secteurs de l’Education, la Santé et des Ressources en Eau.
« Cette situation s’est traduite par des tensions accrues sur la trésorerie de l’Etat faisant naître un besoin de financement conséquent, alors que le budget avait utilisé tous les instruments dont il pouvait disposer », rappelle M. Loukal pour justifier le recours au financement non conventionnel en 2017.
La poursuite de l’expansion budgétaire et la prise en charge du déficit de la Caisse Nationale des Retraites (CNR) a aggravé le déficit du Trésor en 2018, lequel a atteint 1.952,57 mds de DA (9,6% du PIB), dont 900 mds de DA ont été couverts par le recours au financement non conventionnel.
Avec les 570 mds de DA mobilisés en 2017, la couverture du déficit du Trésor par le biais de ce financement avait atteint 1.470 mds de DA à fin 2018, a relevé encore le ministre.
Par ailleurs, le Ministre a affirmé que le recours à l’endettement extérieur « ne constitue pas une priorité pour l’Algérie, mais pourrait être envisagé pour financer des projets structurants et rentables»,
Pour M. Loukal, une éventuelle mobilisation de financements extérieurs devra, en outre, « se soumettre à des dispositions particulières en termes de délais, dans le cadre de crédits assortis de conditions avantageuses et ciblées ».
Invité à répondre à certains analystes qui redoutent un recours imminent de l’Algérie au FMI (Fonds monétaire international) pour faire face à ses obligations budgétaires, le ministre a catégoriquement écarté une telle démarche.