Par | Hiba Nawel
Le rapport, publié hier jeudi, a indiqué un ralentissement attendu, de la croissance dans la région au cours de l’année 2023 et des prochaines années, sous la pression des défis d’une inflation élevée et de la montée en flèche des prix des produits alimentaires.
Le constat pour la région du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord donne des niveaux de croissance mitigés, les pays exportateurs de pétrole à l’instar des États membres du Conseil de Coopération du Golfe et del’Algérie qui ontbénéficié des rendements inattendus dus aux prix élevés du pétrole.
Or les économies importatrices du pétrole et des denrées alimentaires ont été confrontées à des pressions croissantes l’année dernière en raison de la détérioration des conditions depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022. Les Pays comme le Maroc en sont une parfaite illustration de cette situation qui risque de durer encore quelques années.
Les experts de la Banque mondiale s’attendent à ce que les économies du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (à l’exclusion du Liban, de la Syrie et du Yémen) connaissent une croissance de 3 % et 3,1 % au cours des années 2023 et 2024, respectivement, ce qui est inférieur à la croissance de 5,8 % en 2022.
Le ralentissement de la croissance est mené par les pays du CCG (Bahreïn, Koweït, Oman, Qatar, Arabie saoudite et Émirats arabes unis), tirés par la baisse attendue des prix du pétrole par rapport aux niveaux de 2022.
Le rapport prévoyait également un ralentissement de la croissance des pays en développement exportateurs de pétrole, à savoir l’Iran, l’Irak et l’Algérie, mais à des niveaux inférieurs à ceux de leurs homologues du Conseil de coopération du Golfe.
Par ailleurs, l’Égypte mène la croissance au cours de l’année 2023 et des prochaines années pour les pays en développement importateurs de pétrole, qui comprennent la Tunisie, la Jordanie, Djibouti, la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Maroc.
Risque d’insécurité alimentaire
Le taux d’inflation dans la région a considérablement augmenté en 2022, en particulier dans les pays qui ont connu une dépréciation de la monnaie, et cette hausse a été entraînée par la hausse des prix des denrées alimentaires, qui a exercé une pression sur la sécurité alimentaire dans la région.
Le rapport, qui est publié deux fois par an, a montré que le taux d’inflation des prix alimentaires a atteint 29 % sur une base annuelle dans 16 économies de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord entre mars et décembre 2022.
Il révèle également que huit pays sur 16 souffrent de l’inflation des prix alimentaires, qui affecte le plus les familles pauvres car elles consacrent la plus grande partie de leur budget à l’alimentation par rapport aux familles à revenu moyen et élevé.
« L’inflation des prix alimentaires a un impact dévastateur sur les familles pauvres », a déclaré Farid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. « Les effets à long terme de l’insécurité alimentaire se feront sentir pendant des générations et limiteront malheureusement les perspectives de de nombreux jeunes. »
Le rapport estime qu’environ une personne sur cinq vivant dans les pays en développement de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord risque de souffrir d’insécurité alimentaire cette année, et que près de huit millions d’enfants de moins de cinq ans font partie de ceux qui souffriront de la faim.
Les pays doivent prendre des mesures efficaces
Les besoins de financement prévus pour faire face à l’insécurité alimentaire aiguë se chiffrent en milliards de dollars par an, à l’instar des pays comme le Maroc enchaîne des emprunts auprès des institutions financières. Le rapport indique clairement que l’argent seul ne suffit pas pour parer à la situation.
« Le coût humain et économique de l’inaction est énorme et des politiques audacieuses sont nécessaires dans une région où les jeunes représentent plus de la moitié de la population », a déclaré Belhaj.
Il a également suggéré des outils politiques qui peuvent aider à atténuer l’insécurité alimentaire avant qu’elle ne dégénère en une crise à part entière, y compris des transferts ciblés en espèces et en nature qui peuvent être fournis immédiatement pour mettre fin à une grave insécurité alimentaire.
Le rapport conclut qu’il est essentiel à ce stade de rendre les systèmes alimentaires plus résilients et de renforcer les chaînes d’approvisionnement, en particulier face aux futurs chocs climatiques et de marché. Les auteurs du rapport estiment que le moment est venu de prendre de telles mesures visant à faire face aux répercussions à long terme de l’insécurité alimentaire avant qu’elle ne devienne incontrôlable dans les années à venir.