Le doyen de la diplomatie russe M. Sergueï Lavrov a-t-il réussi l’impensable en ramenant Ankara, Doha et Riad, les trois capitales qui ont eu un rôle décisif dans la militarisation de la crise politique en Syrie, à lever la main sur ce pays déchiré par 10 ans de guerre contre le terrorisme international. Ces deux pays du Golfe sont-ils prêts à contribuer à soutenir le retour des réfugiés syriens ou le retour de la Syrie dans la Ligue arabe? Quels seraient les réelles motivations qui ont poussé Erdogan et Ibn Tamim à accepter enfin une solution pacifique à la crise syrienne ?
Cette décision est le résultat de la réunion du 11 mars à Doha, entre les ministres des Affaires étrangères de la Russie, de la Turquie et du Qatar se sont réunis, afin de discuter de la crise syrienne. L’ordre du jour était de convenir d’un mécanisme afin mettre fin à l’état de guerre par une solution politique durable. « il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien » qui dure depuis maintenant dix ans, Ont-ils souligné.
Dans une déclaration commune, les participants ont « souligné leur engagement à préserver la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territorial » de la Syrie, et ont « exprimé leur conviction qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit syrien ». Moscou, Ankara et Doha souhaitent donc une « solution politique » à l’issu d’un processus « facilité par les Nations unies ». A cet égard, ils ont rappelé leur soutien à la réforme constitutionnelle, qu’ils souhaitent « sans ingérence étrangère ».
Les diplomates ont également souligné leur «détermination à combattre le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations», ainsi que leur opposition «aux agendas séparatistes portant atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Syrie». Le communiqué fait en outre part de la «grave préoccupation» des trois pays quant à la situation humanitaire en Syrie et à l’impact de la pandémie de Covid-19. A cet égard, ils appellent les Nations unies «à donner la priorité à la vaccination en Syrie» et demandent une augmentation de l’aide humanitaire «à tous les Syriens, dans tout le pays, sans discrimination». Moscou, Ankara et Doha ont par ailleurs souhaité «faciliter le retour sûr et volontaire [en Syrie] des réfugiés et des personnes déplacées».
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que les trois pays ne cherchaient pas à remplacer les efforts que la Russie, la Turquie et l’Iran déploient conjointement depuis 2017 pour faire cesser les combats en Syrie et discuter d’une solution politique. «Je ne peux que saluer le souhait du Qatar d’apporter sa contribution à la mise en place des conditions permettant de surmonter la situation tragique actuelle en Syrie», a-t-il commenté.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a annoncé que la Turquie accueillerait le prochain cycle de négociations. La réunion de Doha s’est tenue alors que le 15 mars marquera les dix ans du début de la guerre civile syrienne. Dans ce conflit qui a fait plus de 100 000 morts et des millions de déplacés, la Turquie et le Qatar ont soutenu les combattants qui cherchaient à renverser le président Bachar el-Assad, tandis celui-ci était allié de Moscou.
Lavrov n’en est pas à sa première percée, pas plus tard que la semaine dernière, à l’issu d’une rencontre avec Ibn Zayed à Abu Dhabi, ce dernier a également soutenu le retour de la Syrie dans les girons de la ligue arabe : « Le retour de la Syrie dans le giron arabe est essentiel et n’a rien à voir avec qui le veut ou qui ne le veut pas. C’est une question d’intérêt public et les intérêts de la Syrie et de la région » a affirmé ibn Zayed en soulignant que le seul défi majeur auquel est confrontée la coordination et l’action conjointes en Syrie est « la loi César « imposée par les Etats-Unis.