Le Comité des médecins soudanais a annoncé la mort par balles, de deux manifestants ce lundi 14 février 2022, dans la capitale, Khartoum, pour demander le départ le régime du Général Al Burhan. Le drame de cette dernière manifestation qui se dirigeait vers le parlement, porte à 81 le nombre de morts des récents.
Par | HEEBA NAWEL
Le Comité a précisé que les deux manifestants ont été la cible de tirs à balles réelles; l’un était transpercé par des balles au niveau de la poitrine et l’épaule, tandis que l’autre avait été atteint au cou.
Le comité des médecins soudanais dénonce l’usage excessif des armes létales contre les manifestants pacifistes qui revendiquent le départ des putschistes qui n’ont trouvé d’autres moyens pour répondre que la répression systématique et massive qui s’élève à l’échèle de « Crime contre l’Humanité ».
Les manifestations avaient repris, plus tôt lundi, à Khartoum et dans plusieurs autres villes du pays ; pour exiger le retour du régime civil, tandis que la police tirait des gaz lacrymogènes; Pour disperser les manifestants près du palais présidentiel dans la capitale, et devant le siège du parlement à Omdurman, à l’ouest de la capitale, des tirs à balles réelles ont retentit faisant deux morts et plusieurs blessés.
Il est à noter que le régime est pris de panique par l’organisation des « Comités de résistance » qui se sont organisés avec une stratégie qui a chamboulé les calcules des forces de l’ordre. Il s’agit d’organiser plusieurs manifestations hyper mobiles en même temps et partout dans les villes du pays, ce qui cause des difficulté au forces de l’ordre des les contenir. Aussi, le chef de le Conseil souverain, Abdel Fattah Al-Burhan, venait de nommer le général de corps d’armée Yassin Ibrahim Yassin, ministre chargé du ministère de la Défense.
Les « comités de résistance » ont été formés dans les villes et les villages après le déclenchement des manifestations le 19 décembre 2018 et ont joué le rôle le plus important dans la gestion des manifestations dans les quartiers et les villes jusqu’à la chute d’ Omar el-Béchir le 11 avril. 2019, à qui l’on reprochait de corruption et de servir les agendas de l’Organisation Mondiale des Frères Musulmans.
Il convient de noter que depuis le 25 octobre 2021, le Soudan traverse une grave crise, alors qu’Al-Burhan a déclaré l’état d’urgence, dissous le Conseil de souveraineté et les ministres de la transition, et limogé les gouverneurs, suite à l’arrestation des chefs de parti, ministres et fonctionnaires, en échange de protestations continues rejetant ces mesures, comme un « coup d’État militaire ».
Ces difficultés sont accentué par l’ampleur de plus en plus grandissante des ingérences de plusieurs forces étrangères qui ont transformé le pays presque anéanti par par les crises successives en un champs de batailles géopolitiques en plus des manœuvres du mouvement des Frères Musulman qui tente par tous les moyens pour reprendre son règne après sa chute avec El Bashir.
En revanche, Al-Burhan qui tout en accusant forces politiques d' »incitation au chaos », a rejeté ses accusations promettant d’amener à le processus de transition démocratique à son terme.
Le 21 novembre, Al-Burhan et l’ancien chef du gouvernement de la transition Abdallah Hamdok ont signé un accord politique qui prévoyait le retour de Hamdok à ses fonctions, la formation d’un gouvernent technocrate et la libération des détenus politiques, mais l’accord a été largement contesté par les manifestants, qui .
Le 2 janvier, Hamdok a démissionné de son poste, quelques heures après l’assassinat de 3 manifestants, selon le Comité des médecins soudanais.
Avant ces mesures, le Soudan vivait depuis le 21 août 2019, une période de transition qui dure sous le « document constitutionnel » pendant 53 mois, se terminant par la tenue d’élections début 2024, au cours desquelles le pouvoir est partagé par l’armée, les forces civiles, et des mouvements armés qui ont signé un accord de paix avec le gouvernement en 2020. La grogne des soudanais a pris de d’autant plus d’ampleur après le rapprochement très contesté des autorités de la transition avec l’entité sioniste.