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Procès des deux ex premiers ministres algériens: Le règne des « cleptocrates »

Par : Ahmed Zakaria

Le procès des deux chefs  de gouvernement, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal  ainsi que quatre anciens ministres et de plusieurs hommes d’affaires proches de Bouteflika, dont Ali Haddad, s’est ouvert aujourd’hui dans au tribunal de Sidi Mhamed à Alger. N’ayant pas été reporté la première séance a été marqué par des révélations époustouflantes. A eux deux seulement, les deux ex chefs de exécutifs auraient amassé près de 300 milliards. Contre vents et marrées, ils continuent à nier et à affirmer que ces fonds n’ont pas été acquis en tant que commis de l’Etat.

Alors que le procès n’a pas été reporté comme ils l’avaient demandé, des membres du Collectif de défense des anciens responsables et hommes d’affaires poursuivis pour dilapidation de deniers publics, abus de fonction et octroi d’indus avantages dans l’affaire de montage automobile, se sont retirés du procès public qui a repris mercredi après-midi au Tribunal de Sid M’hamed (Alger), dénonçant « des conditions inadaptées » au déroulement du procès.

S’exprimant lors d’un point de presse en marge de l’audience, le bâtonnier de Blida, Me Abdelaziz Medjdouba a fustigé « un climat et des conditions défavorables et une mauvaise organisation » de cette audience.

Pour sa part, l’avocat Boumehdi Kamel a estimé que le procès « s’est transformé en une audience  d’audition portant atteinte aux accusés » évoquant un procès « politique et expéditif ».  « on s’attend à de lourdes peines à l’encontre des accusés ».   a-t-il conclue.

Pour éviter la débandade qui a eu lieu lundi  causé par  la foule venue assiter au procès publique,  des écrans géants ont été installés à divers endroits du Tribunal de Sidi Mhamed, afin de permettre aux centaines de personnes qui se sont déplacés de suivre les audiences.

 

Deux chefs de gouvernement qui n’avaient « aucune emprise sur leur ministres »

L’audience de l’après-midi avait débuté par l’interrogatoire de l’ancien ministre de l’Industrie, Youcef Yousfi suivi de l’ancienne Secrétaire générale du ministère de l’Industrie, Rabiaa Kherfi, auditionnée en tant que témoin.

Le juge a interrogé en outre les anciens ministres Abdelghani Zaalane et Mahdjoub Bedda ainsi que l’accusée non détenue Yamina Zerhouni et nombre de cadres du ministère de l’Industrie.

Le procès avait débuté la matinée, par l’audition de l’ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, auquel le juge ayant posé une série de questions relatives, notamment aux raisons et motifs du choix de certains opérateurs en particulier dans l’affaire du montage de véhicules.

En réponse, l’ex chef du gouvernement  Ouyahia qui ouvert le bal Ouyhaia affirme que sa « femme n’a jamais eu d’entreprise en son nom » et que son fils ne possédait q’une PME dans le cadre de …l’Ansej. « C’est une toute petite entreprise », a-t-il assuré indiquant que quant à lui, il n’a que 15000 DA sur un compte à la CPA (Crédit populaire algérien)

 

Interloqué le juge réplique « expliquez-moi alors les mouvements de 30 milliards de centimes en trois ans et non déclarés ». Fidèle à sa capacité de répondre, Ouyahia réagit  : « Cela n’avait rien à voir avec a mon activité de commis de l’Etat, c’est pour cela que je ne les ai pas déclarés»….

Pour ce qui est des indus avantages donnés à certains concessionnaires dans le cadre de l’industrie de montage automobile, Ouyahia s’est justifié  par le fait que le décision émane du Conseil national de l’investissement qui compte 11 ministres repoussant tout emprise sur cette institution, alors qu’il était le chef du gouvernement. « Ce n’est pas une décision individuelle », a –t-il répondu.

M. Ouyahia qui a nié « avoir recouru au népotisme »  et qu’il n’a « ni volé » dans le dossier du montage de véhicules, « ni violé » la loi »:  « les avantages ont été octroyés conformément à la loi », a-t-il répliqué en rejet des charges « d’abus de fonction » qui pèsent sur lui.

Avant de répondre à l’interrogatoire du juge Ouyahaia avait demandé l’application de l’article 177 de la Constitution, stipulant « l’institution d’une haute Cour de l’Etat pour connaître des actes pouvant êtres qualifiés de haute trahison du président de la République, des crimes et délits du Premier ministre, commis dans l’exercice de leur fonction », une requête rejetée par le procureur de la République.

Pour sa part l’ex Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a fait prévaloir sa défense, laquelle s’est retirée de l’audience, arguant « l’absence des conditions nécessaires au déroulement du procès ».

Ainsi, Sellal a affirmé qu’il n’était « déjà  plus Premier ministre , quand ces dépassements graves ont été perpétrés » ajoutant que même étant premier ministre, il n’avait pas d’emprise sur son ex ministre de l’industrie Abdeslam Bouchareb.

Le Fils de Sellal tout comme le fils de Ouyahia  avait mis le doigt dans le pot de miel. Fares Sellal est actionnaire à hauteur de 23 % dans l’usine de montage de véhicules des frères Mazouz. Il s’agit d’un projet financé à 100 % par l’argent du Trésor public grâce à la couverture complice du père qui était Premier ministre à l’époque des faits. Sellal et Ouyahia n’ont pas cessé de se jeter la balle en affirmant, chacun en ce qui le concerne, que c’est lors du passage de l’autre à la tête du gouvernement que les méfaits gravissimes se sont déroulés.

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