Par | Rasheed Ghezali
Dans un discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre malien a notamment soutenu qu’après plusieurs années de déploiement des forces de la MINUSMA sur le terrain, la situation sécuritaire, qui concernait jadis le Nord du pays, s’est progressivement dégradée dans les autres régions du Mali.
Le chef de la diplomatie malienne a fait cette déclaration alors que s’ouvraient les négociations des membres du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA : « Le réalisme impose le constat de l’échec de la Minusma dont le mandat ne répond pas au défi sécuritaire », a déclaré M. Diop devant les membres du Conseil de sécurité qui doivent se prononcer le 29 juin sur un renouvellement du mandat de la mission de maintien de la paix qui expire le 30 du même mois.
« La Minusma semble devenir partie du problème en alimentant les tensions communautaires exacerbées par des allégations d’une extrême gravité et qui sont fortement préjudiciables à la paix, à la réconciliation et à la cohésion nationale du Mali », a-t-il estimé.
Et d’ajouter dans ce sens: « Cette situation engendre un sentiment de méfiance des populations à l’égard de la Minusma et une crise de confiance entre les autorités maliennes et la Minusma ».
Les propositions du Secrétaire générale de l’Onu, n’ont pas satisfait les représentants de l’Etat Malien.
En effet, Antonio Guterres, a récemment recommandé une reconfiguration de la MINUSMA à travers une rationalisation de ses tâches autour d’un ensemble limité de priorités visant à améliorer son efficacité.
‘’Je regrette de réaffirmer aujourd’hui que les options proposées par le Secrétaire général dans son rapport sur l’examen interne de la MINUSMA ne répondent pas aux préoccupations et aux attentes maintes fois exprimées par le gouvernement et les populations du Mali’’, a réagi le ministre malien des Affaires étrangères qui a réitéré sa récusation de la France, en tant que porte-plume.
En fin d’octobre 2022, lors d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, a pour la seconde fois, accusé la France de violer son espace aérien et de livrer des armes à des islamistes. Des accusations catégoriquement rejetées par Paris.
Quelques mois plus tard, en mars 2023, le gouvernement malien a annoncé sa décision de retirer le statut de la France en tant que porte-plume des résolutions concernant le Mali au Conseil de sécurité.
Le rôle de porte-plume fait référence au membre du Conseil qui dirige la négociation et la rédaction de résolutions sur un point particulier de l’ordre du jour du Conseil. Depuis 2012, alors que le pays confronté à une crise interne sous la menace des djihadistes, la France est chargée de ce rôle lorsque la situation malienne est à l’ordre du jour. Un rôle difficile à tenir si Paris est accusé par Bamako de faire partie du problème sur le terrain.