A quoi ressembleront les batailles de ministères Algériens de souveraineté? en tout cas la nouvelle équipe gouvernementale annoncé ce mercredi, n’est pas passée inaperçue par sa composante. Des départs, des reconductions et des arrivées, qui en disent long sur les missions qui l’attendent .
PAR : F. SADRATI ET A.ZAKARIA
Les deux faits qui ont brillé par leur effet surprise, restent le départ des deux très populaires ministres respectivement Sabri Boukadoum chef de la diplomatie et celui de la justice. Belkacem Zeghmati. Le département des affaires étrangères a connu le retour du doyen de la diplomatie algérienne Ramatane Amamra, alors que le ministre de la justice, très apprécié par sa méthode de gérer les lourds dossiers de la mafia politico-financière de l’ancien régime, continue d’enflammer les réseaux sociaux par les interrogations quant aux futures missions qui pourraient lui être confiées. Ce Ministère a été confié à un autre enfant de l’autorité judicaire, l’ancien premier président de la Cour suprême, Abderrachid Tebbi.
Mais le fait qui a le plus retenu l’attention est que le secteur des finances continuera à être sous la responsabilité le Premier ministre, lui-même. Avant d’être nommé à la tête de l’équipe gouvernementale, Aymen Benabderahmane tenait d’une main de fer la mission d’argentier du pays durant la période du Covid 19. En dépit de l’impact de l’épidémie sur l’économie national, le gouvernement sortant avec le département des finances comme l’incontournable acteur, a pu épargner au pays, le vicieux piège de l’endettement.
Devant mené une mission pardessus tout économique, le Premier ministre est bien aux faits de la situation économique et financière de l’Algérie de par son parcours professionnel. M. Benabdelrahman, a débuté sa carrière au Ministère des Finances en 1991, où il a occupé successivement le poste d’Inspecteur Financier au niveau de l’Inspection Générale des Finances (1991-2000), puis d’Inspecteur Général des Finances et Directeur des Finances. De décembre 2001 à mars 2010, M. Benabdelrahman a occupé le poste de Directeur Adjoint de la Supervision au niveau de l’Inspection Générale des Finances avant d’être nommé à la tête du département de supervision de la Banque d’Algérie. (2010 à 2019) puis en tant que gouverneur de cette institution entre novembre 2019 et juin 2020.
L’issu des élections legislative mettent le chef du gouvernement à l’abri des clivages partisans et lui confère une large marge pour mener le plan de relance tracé par le chef de l’Etat. Toutefois, la mère des batailles qui s’abattent sur le Premier ministre et son état-major sera tout de même, celle de faire sortir l’économie du pays d’un état de stagnation à un état de reprise et de stabilité, puis résoudre l’équation du décollage économique. Cette reprise demande de profondes réformes aux niveaux législatif et exécutif, ce qui constituerait une base de développement solide qui à son tour soulève des défis sour lesquels reposerait sa réussite ou son échec. La numérisation l’élimination de la bureaucratie, la modernisation de la gestion économique du pays, ainsi que la modernisation du système financier et bancaire. Ces secteurs ne se limiteront pas à seul question des moyens mais surtout à la formation et la création d’un environnement sociaux technique capable d’affronter une concurrence féroce et sans merci.
Par ailleurs, la pandémie du Covid 19 n’a pas été un mal absolu pour le pays, ont estimé certains observateurs: en plus de son influence positive sur la consolidation du front intérieur, beaucoup de secteurs plus particulièrement l’agriculture, a connu une croissance incroyable qui nécessiterait un accompagnement rigoureux capable à même de réorganiser et consolider l’indépendance alimentaire par le développement des filières de transformation, distribution et de l’exportation vers les marchés mondiaux.
Un environnement géopolitique hostile qui exige une finesse et une détermination belliqueuse
Rares sont les observateurs qui ont prédit le départ de l’ancien ministre des affaire étrangères Sabri Boukadoum qui a accompli un parcours remarquable à la tête de de la diplomatie algérienne. Son passage lui a conféré une grande popularité chez les algériens.
Des rumeurs non confirmées par les officiels laissent entendre qu’il représenterait l’Algérie auprès des Nation Unis. Boukadoum cède donc sa place au prestigieux diplomate Ramatane Lamamra qui dans un contexte géopolitique régional et international de plus en plus hostile ouvrira par son expérience et son répertoire des horizons encore plus larges pour la diplomatie algérienne en plein redéploiement.
Avec une Algérie entourée par un voisinage entraîné dans des conflits armés, Lamamra accompagnera par la voie diplomatique les mises en garde du chef de l’Etat ministre de la défense et de l’institution militaire qui, à travers leurs dernières sorties, ont fermement tracé les lignes rouges d’une Algérie comme qui ne compte pas marchander sur son rang de puissance régionale incontournable pour la résolution des conflits dans la région. Les dirigeants du pays semblent déterminée à riposter par les manières « des plus féroces et décisives », une fois par malheur, ces ligne seront franchies.
Ramatane Lamamra et connu à l’international pour être un redoutable et fin négociateur. Depuis les années 80, Il a joué des rôles importants dans la résolution de plusieurs conflits armés en Afrique et dans le monde. D’ailleurs, à un moment ce parcours atypique, n’a pas été du goût des puissances coloniales et leurs tirailleurs actifs dans le bourbier libyen, quand ces derniers avaient pesé de tout leur poids pour empêcher sa candidature au poste d’envoyé spécial des Nations Unies en Libye, à la place du diplomate libanais Ghassan Salaméh.
Depuis, Lamamra a occupé plusieurs postes dans différents organismes continentaux et internationaux. Le dernier était celui de représentant de l’Union Africaine pour « faire taire les armes ». Il est également membre du Conseil consultatif de haut niveau du Secrétaire général des Nations unies sur les médiations et depuis près d’une année, il a intégré le conseil d’administration du prestigieux think tank suédois, spécialisé dans les questions d’armement, Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).
Dès sa nomination Lamamra a affiché les grande lignes de la politique étrangère de l’Algérie, en mettant en avant la portée de l’action proactive dans la politique étrangère, et les priorités de la diplomatie algérienne chargée d’oeuvrer dans le sens de l’unification des rangs dans la région, du maintien et du renforcement de son rôle pionnier sur le continent africain.
« Nous assistons à une instabilité et à des changements imprévisibles aux niveaux régional et international, d’où l’importance de l’action proactive qui nous érigerait en acteurs influents sur la scène internationale et nous permettrait d’apporter notre contribution, comme par le passé, à l’instar des pays dont l’influence sur le cours des évènements les plus importants dans l’histoire de la communauté internationale dépasse de loin leur poids économique ou leur dimension géographique », a déclaré M. Lamamra à l’issue de son installation dans ses nouvelles fonctions à la tête de la diplomatie algérienne.
Sur le plan africain, M. Lamamra a tenu à préciser que « l’Algérie joue un rôle pionnier », ajoutant que de nombreux peuples africains attendent de l’Algérie « de faire plus ».
« L’espace africain est partie intégrante de l’identité, du destin et de l’avenir de l’Algérie, notamment à la lumière de l’intégration économique africaine et de la diplomatie économique qui place les opérateurs économiques publics et privés algériens devant le défi de se déployer au sein du continent africain, et d’établir des relations fortes alliant solidarité et fraternité, tout en veillant à la sécurité de l’Algérie et des régions où elle détient des intérêts »