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Macron et Le Pen au 2e tour des présidentielles | l’insondable quiétude de la répétition

Sans surprise, les résultats du premier tour des élections présidentielles en France ont abouti une fois encore à une autre confrontation au deuxième tour entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Les supports du président-candidat, entaché par le scandale McKinsey, se préparent déjà pour un second mandat. Comptent-ils encore sur la quiétude de la répétition avec des électeurs français qui font face au même choix électoral du second tour, depuis maintenant des décennies. Barrer la route à l’extrême droite ? La stratégie de l’extrême droite d’amener centre droit et socialistes à prêcher sur ses sujets de prédilection, Islam, immigration et identité nationale, semble avoir porté ses fruits. Mais jusqu’à quel point?
MF

Par | Ahmed. Zakarya


Encore une fois l’abstention a été le grand électeur de ce scrutin. Après des mois d’une campagne atypique qui a peu mobilisé, l’abstention a été plus élevée qu’il y a cinq ans, entre 26 et 29%, selon les instituts de sondage.
 

Selon les estimations des résultats fournies par l’IFOP – Institut français d’opinion publique – ce dimanche soir, Emmanuel Macron aurait recueilli environ 28% des voix contre 24% pour Marine Le Pen, confirmant ainsi progression de cette dernière par rapport à 2017. Le chef du parti la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a obtenu 21 % des suffrages, laissant très loin derrière lui les autres candidats, notamment celles du LR, Nathalie Pécresse et la socialiste Anne Hidalgo, enfouies plusieurs points sous la barre des 10%. Le phénomène médiatique qu’est Eric Zemmour, a finalement plus servi le président sortant que les idées qu’il dispute avec la candidate de l’extrême droite.

  • Emmanuel Macron : 28,6 %
  • Marine Le Pen : 23,9 %
  • Jean-Luc Mélenchon : 21,2 %
  • Éric Zemmour : 7,2 %
  • Yannick Jadot : 4,8 %
  • Valérie Pécresse : 4,8%
  • Jean Lassalle : 3,1 %
  • Fabien Roussel : 2,4%
  • Anne Hidalgo : 1,7 %
  • Nicolas Dupont-Aignan : 1,9 %
  • Philippe Poutou : 0,7 %
  • Nathalie Arthaud : 0,6 %

Malgré son score élevé, proche de celui de 2017 (autour de 20%), Jean-Luc Mélenchon, n’a finalement pas réussi son défi de capitaliser sur l’argument du vote utile face au RN pour se hisser au second tour. Pour sa troisième campagne présidentielle, le chef de file des Insoumis a toutefois réussi à prendre le leadership à gauche de ce qui reste de la gauche, après la droitisation des socialistes.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette campagne électorale n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme dans le pays. Les moments le plus marquants, peut-être, ont été les rassemblements du chef de fil de « La France insoumise » Jean-Luc Mélenchon, le coup de théâtre de Jean Lassalle sur la chaîne BFMTV, propriété du Milliardaire Patrick Drahi et soutien du président sortant, où il a traité la France de « dictature molle » dénonçant l’emprise des empires médiatico-financièrs sur la politique en France, ou encore le scandale du cabinet d’étude McKinsey qui a plus au moins tronqué la campagne de Macron.

Accusé de fuir le débat, le président sortant a repoussé l’annonce de sa candidature et n’a organisé qu’un seul rassemblement. Il a profité de la crise ukrainienne pour combler le vide laissé sur la scène électorale en endossant son rôle de président de l’Europe qui multiplie les appels téléphoniques avec le Vladimir Poutine, largement présent dans les débats télévisés.

Macron contre Le Pen, « européisme » contre « nationalisme ». Le deuxième tour sonne chez certains comme un retour aux élections de 2017.

Malgré les sondages qui donnent Macron comme vainqueur au deuxième tour prévu le 24 Avril prochain, et bien qu’aucun sondage ne voit Le Pen comme vainqueur, il est clair qu’un si petit écart représente tout de même le symptôme d’un électorat éparpillé et dérouté par les deux seuls sujets qui monopolisent le débat public en France : l’Islam et la Russie qui a remplacé le Covid-19.

Depuis des années ce genre de débats qui sur-existent sur les plateaux télé ont servi de voile qui rend difficile la visibilité sur des dossiers important tel l’évasion fiscale, le déclin diplomatique et économique, le déficit de la balance commerciale ainsi que la détérioration du pouvoir d’achat.

L’arrivée de Macron au deuxième tour n’était pas une surprise. Mais la confrontation au deuxième tour avec Le Pen n’est manifestement pas si facile à gagner. Cette dernière, en plus du réservoir électoral qu’elle hérite des électeurs d’Eric Zemmour ou Nicolas Dupont-Aignan et même des suffrages de certains électeurs de gauche dont le rejet de Marcon l’emporte sur toute autre considération, risque de mener Le Pen à l’Elysée.

Cette hypothèse est appuyée par la carte de l’offre politique façonnée par le premier tour qui donne trois nouveaux pôles radicalement opposés qui occuperont désormais la scène politique française et qui représentent les trois quarts de l’électorat. Le pôle de La droite néolibérale, la gauche radicale et celui de l’extrême droite. La débâcle électorale qu’ont connue les Républicains et les socialistes, ne leur permet même pas de faire la nuance. Après des décennies de domination totale. les deux réunis n’ont pu récolté que 6% de voix.

Sous la présidence de Sarkozy 2007-2012 puis François Hollande, 2012-2017, ces deux partis et pour faire face à leur échec face à la crise économique, la question de réfugiés et de l’immigration ainsi que le démembrement systématique du tissu industriel, n’ont trouvé d’autre échappatoire que de pêcher dans les eaux de l’extrême droite en jouant sur le sentiment nationaliste, confortant consciemment ou inconsciemment le parti de Marine Le Pen dans ses thèses.

La surenchère attisée par les médias de grande audience a pris des ampleurs phénoménales avec l’entrée en scène d’Eric Zemmour. Quelques mois avant la guerre en Ukraine et les présidentielles, quartes sujets dominaient le débat public: l’Islam, le voile, les gilets jaunes et les non vaccinés.

Depuis l’arrivée de Sarkozy à la tête de l’Etat en 2007, les partis politiques ne semblent pas jouer un grand rôle face aux citoyens réticents, partagés entre l’attachement à la souveraineté et les européistes. Le retour de la France sous le commandement de l’OTAN et son implication dans ses guerres en Libye et en Syrie et d’autres régions a aggravé ce sentiment de perte de souveraineté, déjà nourrit par les réfractaires au diktat du « gouvernement central » qu’est la Commission européenne.

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