La justice passe à la vitesse supérieure
Par Ahmed Zakaria
Chakib Khelil, ex-PDG de Sonatrach, ex-ministre de l’Energie sera de nouveau poursuivi en justice. La Cour suprême vient de transmettre son dossier aux juges pour des affaires relatives à « des infractions à la législation sur le change et les transferts de capitaux » et sur « deux transactions conclues de façon illégale avec des sociétés étrangères », selon un communiqué émanant de la Cour suprême, dont Maghreb Facts, détient une copie.
Pour rappel, Chakib Khelil a été cité notamment, dans le cadre du procès intenté par le tribunal de Milan contre des responsables de la société italienne Saipem pour des rétro-commissions, versées pour la conclusion de contrats pour une valeur de 9 milliards de dollars entre Sonatrach et Saipem. Le tribunal de Sidi M’hamed à Alger avait alors entamé des procédures, du temps de Mohamed du ministre de la Justice Mohamed Charfi. La procédure judiciaire a été vite abandonnée et le ministre limogé.
Une deuxième figure du régime de Bouteflika, en l’occurrence Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics se voit lui aussi sous l’effet de poursuites judiciaires dans le dossier concernant Chakib Khelil. L’on se souvient qu’Amar Ghoul a défrayé la chronique dans le cadre du dossier de l’autoroute Est-Ouest sans que la justice ne retienne de charges contre lui lors du procès en 2105.
Le bal des figures emblématique du système bouteflikien convoqués par la justice risque de s’élargir de jour en jour. En effet, des sources proches de la justice, indiquent que le milliardaire Tahkout risque de paraître devant le juge dans les heures ou les jours qui viennent. Mahieddine Tahkout, homme d’affaires et patron de l’ usine de montage de voitures Hyundai, est frappé par l’interdiction de sortie du territoire et son avion privé, mis sous scellé, depuis le 31 mars 2019, précisent nos sources.
En outre, des procédures de levée d’immunité parlementaire seraient en cours et elles toucheraient un nombre important de députés gravitant autour du clan de l’ancien président.
La machine judiciaire semble passer à un rythme de croisière depuis plus de deux semaines dans le cadre de la lutte contre la corruption. Il ne se passe pas un jour où des piliers du système corrompu, susceptibles de s’organiser pour alimenter une contre révolution, ne prennent des coups douloureux. L’étau serait en train de se resserrer aussi, petit à petit contre les frères de l’ancien président Said et Abdelghani Bouteflika dont les manifestants ne cessent de réclamer leur déferrement devant la justice. Il n’est pas exclu, selon de nombreuses sources, qu’ils le soient dans les jours à venir pour répondre de leurs méfaits.