Synthèse/ Rachid Ghezali
BRUXELLES – Le Haut Représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité, M. Josep Borrell a réaffirmé que l’UE « considérait le Sahara occidental comme un territoire non autonome, dont le statut final sera déterminé par le résultat du processus de l’ONU en cours ».
Dans une nouvelle réponse écrite à la question que lui a adressée l’eurodéputée polonaise, Mme Janina Ochojska, M. Borrell a déclaré récemment que « la position de l’UE concernant le Sahara occidental (occupé par le Maroc depuis 1975) est pleinement alignée sur les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU ».
[blockquote align= »none » author= »Josep Borell »] »l’UE considère le Sahara occidental comme un territoire non autonome, dont le statut final sera déterminé par le résultat du processus de l’ONU en cours », tout en réaffirmant le soutien de l’UE au processus des Nations unies.[/blockquote]
Outre cette réponse, la position de principe de l’UE quant au conflit sahraoui a été, récemment, exprimée, à maintes reprises (les 3, 7 et 13 juillet 2020), dans des réponses écrites aux questions parlementaires adressées par des députés européens, tous groupes politiques confondus, au chef de la diplomatie européenne l’interpellant sur l’occupation du Sahara occidental et l’exploitation illégale de ses ressources naturelles ainsi que les violations récurrentes des droits de l’Homme et la torture pratiquée à grande échelle à l’encontre des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines.
Pour rappel, Mme Ochojska, du Parti Populaire européen, première force politique au Parlement européen, a, dans sa question datée du 6 mai dernier, critiqué la politique de la Commission européenne vis-à-vis du conflit au Sahara occidental.
Mme Ochojska a rappelé, dans ladite question, qu’ » une partie importante du Sahara occidental est occupée et exploitée par le Maroc en violation du droit international depuis près de 45 ans « , ajoutant que cela se fait » au mépris des intérêts de la population locale, dont les droits fondamentaux ont été violés à plusieurs reprises « .
[blockquote align= »none » author= »Mme Janina Ochojska Parti populaire européen »]A travers de nombreuses résolutions, l’ONU a insisté sur la nécessité de l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et rappelé le verdict de la Cour de Justice de l’UE (CJUE) du 21 décembre 2016, consacrant l’inapplicabilité des accords UE-Maroc au Sahara occidental, en raison de son statut « distinct et séparé » du Royaume du Maroc.[/blockquote]
La politique actuelle de la Commission européenne a été ainsi pointée du doigt par l’eurodéputée polonaise, qui a déploré l’autorisation par cette dernière de l’application des accords UE-Maroc au territoire sahraoui, et ce, malgré la clarté de la décision de justice européenne qui ne souffre d’aucun amalgame à ce sujet.
Elle s’est, dans le même contexte, interrogée sur les moyens de contrôle dont dispose l’exécutif européen pour s’assurer que « les accords UE-Maroc existants, dans la mesure où ils couvrent le Sahara occidental, sont mis en œuvre dans l’intérêt du peuple sahraoui ».
L’eurodéputée s’est enfin interrogée sur les mesures prises par la Commission européenne dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 dans » la partie occupée du Sahara occidental », tout en demandant la mobilisation des moyens nécessaires pour garantir que l’aide de l’UE parvienne effectivement au peuple sahraoui.
Les ressources pillées du Sahara Occidental
Les richesses considérables du Sahara Occidental « n’ont pas fini d’aiguiser les appétits » de l’Europe qui ne joue pas complètement la carte de la transparence et du droit international, a affirmé l’économiste belge, Xavier Dupret, relevant que l’action du Front Polisario met de plus en plus à mal l’unilatéralisme franco-marocain dans la région.
Xavier Dupret, économiste auprès de la FONDAtion Jacquemotte à Charleroi et militant syndical, a expliqué, dans une analyse intitulée: « Le point sur la spoliation économique du Sahara Occidental » reprise mercredi par plusieurs médias, qu' »il subsiste en Afrique un territoire considéré par les Nations Unies comme non-autonome, c’est-à-dire dont les populations ne s’administrent pas encore complètement elles-mêmes ». « Il s’agit du Sahara occidental, la dernière colonie d’Afrique », a-t-il soutenu.
Dans sa contribution, M. Dupert, a relevé que le Sahara Occidental « n’est pas, loin s’en faut, un désert économique ». Il a indiqué que les exportations de phosphate sahraouis des dernières années ont généré pour le Maroc un revenu annuel d’environ 200 millions de dollars US en moyenne, provenant d’une mine qui ne lui appartient pas.
« Le phosphate constitue une ressource stratégique pour les économies contemporaines. Sans le phosphate, pour lequel il n’existe aucun produit de substitution, il est impossible de fabriquer les engrais indispensables à ’agriculture moderne », a-t-il souligné. De ce point de vue, ajoute-il, « le Sahara Occidental constitue une terre d’avenir ».
L’Institut d’études géologiques des Etats-Unis, un organisme public chargé notamment d’une mission de veille des ressources géologiques stratégiques, a évalué, en janvier 2020, les réserves commercialement exploitables de phosphate dans le monde. Il apparaît que ces dernières sont de 69 milliards de tonnes et que plus de 72% de ces dernières (50 milliards de tonnes) se trouvent sur le territoire marocain, en ce compris le Sahara Occidental annexé illégalement. En 1975, les réserves propres de phosphate du Sahara Occidental étaient estimées à 10 milliards de tonnes.
[blockquote align= »none » author= »Xavier Dupret, économiste, Fondation Jacquemotte »] »Depuis, l’opacité la plus complète règne en ce qui concerne la répartition exacte des réserves de phosphate entre le Maroc et la partie du Sahara occidental occupée en violation du droit international », a-t-il souligné.[/blockquote]
« Les richesses du Sahara Occidental n’ont donc pas fini d’aiguiser les appétits. Mais la stratégie d’action judiciaire du Front Polisario met de plus en plus à mal l’unilatéralisme franco-marocain dans la région », a affirmé M. Dupert.