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L’Europe ne pêchera plus dans les eaux troubles du Sahara Occidentale

En juillet prochain, « les navires de l’UE quitteront les eaux sahraouies et l’occupant marocain sera privé des fonds européens qui lui ont permis de coloniser le territoire, préfigurant ce qui pourrait advenir si la CJUE confirme les arrêts du Tribunal européen de justice ». Cet arrêt mettra fin à la participation de l’UE à la coloisation de ces territoires considérés comme non autonome par les Nations unies, une colonie en attente du processus d’autodétermination

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De Paris | Ilyess Marcisc


BRUXELLES – La Commission européenne a exclu une éventuelle extension de l’accord de pêche entre le régime de Mohamed VI et l’Union européenne (UE), étendu illégalement au Sahara occidental occupé -et qui expire en juillet 2023- avant une décision de la Cour de justice de l’UE dont le verdict est attendu en fin d’année, selon une lettre du ministre néerlandais de l’Agriculture relayée par l’Observatoire international Western Sahara Resource Watch (WSRW).

Dans cette missive datant du 28 mars 2023 et traitant de la question avec le Parlement néerlandais, le ministre se réfère à des informations de la Commission européenne qui a conclu qu’elle n’entamerait pas de négociations avec le Maroc pour une prolongation de l’accord de pêche.

En septembre 2021, le Tribunal de l’Union européenne avait statué en faveur du Front Polisario soutenant que l’accord de pêche avec le Maroc avait été conclu sans le consentement du peuple du Sahara occidental. Le Conseil de l’UE avait introduit un recours en appel le 16 décembre 2021.

« La Commission a indiqué que l’extension du protocole n’est pas une option avant que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) n’ait statué (dans l’affaire en appel), car la Cour a annulé la décision du Conseil approuvant le protocole de pêche. Une interruption temporaire des possibilités de pêche au Sahara occidental semble donc inévitable, selon la Commission », a écrit le ministre néerlandais.

Dans un entretien accordé à l’APS, l’avocat du Front Polisario, Gilles Devers, a constaté « un recul » de la Commission européenne par rapport à cette question.

« Si les effets de l’accord de pêche, annulé en 2021, ont été maintenus par le Tribunal (de l’UE) le temps du pourvoi devant la CJUE, le premier protocole à cet accord arrive à échéance en juillet prochain », a-t-il d’abord constaté.      

Or, poursuit l’avocat, « alors que plusieurs Etats européens, dont l’Espagne, ont demandé la conclusion d’un nouveau protocole, la Commission européenne a annoncé que des négociations avec le Royaume du Maroc étaient impossibles car l’arrêt du Tribunal (de l’UE) maintient l’existant dans l’attente de la décision de la Cour mais ne permet pas la conclusion de nouveaux accords ».

Selon M. Devers, « pour la première fois depuis 2016, la Commission européenne accepte donc de se plier aux décisions de justice, avec un effet immédiatement visible ».

En effet, il a fait savoir qu’en juillet prochain, « les navires de l’UE quitteront les eaux sahraouies et l’occupant marocain sera privé des fonds européens qui lui ont permis de coloniser le territoire, préfigurant ce qui pourrait advenir si la CJUE confirme les arrêts du Tribunal de l’Union européenne ».

L’arrêt de la pratique de la pêche est jusqu’à présent conforme aux décisions de la Cour de l’UE, ajoute la même source, notant qu’il s’agit de la première fois que la Commission européenne aligne ses pratiques sur la jurisprudence de l’UE relative au Sahara occidental.

Ce recul s’explique également par les scandales qui ont secoué les institutions européennes, connues par le « Marcogate ». Entre certains membres influents dans les institution européennes le pouvoir marocain, il existe une idylle de longue date. Le « Marocgate » sur lequel enquête la justice belge éclaire la politique d’influence que déploie Rabat au cœur des institutions européennes. Dans ces enceintes, beaucoup de reponsables ont cédé à la tentation marocains.

En mars dernier, le Commissaire européen aux Océans et à la Pêche, Virginijus Sinkevicius, a invité les pays de l’UE à examiner les moyens menant vers de nouvelles possibilités de pêche au sein de l’accord

Pour rappel, l’accord de pêche Maroc/UE, dont le protocole actuel expire le 17 juillet prochain, est entré en vigueur le 18 juillet 2019. Il permet à 128 navires de l’UE de pêcher illégalement dans les eaux du Sahara occidental occupé.

L’accord de pêche entre le régime marocain et l’UE vise presque exclusivement les eaux adjacentes au Sahara Occidental. Les captures effectuées dans ces eaux illégalement exploitées représentent environ 91.5% des captures totales effectuées dans le cadre de l’accord. Indique un document de la cour de justice européenne.

Dans les eaux du Sahara occidental, les pêcheurs européens capturent en moyenne 80.000 tonnes de poisson chaque année, soit plus de 90% de la production négociée dans le cadre de l’accord de pêche entre l’Union Européenne et le Maroc.

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