Par | Heeba Nawel
Les relations avec la France sont « ordinaires », et « évoluent souvent en dents de scie, au vu d’un passé douloureux de 132 ans de colonisation », a précisé le président de la République dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera, diffusée mercredi.
La période coloniale était marquée par des « faits très tragiques« , a rappelé le Président Tebboune, soulignant que le peuple algérien « est attaché à sa mémoire et à son Histoire, auxquelles il n’est pas prêt à renoncer, de par son souci de garder en mémoire, toutes les étapes par lesquelles il est passé« .
En réponse à une question sur un éventuel retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour reprendre ses fonctions, le président de la République a indiqué que ce retour « n’est pas à exclure« , compte tenu de la forte communauté algérienne établie en France et de la nécessité d' »assurer les missions consulaires » pour la prise en charge de ses préoccupations.
Malgré les messages d’apaisement exprimant les bonnes volontés de part et d’autre, notamment depuis la visite du président français, Emmanuel Macron, en août 2022 à Alger, les relations entre Paris et Alger n’arrivent pas à se stabiliser au beau fixe.
A vrai dire, les deux pays ont connu plus de périodes de froid que d’apaisement, au grand dam des deux peuples qui ne cessent de manquer les opportunités d’outre-passer les murs érigés par certains lobbys nostalgiques de « l’Algérie française », qui gangrènent encore les sérails de l’élite parisienne et qui voient leurs soutiens en Algérie, tomber un par un.
La dernière volte-face en date était le mois de février dernier, lorsqu’Alger a dénoncé « vigoureusement » une « exfiltration illégale« , à partir de la Tunisie, de l’activiste franco-algérienne, Amira Bouraoui, qui était sous le coup d’une procédure judiciaire, lui l’interdisant de quitter le territoire national algérien. Alger a rappelé son ambassadeur.
M. Tebboune s’est par ailleurs, longuement exprimé sur le micmac marocain et la crise diplomatique entre son pays et le Maroc, ainsi que les relations avec l’Espagne suite aux positions qu’il a qualifié d’ « individuelles« , du gouvernement d’Emmanuel Pedro Sanchez concernant le dossier du Sahara Occidental.
Selon lui, les relations avec le Royaume Alaouite ont « atteint un point de non-retour« . Exprimant ses « regrets » que les rapports entre les deux pays aient atteint un tel niveau de détérioration : « la position de l’Algérie n’a été qu’une réaction aux répétitives actes hostiles du Maroc« , a rappelé le chef de l’Etat.
Il a dans ce sens, souligné que la rupture des relations diplomatiques avec Rabat en août 2021 « était intervenue suite à une série d’actes hostiles du Royaume à l’égard de l’Algérie« .
Evoquant les relations algéro-espagnoles qui traversent aussi une période de forte turbulence, depuis une année, suite à la volteface à l’égard de la question du Sahara Occidental le Président a souligné que: « Nous considérons la position de l’Espagne vis-à-vis du Sahara occidental comme une position individuelle du Gouvernement Sanchez« ,ajoutant que l’Espagne « s’etait alignée dans le dossier du Sahara occidental, avec des attitudes secrètes qui ne la déchargent pas de ses responsabilités historique« .
Il a fait savoir, dans le même sens, que « les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne se poursuivent et leur majorité s’effectue par le secteur privé dans les deux pays« .
La Tunisie fait face à un Complot…
Sur la guerre en Ukraine, le Président Tebboune a indiqué que « l’Algérie est habilitée à jouer un rôle de médiation dans la crise ukrainienne, l’Algérie étant parmi les rares pays à jouir de la crédibilité nécessaire pour s’acquitter de cette mission », ajoutant que « sa visite en Russie est toujours d’actualité et aura lieu le mois de mai sur invitation du président russe« .
Pour Rappel, à l’issue de ses entretiens avec le président Tebboune qui l’a reçu en audience à El Mouradia, dimanche dernier, le Haut représentant de l’Union européenne Josep Borrell a sollicité, « se joindre à l’effort d’arrêter la guerre insensée en Ukraine »
Par ailleurs, Abdelmadjid Tebboune n’a encore par manqué l’occasion de cet interviews suivie par un large public du monde arabe, de « renouveler le soutien de son pays à la Tunisie« , soumise depuis des mois aux pressions internationales et aux institutions financières mondiales: « la Tunisie fait face à un complot » « quoi qu’il en soit » selon lui, « nous sommes à ses côtés ». a-t-il conclut, sans donner plus de détails.