Les grandes puissances ont entamé mardi le neuvième cycle de négociations nucléaires avec l’Iran, ainsi que des pourparlers indirects avec les États-Unis, sur la reprise de l’accord nucléaire dont Washington s’est retiré en mai 2018 suite au coup de tête de l’ancien président Donald Trump. Cette reprise des pourparlers entre Téhéran et Washington apaisera-t-elle la folie des marchés dans un contexte de crise énergétique mondiale et la crise ukrainiennes qui s’installe ? Pas si sûr et les iraniens semblent bien vouloir en profiter.
PAR: AHMED ZAKARIA
Les prix du pétrole brut ont chuté dans les échanges mercredi matin, en dessous du pic historique de 7 ans, enregistré depuis la semaine dernière, en raison de la reprise des pourparlers sur le nucléaire iranien. L’arrivée de Joe Biden à la tête de la Maison Blanche à ouvert une brèche à de nouveaux espoirs, quant un accord possible avec Téhéran qui ne lâche toujours pas du mou.
Les américains et leurs alliés tentent tant bien que mal d’obtenir de Téhéran un accord sur le programme balistique iranien qui ne figurait pas dans l’ancien accord sur son nucléaire, conclut en juillet 2015 avec l’Administration Obama.
Pour leur part, les iraniens continuent de faire pression pour alléger le blocus économique et financier, notamment en ce qui concerne leur exportation pétrolière qu’a chuté de cinq fois espérant ainsi faire face à la crise économique et sociale qui frappe le pays à cause des sanction imposées contre le pays. Téhéran qui considère que c’est aux américains de respecter l’accord, souhaite « mettre fin sans délai » à ces mesures, évoquant un siège économique injustement imposé par Washington, « avec toutes les conséquences dramatiques que cela suppose pour la population iranienne assiégée »
Ainsi, le marché s’attend à ce que le retour des États-Unis à l’accord nucléaire permette au pétrole iranien d’être réinjecté sur les marchés mondiaux à des niveaux antérieurs au retrait américain et à l’imposition de sanctions, soit 2,2 millions de barils par jour.
Au lendemain de la reprise des pourparlers, les prix des contrats à terme pour la norme internationale, le Brent, pour livraison d’avril, ont connu une baisse de 0,10% pour se fixer à 90,69 dollars le baril, alors qu’elle a grimpé pendant toute la semaine dernière, frôlant les 100 dollars/Baril. Un pic jamais atteint depuis plus de 7ans.
En temps normal, l’Iran, est le troisième producteur de pétrole brut de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, avec une production quotidienne moyenne de 3,85 millions de barils par jour, après l’Arabie saoudite et l’Irak. Ces capacités de production peuvent encore s’améliorer si le blocus est levé et que le secteur puisse mettre à niveau ses outils de production et de prospection
La reprise des pourparlers entre Téhéran et Washington apaisera-t-elle les marchés ? Pas si sûr….
Au dernière nouvelles, l’administration du président américain Joe Biden envisage la possibilité d’alléger la pression économique sur l’Iran tout en maintenant les mesures restrictives les plus sensibles pour l’économie iranienne, rapporte Bloomberg , citant quatre sources de l’administration Baden.
Selon les interlocuteurs de l’agence, l’administration américaine discute de la possibilité d’accorder à Téhéran des prêts du Fonds monétaire international, ainsi que d’assouplir les sanctions qui empêchent l’Iran de recevoir une aide humanitaire dans le cadre de la pandémie de coronavirus.
La volonté américaine d’allégement des sanctions contre l’Iran, intervient dans une semaine particulière, mais la difficulté de trouver une solution à la crise de Europe asphyxiée par une crise d’approvisionnement en pétrole et en gaz, laisse encore des chances à Téhéran une marge pour continuer sa pression . En effet, La semaine dernière a particulièrement retenu le souffle des pays consommateurs. La grimpé plusieurs marches vendredi, poussés par une conjonction de facteurs favorables, du froid aux Etats-Unis, la crise ukrainienne qui s’installe, en passant par la multiplication des cyber-attaques contre les principaux terminaux pétroliers européens.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a gagné 2,37%, pour finir à 93,27 dollars. En séance, il est monté jusqu’à 93,70 dollars, pour la première fois depuis début octobre 2014.
Idem pour New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mars, a lui pris 2,25%, pour clôturer à 92,31 dollars. Le WTI s’est lui aventuré jusqu’à 93,17 dollars en séance, une première depuis fin septembre 2014.
«Il y a une inquiétude significative au sujet de la situation au Texas», a rapporté Robert Yawger, responsable des contrats à terme sur l’énergie chez Mizuho Securities. les expert de la compagnie expliquent que cette hausse est due à la vague de froid qui a frappé et qui a plongé les températures dans l’Etat, nettement en dessous de zéro. Ainsi, la plus grande zone d’extraction du pétrole de schiste aux États-Unis, a dû réduire sa production, faute de camions-citernes disponibles.
Le prix du diesel pour livraison immédiate dans le port de New York a atteint vendredi son plus haut niveau depuis juillet 2014. Les contrats à terme sur le fioul domestique et l’essence ont aussi revisité des sommets de plus de sept ans.
Cette flambée des prix du pétrole et du carburant sur tous les continents a affolé les pays consommateurs à cause de son impact sur les ménages et les secteurs économiques. Un contexte de réserves plus faibles que la moyenne, sachant, en outre, que la période correspond normalement à l’entretien des raffineries, ce qui diminue mécaniquement leur taux d’utilisation.
S’ajoute aux tension internes la crise ukrainienne, qui semble s’installer de plus en plus. Vu la situation qui s’enlise de plus en plus les marchés ont émis de sérieux doutes sur la portée de l’engagement de l’OPEP et ses alliés de l’accord Opep+, mercredi dernier, à une nouvelle augmentation de 400’000 barils par jour pour en mars prochain. Les dirigeants iraniens comptent bien en profiter pour faire incliner la balance en leur faveur