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Les Crânes de résistants Algériens séquestrés par la France coloniale: une histoire de vandalisme mémoriel

Par Ahmed Zakaria

Après une longue attente, telle affligée à « Jacob dans l’attente de son fils Joseph», les crânes des résistants algériens à l’invasion française, décapités puis «séquestrés» 176 ans durant, au (Musée) d’histoire naturelle de Paris, ont enfin retrouvé la terre natale. Escortés par des avions de chasse Su30 de l’armée de l’air et des parachutistes des forces spéciales, les héros de la mémoire collective ont eu tous les honneurs lors d’une émouvantes cérémonie solennelle, présidée par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune.

La restitution des crânes sonne comme un signe d’apaisement entre Paris et Alger depuis des décennies. Les Algériens n’ont jamais cessé de réclamer les dépouilles de leurs résistants ainsi que les archives et les biens culturels pris par l’Administration coloniale. Cette question a été l’une des raisons qui à chaque occasion mémorielle venait envenimer encore, les relations déjà détériorées entre les deux pays.

Parmi tous les chefs d’Etats français, le Président Macron, a franchi donc le pas. Issu d’une autre génération plus jeune, il ne cesse par occasion, de déroger à la coutume et condamner, même avec des mots particulièrement réfléchis, de fustiger le colonialisme.

L’admiration se lisait sur tous les visages à la vue de l’avion militaire C-130, escorté par des avions de chasse, exécutant une exhibition aérienne remarquable, à la hauteur de la stature de ces héros nationaux.

Les éléments de l’ANP ont également fait entonner 21 coups de canon en leur honneur. Les restes mortuaires étaient dans des cercueils, drapés de l’emblème national et portés en héros sur les épaules des soldats algériens.

Le président Tebboune et des hauts cadres de la nation se sont recueillis à leur mémoire au salon d’honneur de l’Aéroport Houari Boumediene.

« C’est un pan de l’épopée historique de la résistance algérienne qui a été recouvrée, après une longue attente, pour qu’ils reposent enfin dans une dignité méritée ». a souligné le général major Saïd Chengriha.

Une restitution  dans une « Algérie nouvelle » qui se réconcilie avec son histoire, ses héros et ses symboles qui ont brillé par leur courage, leur bravoure, leur résistance et leur sens de l’honneur. a souligné le chef de l’Etat promettant de récupérer les autres dépouilles ainsi que les biens culturels dérobés par l’Administration coloniale 

Le Président de la République avait annoncé, jeudi, lors d’une cérémonie officielle organisée à l’occasion du 58e anniversaire du double anniversaire de l’indépendance et de la jeunesse qu’il s’agit d’une première étape de rapatriement des restes mortuaires des résistants algériens, en faisant part de la détermination de l’Etat de poursuivre cette opération jusqu’au rapatriement de l’ensemble des restes des résistants algériens, plus de 524 autres dépouilles, pour qu’ils soient enterrés sur la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés.

Pour les dossiers des crânes comme ceux des biens culturels dérobés, beaucoup de  musées sont perçus, comme des tableaux de chasse ou cimetière de l’art des pays qui ont subi le colonialisme doublé par un vandalisme mémoriel inqualifiable.

 

 

Calfeutré dans de simple cartons portant des numéros, ou même momifiés, ces crânes, après être décapités ont connu un exile post mortem dégradant qui a duré plus de 176 ans dans les froides galeries du musée d’histoire naturelle. Des historiens du monde entier et même des intellectuels français avaient manifesté leur indignation de « ce crime qui se rajoute à celui de la décapitation »

qui sont ces chefs de la résistance populaires

 

Ils appartiennent notamment à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif Boubaghla, qui a mené une insurrection populaire dans la région du Djurdjura, en Kabylie, au Cheikh Bouziane, le chef de la révolte des Zaâtcha (région de Biskra en 1849), à Moussa El-Derkaoui, son conseiller militaire, et à Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant du Cherif Boubaghla, et le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader, y sont également conservés.

Lors du siège de Zaâtcha (30 km au sud-ouest de Biskra), qui a duré plus de 4 mois, les résistants algériens de cheikh Bouziane s’étaient opposés à plus de  6000 soldats de l’occupation française du général Emile Herbillonet. Le siège s’était terminé par l’extermination de la population « particulièrement combative » de l’oasis.

Outre « un aveugle et quelques femmes », selon le général Herbillon, trois survivants sont épargnés : a rapporté le journal le Monde. Il s’agit du cheikh Bouziane, son fils de 15 ans et un marabout. Ils seront plus tard décapités et leurs têtes exposées au bout de piques sur la place du marché de Biskra, avant d’être envoyées en France par un médecin militaire. La pratique est alors courante. Les têtes coupées – trophées de guerre ou « éléments scientifiques » – récoltées dans les «colonies» peuplent les musées européens.

La Nation rendra hommage à ces dirigeants et membres des résistances populaires à l’agression coloniale française par leur inhumation solennelle au Carré des Martyrs à El -Alia en Algérie, leur terre natale pour laquelle ils ont donné leur vie.

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