Le groupe public SAÏDAL aura l’exclusivité de la production du « Sputnik V » en Algérie
Par Ahmed Zakaria
Non, ça ne sera pas du flaconnage, mais bel est bien une production avec tous les transferts de savoir faire en matière de biotechnologie, nécessaires pour la fabrication et l’exportation du vaccin Spunik V. Le Groupe pharmaceutique algérien SAÏDAL, aura l’exclusivité de la production du vaccin russe « Sputnik V » en Algérie. La production de la matière première grâce à la technique biotechnologie, sera une première en Algérie et dans le continent africain ».
La production du vaccin anti-Covid19 se fera en partenariat avec la Russie pour une fabrication locale du « Sputnik V », a affirmé à Alger le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, précisant que la production sera assurée exclusivement par le groupe pharmaceutique public « Saidal ».
Au terme d’une série de négociations entre l’Algérie et la Russie, il a été conclu que le partenariat soit entre le fond russe d’investissement (RDIF) et le Groupe pharmaceutique public ‘Saidal’. Ce dernier s’est vu obtenir l’exclusivité pour la production de ce vaccin, et ce au vu des moyens techniques et humains dont dispose.
A ce titre, le ministre affirme que Saïdal possède les capacités de production du vaccin à partir de la matière première qui sera fournie par la partie russe. Aussi, la production ira jusqu’à la production de la matière première en Algérie, ce qui fera de ce produit, un produit 100% Made in Algeria, comme convenu dans l’accord. «
Selon M. Lotfi Benbahamed, le ministre de l’industrie pharmaceutique, la décision « a été prise après plusieurs concertations entre le son département et l’Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) et experts de Russie, représentant le RDIF et l’Institut Gamaleya ».
Le Fonds russe d’investissement direct (RDIF) qui exploite la commercialisation du vaccin russe « Sputnik V » développé par l’Institut de recherche d’épidémiologie et de microbiologie (Gamaleya), avait déjà fixé, depuis trois mois, certains pays disposant de capacités pour la production de ce vaccin, dont l’Algérie pour la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord).
« Une plateforme technique nous a été fournie, comprenant les données techniques indispensables à la fabrication du vaccin et qui sont à l’étude actuellement entre les experts algériens et leurs homologues russes, à l’effet de déterminer les étapes de production, ainsi que les moyens matériels et humaines devant être mis en place, dans le but de lancer la production locale du vaccin », asouligné le ministre.
S’agissant des délais de lancement de la production du vaccin « Sputnik V » en Algérie, le ministre a précisé que « la production locale du vaccin à partir de la matière première assurée par le côté russe, démarrera les quelques mois prochains », contrairement à la fabrication de la matière première en Algérie qui nécessite du temps », soulignant « dans les deux cas, notre objectif est de commencer la production dans les plus brefs délais ». L’objectif tracé par le ministère de la tutelle est de produire des quantités suffisantes pour couvrir la demande nationale », ajoutant que « la maitrise de la biotechnologie permettra de réaliser la sécurité sanitaire avec une production locale et nous allons produire des vaccins selon la demande ».
Une question de sécurité sanitaire face à une guerre totale pour le vaccin et l’accès à la biotechnologie
Avec l’accord russo-algérien, le ministère de l’industrie pharmaceutique, pourtant crée il y a moins d’un an, réalise une victoire sans égale pour le pays. Une victoire qui permettra à l’Algérie de franchir à pas fermes, un pas de plus vers la technique des biotechnologies et lui octroyer une position sûre dans la course mondiale aux vaccins.
Pour ce qui est de la technique de biotechnologie, le ministre a affirmé que « l’objectif du transfert et de la maitrise de cette technologie en Algérie ne concerne pas seulement la production de la matière première du vaccin mais contribuera aussi, dans l’avenir, à produire d’autres vaccins et des médicaments qui représentent entre 30 et 40 % du marché international des produits pharmaceutiques ». Le Groupe SAIDAL sera en mesure d’amorcer une nouvelle ère de l’industrie pharmaceutique, a-t-il ajouté.
Outre la couverture de la demande nationale, le ministre a fait savoir que le secteur prévoit l’exportation du vaccins », ajoutant que « le côté russe s’est fixé l’objectif de permettre à l’Algérie de couvrir une zone géographique regroupant plusieurs pays qui seront définis avec l’accord des deux parties ».
Il reste maintenant à ce que les Algériens se serrent la ceinture pour gagner ce défi puisque semble-t-il les russes ont ouvert toutes les voies pour aller plus loin dans le partenariat qui ne se résumait que dans le domaine de l’armement. Le transfert du savoir faire russse dans la technologie biologique permettra à l’Algérie d’accéder au réseau international de la production des vaccins développés ». Réussir le vaccin du Sputnik V sera le passage vers la production d’autres vaccins et médicaments.
Sputnik V Chronique d’un success story! ou la première guerre européenne post-Brixit
Totalement détachés des États, les grands laboratoires pharmaceutiques exercent des pressions gigantesques mêmes sur les grandes puissances. Alors qu’ils mènent en ordre dispersé, la lutte contre le virus, les pays européens n’ont ménagé aucun effort pour opérer un bashing anti vaccins russe et chinois. Mais le succès scientifique des laboratoires russes et chinois, n’a pas tardé à faire ses preuves et imposer le respect. Pas plus tard que la semaine dernière, le Washington Post s’était interrogé : si les occidentaux ne s’étaient pas trop entêtés à sous-estimer le vaccin russe qui est en phase de devenir un succes story palnétaire :
Cela pourrait constituer une rare victoire de soft power pour le Kremlin. «Cela en dit long sur la qualité et l’intégrité de l’entreprise scientifique en Russie, que beaucoup de gens dénigrent ou qualifient de délabrée et obsolète, sous-financée et sous-alimentée, et que tant de leurs scientifiques ont fui vers des pâturages plus verts en Europe et dans le Nord. Amérique »
Stephen Morrison, directeur du Global Health Policy Center au Center for Strategic and International Studies de Washington.
Le Washington post a estimé que l’Europe demeure le grand perdant en terme géopolitique quant à la question de la production et de l’’accès au vaccin par rapport aux USA et au Royaume-Unis qui surf encore sur les tensions du Brixit.
La presse mondiale rapporte que le problème est qu’AstraZeneca, la société britannique, qui a développé le vaccin Covid-19, a obtenu en août dernier un accord avec l’Union européenne pour sécuriser 300 millions de doses et 100 millions d’ici mars prochain. Or entre scepticisme, intimidation et accusations de rupture de l’accord, la société anglo-suédoise tout comme les pays de l’UE se trouvent dans une position peu enviable. «Nous rejetons la logique du« premier arrivé, premier servi appliquable peut-être dans les quartiers des bouchers, mais pas dans les contrats », a réagit la commission de l’UE, hantée par la catastrophe de voir son programme de vaccination perturbé ce qui entraînera d’énormes pertes économiques en raison de la période de fermeture prolongée, du manque de livraisons et des difficultés de distribution du vaccin Pfizer-Biontech.
Pendant ce temps là, les vaccins russes et chinois font leur chemin à travers les quatre continents. À l’instar de la course au masque au début de la pandémie, les pays européens commencent chacun en solo, à chercher une forme de partenariat avec les russes et les chinois pour accéder aux vaccins.
Après la Hongrie, l’Allemagne, la France, pays de naissance du premier vaccin dans le monde a demandé timidement une collaboration avec les russes. Partagé à l’emporte-pièce son groupe géant Sanofi, trouve du mal à se voir réduit au seul rôle la de mise en bouteille, que britanniques et américains tentent de lui imposer.
Le virus, Corona annonce le début d’une nouvelle ère. Ceux qui ne possèdent pas les capacités, l’expertise de la recherche et de l’innovation, et par la suite les tests, la fabrication et la fourniture des vaccins, n’auront plus le droit à l’autodétermination en ce qui concerne les épidémies. Au 21e siècle la défis ne se détermineront pas avec l’infiniment grand tels les bombes nucléaires, mais plutôt avec l’infiniment petit.