Dans le cadre du bras de fer qui oppose Keass Saïed et le chef indétrônable du parti Ennahda, depuis sa création, l’avenir de Ghannouchi et ses cadres est ouvert aux pires scénarios, après les la levée de l’immunité parlementaire et la dissolution du conseil supérieur de la magistrature qui lui servaient de boucliers.
Par | Heeba Nawel
Le président tunisien Kaïs Saïed, a annoncé hier soir, à l’issue d’une réunion du conseil de sécurité intérieure la dissolution du Parlement, élu en 2019 et dont les activités sont “gelées” depuis le 25 juillet 202. Après huit mois de gel, le président tunisien donne ainsi, un coup de grâce au parti Ennahda, filiale tunisienne de l’organisation mondiale des frères musulmans qui domine la scène politique économique et médiatique du pays, depuis plus de dix ans.
« La situation que vit le pays ces jours-ci est une situation anormale. Nous vivons malheureusement une tentative de coup d’État vouée à l’échec mais l’instant exige aujourd’hui la protection du pays et le peuple conformément aux dispositions de la Constitution, car selon l’article 72, le Président de la République est le chef de l’Etat, symbole de son unité, il garantit son indépendance et sa continuité et il veille au respect de la Constitution et la protection des institutions du peuple tunisien » a expliqué la chef de l’Etat.
Le Chef de l’Etat tunisien a expliqué qu’il s’agit bel et bien d’une tentative de coup d’état à travers la réunion virtuelle du parlement « suspendu » et a qualifié ses travaux « d’illégitimes » et d’ »entrave à la loi » en faisant appel aux services d’une chaîne de télé étrangère pour diffuser ses débats.
Saïed a ajouté que « l’État ne sera jamais un jouet entre les mains de ceux qui ont tenté de le renverser ». Il a indiqué que la ministre de la Justice, Leila Jaffel, a saisi le procureur général près la Cour d’appel de Tunis conformément à l’article 23 du code pénal suite à l’organisation d’une séance plénière à distance du Parlement gelé et ce pour ordonner le procureur de la République d’entamer les poursuites judiciaires nécessaires contre un certain nombre de députés dont les activités sont gelées. Ils sont accusés de former une bande de malfaiteurs et de complot contre la sûreté intérieure de l’Etat.
Alors que cette décision a été accueillie favorablement par la rue, la classe politique a majoritairement appelé le président à organiser des élections législatives dans les délais constitutionnels pour épargner au pays tout enlisement de la crise. « Le président de la République aurait dû prendre cette décision depuis que le parlement est devenu un foyer complotiste où les terroristes et les traitres fomentent des complots contre la Tunisie, estime le parti dans une déclaration.
Le Chef du Mouvement Ennahda Rached Ghannouchi a a préféré réagir à la dissolution Dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera Tv, la chaîne incriminée par le président tunisien et qui a accompagné le Cheick depuis son arrivée à Tunis au lendemain de la « révolution du Jasmin », jusqu’à la réunion illégale qui a provoqué la décision de dissolution définitive du parlement: ” Nous refusons la dissolution de l’ARP” a t-il déclaré faisant savoir que 30 représentants parlementaires ont été convoqués par les autorités sécuritaires.
Après la levée de l’immunité parlementaire Ghannouchi et ses satellites auront plus de juges à leurs trousses, que de sympathisants
La ministre de la Justice, Mme Lily Jaffal, a confirmé ce soir que 68 assignations à comparaître ont été émises contre les députés suspendus jusqu’à présent, et les assignations à comparaître seront encore émises dans les prochaines heures pour inclure 116 députés suspendus pour avoir formé une entente criminelle et complot. contre la sûreté de l’État conformément à la loi 72 du Code pénal.
Au lendemain de l’annonce de la dissolution du parlement, plusieurs cadres du parti Ennahda, ainsi que d’autres ex-députés ont reçu des convocations pour expliquer devant les enquêteurs sur les dessous de la réunion du parlement et l’implication d’une chaîne étrangères dans l’affaire. Les observateurs estiment que la levée de l’immunité constituera sans doute, le début des déboires judiciaires pour le parti, à qui les tunisiens reprochent la gestion catastrophique et sectaire du pays durant dix années qui a enfoncé la Tunisie dans une des pires crises de son histoire.
En effet, L’accumulation des problèmes « non résolus » , les tiraillements politiques organisés et l’absence de stratégie de redressement économique qui accompagnent le pays depuis 10 ans ont entravé la création de richesse, éloigné les financements alloués par les bailleurs de fonds et découragé les investisseurs ». Résultats, 21% des Tunisiens vivent dans une situation d’extrême pauvreté. Il s’agit là du chiffre le plus élevé jamais enregistré depuis l’indépendance de la Tunisie.
Les cadres d’Ennahda et à leur tête le chef du parti Ghannouchi, sont surtout pointés du doigt par les organisations tunisiennes des droits de l’Homme qui les accusent de vouloir imposer l’agenda de l’Organisation Mondiale des Frères Musulmans en connivences avec des puissance régionales et internationales.
Ils espèrent que les deux décision de dissoudre le parlement et le Conseil supérieur de la magistrature, accéléreront l’ouverture de la boîte de pandore d’Ennahda et ses organisations parallèles notamment et mettre en fin la lumière sur le dossier des assassinats d’intellectuels et opposants politiques, ainsi que les réseaux transnationaux de transferts de terroristes dans les zones de conflits, tels que la Syrie, la Libye et dans le Sahel.