Pa| Arrazi Salama
Paris | Cette déclaration explosive, parue dans La Tribune dimanche, est signée par le charismatique leader des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, le coordinateur du parti, Manuel Bompard, et la présidente des députés LFI, Mathilde Panot.
« Emmanuel Macron semble prêt à nommer un chef de gouvernement sans tenir compte des résultats politiques des dernières élections législatives qu’il a subies, après avoir également échoué aux élections européennes. Une telle décision serait sans précédent dans l’univers des régimes parlementaires et dans le cadre de la démocratie représentative« , affirment avec véhémence les Insoumis.
Ce mouvement souligne que cette tribune sert d’ »avertissement solennel » à Macron, qui « doit être conscient que tous les moyens constitutionnels seront employés pour le démettre plutôt que de se soumettre à son coup de force contre le principe fondamental de la démocratie : en France, le véritable maître est le vote populaire« .
« Nous pouvons qualifier de coup de force institutionnel contre la démocratie la décision du chef de l’État« , s’indignent-ils.
De son côté, le Parti socialiste (PS), partenaire conjoncturel de gauche de FI au sein du Nouveau Front populaire (NFP), dont le président Marcon et beaucoup de membres de son mouvement « En Marche » sont d’ailleurs,issus, a pris ses distances avec cette menace. La proposition d’initier une destitution d’Emmanuel Macron « n’engage que leur mouvement » et ne représente pas l’ensemble de la gauche unie, a déclaré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, sur « X« . Il a ajouté : « La réponse à une nomination d’un (Premier ministre) qui ne respecterait pas la tradition républicaine est la censure« .
« Au-delà des opinions que chacun peut avoir sur cette initiative, la destitution est impraticable. Elle nécessite une majorité des deux tiers dans les deux assemblées« , a conclu Faure.
Vendredi, l’Élysée a annoncé qu’Emmanuel Macron avait convoqué les chefs de partis le 23 août pour des consultations en vue de la nomination d’un Premier ministre, « afin de continuer à avancer vers la constitution d’une majorité la plus large et la plus stable possible ».
Depuis les dernières législatives et européennes, où Macron a perdu sa majorité au parlement, de nombreuses voix se sont élevées contre son obstination à gouverner sans tenir compte de la nouvelle carte partisane au sein de l’Assemblée Nationale. Sa descente aux enfers ne l’a pas dissuadé de continuer à prendre des décisions engageant le pays tant sur le plan intérieur qu’extérieur, avec un gouvernement de gestion des affaires courantes.
En effet, même avec une majorité, Macron n’a eu d’autre choix tout au long de son mandat que de recourir à des méthodes « autoritaires » pour imposer ses projets, en utilisant l’impopulaire article 49.3 de la Constitution, qui lui permet de faire adopter les décisions et des projets de loi, sans l’aval des députés.
Les résultats des dernière s élection exceptionnelle était l’expression attendue d’un mécontentement général. Ils marquent surtout un tournant majeur dans l’histoire de la Ve République. Les dynamiques politiques ont été complètement redessinées. Ainsi, l’enlisement du mouvement présidentiel a ouvert la voie à l’extrême droite, qui continue de gagner du terrain et séduire même parmi ses proches, tandis que la gauche est plus divisée que jamais. L’Assemblée Nationale est en proie à une paralysie chronique et inquiétante.