Par Ahmed Zakaria/ Sources RT -France
Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a exprimé le souhait de la France que les élections présidentielles en Tunisie se déroulent dans «les meilleures conditions d’impartialité».
La France observe de près le processus démocratique en Tunisie.
Paris souhaite ainsi que le deuxième tour de la présidentielle en Tunisie se déroule «de manière impartiale», a déclaré ce 19 septembre le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.
Kais Saied, un juriste sans parti et Nabil Karoui, un magnat des médias emprisonné depuis le 23 août s’affronteront lors du second tour,balayant sur leur passage la classe politique traditionnelle tunisienne.
«Nous souhaitons que ces élections se déroulent de manière impartiale et que le résultat des élections ne soit pas contesté», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères sur la chaîne Cnews avant d’ajouter : «Nous avons dit aux autorités tunisiennes que nous souhaitions que ce deuxième tour des présidentielles se déroule dans les meilleures conditions d’impartialité.» Le chef de la diplomatie française a estimé que ce critère était très important pour la «démocratie tunisienne», née du «Printemps arabe».
Au premier tour, Kais Saied est arrivé en tête avec 18,4% des voix devant Nabil Karoui qui a obtenu 15,58%. Un scrutin qualifié de «transparent» par la mission d’observation de l’Union européenne qui a toutefois appelé à ce que les candidats aient «pleinement les mêmes chances» de faire campagne, une allusion apparente à Nabil Karoui.
Nabil Karoui reste en prison, ses avocats vont faire appel
Une nouvelle demande de libération de l’homme d’affaires Nabil Karoui qui a recueilli 15,58% des voix au premier tour de l’élection le 15 septembre, se qualifiant pour le second tour, a été rejetée le 18 septembre. Le juge a refusé de statuer, se déclarant incompétent. Ses avocats comptent faire appel.
Le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a plaidé pour la libération de Nabil Karoui car, selon lui, «c’est la liberté de vote des Tunisiens qui est en cause».
Déjà, le 10 septembre, à l’Assemblée nationale française, le centriste Jean-Christophe Lagarde (UDI) et M’jid El Guerrab (député des Français du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest), ont interpellé le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian sur le cas de Nabil Karoui.
L’homme d’affaires, un publicitaire poursuivi depuis 2017 pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, a été arrêté le 23 août. La date de son arrestation, 10 jours avant le début de la campagne, avait suscité des interrogations sur une instrumentalisation de la justice par le politique.
«La Tunisie est souveraine et nous respectons sa Constitution et sa justice», a déclaré à ce sujet Jean-Yves Le Drian.
En fonction du temps de traitement des recours, le second tour de la présidentielle tunisienne pourrait être organisé le 6 octobre, soit le même jour que les législatives, ou le 13 octobre.
Qui est Nabil Karoui, peut-être futur Président de la Tunisie?
Nabil Karoui, avait mis tout son poid et sa fortune au service de l’élection du président Béji Caïd Essbesi en 2014. Aujourd’hui pourtant on l’avait bien vu venir, il devient vite un sérieux rival pour l’actuel Premier ministre Youssef Chahed. Ce dernier s’appuie sur le parti islamiste Ennahda, qui multiplie les manœuvres politiques afin de reprendre les rênes du pouvoir. Le parti de Ghenouchi a ces dernière années, pris des sérieux coups, notamment, après son échec dans la gestion de la crise socio-économique et sécuritaire du pays.
Le parti des Frère Musulmans sombre en effet, d’avantage dans les sondages à cause des scandales politiques relatifs à ses liens présumés avec les réseaux djihadistes en Syrie et dans les zones du conflit. Parier sur Youcef Chahed, ex fonctionnaire au Foreign Agricultural Service à l’ambassade américaine de Tunis et ex soutien de l’actuel président, constitue donc, une échappatoire salutaire pour Ennahdha de Ghenouchi.
Le parti de M. Karoui a d’ailleurs, accusé M. Chahed et Ennahdha qui soutient son gouvernement d’utiliser “de manière éhontée, les institutions et moyens de l’Etat dans le but d’éliminer des adversaires politiques”. Il a appelé le Premier ministre à démissionner s’il compte se présenter.
Fondateur de la très puissante chaîne Nessma TV, qui émet sans licence depuis plusieurs années, M. Karoui s’est lancé comme candidat à la présidentielle prévue le mois de novembre prochain. Il a depuis quelques années utilisées en outrance, sa chaîne de télévision Nesma pour se forger l’image d’un homme charitable et généreux. Il a pratiquement fait sa compagne sur tout le territoire tunisien avant l’heure, grâce à l’émission qui porte le nom de son fils défunt. L’image que les tunisiens gardent de l’émission « Khalil Tounes » diffusée tous les jours sur Nesma, est celle de M. Karoui distribuant des biens et des produits électroménagers aux victimes de la crise.