Par | Rasheed Ghezali
La bande vidéo divulguée comprend un enregistrement sur téléphone portable, apparemment, d’une réunion au siège du mouvement Ennahda, des dirigeants salafistes et d’autres alliés, à Ghannouchi. Il est probable que Ghannouchi, particulièrement soucieux de paraître élégant dans les médias, n’était pas au courant de l’enregistrement, car une partie de sa jambe droite était exposée, ont rapporté des médias.
Le leader de la branche tunisienne de l’Organisation Mondiale des Frères musulmans, qui a joué un rôle prépondérant dans ce que l’on appelle le « Printemps arabe« , aurait sur fond de déclarations incendiaires, dit à ses partisans samedi dernier que : « L’exclusion du parti Ennahda du pouvoir est un prélude à la guerre civile en Tunisie, et le début de l’éclatement du chaos dans le pays. »
Dans la vidéo en question, Ghannouchi a déclaré : « La Tunisie sans Ennahda et l’Islam politique est un projet de guerre civile », ce qui a été considéré comme une incitation à la guerre civile, et un message codé à ses partisans pour qu’ils s’agissent afin de plonger le pays dans le chaos. Ce discours est similaire à celui fait précédemment, lorsqu’il avait déclaré en 2011, encore dans une autre vidéo fuitée: que les institutions militaires et de sécurité en Tunisie ne sont « pas garanties », avertissant les salafistes pour qu’ils agissent avec prudence.
Après avoir été interpellé pour la première fois depuis 2011, malgré le grand nombre d’accusations graves auxquels il est confronté, il semblerait que Ghannouchi, se soit abstenu de toute déclaration à l’issue de son audition d’hier soir, lundi, devant des agents de l’Unité centrale antiterroriste de la Garde nationale à El-Aouina. il avait également été entendu en novembre 2022 par un juge du pôle judiciaire antiterroriste pour une affaire en lien avec l’envoi présumé de jihadistes en Syrie et en Irak.
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En juillet de la même année, il avait aussi été interrogé pour des soupçons de corruption et blanchiment d’argent liés à des transferts de fonds depuis l’étranger vers une organisation caritative affiliée à son parti.
Un certain nombre de dirigeants d’Ennahda font en effet, face à des accusations liées à des opérations terroristes et de réception de fonds étrangers et de coopération avec des parties extérieures au cours de la élections législatives, Cela a été approuvé par le rapport de la Cour des comptes, confirmant l’implication des partis Ennahda et Qalb Tounes dans la réception de fonds étrangers en violation de la loi, en plus de la corruption politique et économique.
Aux dernières nouvelles d’autres arrestations ont suivi celle du Ghannouchi. Il s’agit de deux hauts responsables de l’appareil du parti, Belkacem Hassan et Mohamed El Goumani tous deux membres du bureau exécutif du parti, ainsi que l’ex chef de l’organisation estudiantine Mohamed Chniba. La liste est susceptible d’être encore longue estiment des activistes.
Alors que ces alliés de l’intérieur comme de l’étranger, crient à la dérive autoritaire commise par le président Kaeïss Saeid, d’autres considèrent que les autorités judiciaires ne font que répondre aux revendications des tunisiens qui exigent de mettre la lumière sur les assassinats politiques, dont les plus médiatisés, celles de Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi, ainsi que les liens présumés entre la nébuleuse terroriste internationale et l’appareil politique parallèle du mouvement qui a gangréné le ministère de l’intérieur tunisien pendant les dix années de règne d’Ennahda qui ont suivi la « révolution du jasmin ».
Les observareurs suivent avec une attention particulières les développements en Tunisie après cette nouvelle vague d’arrestation, d’autant plus que le président tunisien ne semblent pas être prêt à céder aux pressions mediatiques et politique auquelles il fait face, pour continuer sa compagne de ce qu’il qualifie d’opération contre les « traitres et les
Des organisations de droit de l’Homme tunisiennes interpellent depuis des années, les autorités du pays à sortir des placards les dossiers, liés au terrorisme notamment l’envoie des jeunes tunisiens au zone de conflit en Libye et en Syrie ainsi que les affaires de malversations et à la gabegie partisane qui a marqué le règne qui a mené la Tunisie à une quasi faillite en proie aux chantage des puissances régionales et internationales.