Au moment où le mouvement populaire en Algérie aborde son troisième mois, il est intéressant de se rappeler comment les choses ont évolué en Syrie et quelles leçons devraient-t-on retenir afin de démentir les scénarii catastrophiques dont un certain Ahmed Ouyahia, pour ne pas le citer nous y prévenait déjà par sa fameuse phrase: “C’est beau, mais je rappelle qu’en Syrie, ça a commencé aussi avec les roses”.
Réinformation sur la Syrie
Par Ahmed KACI
8 septembre 2013
Si on entend par « processus politique » de transition, la négociation des conditions d’une démocratisation d’un pays dirigé par un régime autoritaire, je crois qu’en Syrie quand le pays avançait à grands pas dans cette direction avec la levée de l’état d’urgence, la fin du rôle constitutionnel dirigeant du parti Baas, une nouvelle constitution, un référendum constitutionnel avec un débat politique intense, des élections législatives programmées, etc., l’opposition et partant les « rebelles » font le choix de la fuite en avant dans la militarisation et l’escalade encouragés -instrumentés est le mot qui convient- par leurs soutiens étrangers (saoudiens, qataris, turques, américains, français, britanniques, pour ne citer que ceux-là), et réclamant le départ de Bachar al-Assad comme préalable à tout dialogue -ce que ne demandaient pas la plupart des manifestants- sabordant ainsi les avancées démocratiques arrachées par la mobilisation populaire. Les témoignages nombreux et concordants sur la présence de « manifestants » armés dés le début des événements qui tiraient sur la foule pacifique et les forces de l’ordre est aisément vérifiable sur les réseaux sociaux et internet. Le massacre de Jisr Echoughour, -là l’on à quelques mois du déclenchement la « révolution »- constitue l’épisode culminant de cette escalade attisée de l’extérieur. Sans parler des manifestants qui scandent: « les alaouites au tombeau, les chrétiens à Beyrouth. » Le conflit aurait fait plus de 100 000 morts dont la moitié sont des civils parmi les minorités alaouites, chrétiennes et kurdes et des membres des forces de sécurité tués par les rebelles. Ceci pour tordre le cou à la propagande de « révolution » sans tâche véhiculée par les médias occidentaux.
« les alaouites au tombeau, les chrétiens à Beyrouth. »
A contrario, si on entend par démocratisation le départ d’un régime qui, dans le cas de Bashar Al Assad disposait d’un soutien populaire appréciable qui n’a pas diminué sinon accru au fils de la crise, il est bien évident que cela ne pouvait déboucher que sur la violence et la guerre civile. En agissant ainsi, l’opposition, en majorité islamiste et l’une des branches les plus radicales des Frères Musulmans, non seulement saborde le processus d’ouverture initié par le président syrien, mais pire se met à la disposition de l’axe impérialo-sioniste et ses valets régionaux du Golfe arabique et se transforme en outil d’exécution d’objectifs qui n’ont plus rien à voir avec la lutte démocratique et pour les libertés. De ce fait, l’opposition, notamment islamiste a trahi les aspirations du peuple syrien et les principes de sa révolution qui sont les trois « non » de la Coordination des comités locaux née après le soulèvement du peuple syrien parti de Deraa : « non à la violence, non à l’intervention étrangère, non à la division communautaire ».
Déconnecter la Syrie de ses alliés régionaux iranien et le Hizbollah
L’acheminement des jihadistes islamistes d’El Qaeda par milliers –on parle d’au moins cinquante mille- en Syrie via les frontières avec la Turquie, la Jordanie et le Liban n’est que la confirmation de ce qui précède. La réaction islamiste en œuvre, en plus de saborder le processus démocratique en cours, s’attèlera depuis le début à privilégier les agendas extérieurs sur toute recherche de solution politique. Le but jamais affirmé mais toujours présent est d’épuiser les capacités de l’armée syrienne et paralyser l’Etat par une guerre d’usure qui dure depuis maintenant plus de deux ans. Mais l’objectif principal est de déconnecter la Syrie de ses alliés régionaux iranien et le Hizbollah et permettre soit l’arrivée en place d’un régime soumis à l’instar de ceux de la région ou même pire le morcellement de la Syrie en plusieurs entités que la force de frappe israélienne contrôlera sans difficulté. En somme, c’est l’axe de la résistance et au-delà qui est visé à travers la guerre livrée à la Syrie : détruire l’Etat syrien et son armé, désarmer le Hizbollah, réduire les velléités de puissance de l’Iran et accélérer l’encerclement de la Russie et de la Chine.
En dépit de toutes les forces mobilisées par les USA et ses alliés (propagande médiatique, financement, entraînement de mercenaires et leur lancement à l’assaut du régime), l’Etat national n’a pas été ébranlé et son armée s’en sort même renforcée et plus aguerrie grâce au soutien de la Russie et de l’Iran et surtout au soutien de plus en plus nombreux de pans entiers du peuple syrien qui n’est plus dupe des buts de guerre contre leur pays. La reprise de la ville de Qousseir par l’armée régulière et les avancées réalisées dans plusieurs provinces du pays sonnent comme le début de la mise en échec du plan impérialiste. Issue que conforteront les changements opérés en Egypte après la destitution de Morsi. C’est pourquoi, l’épisode chimique n’est qu’une provocation et un complot délibérés dans le but de légitimer une intervention directe des puissances impérialistes lasses de voir les milliers de mercenaires de jihadistes takfiris convoyés en Syrie échouer à atteindre le cœur du régime, en butant sur une armée et un peuple plus que jamais unis dans la défense de la souveraineté de leur pays et le refus du sort funeste qui lui est réservé. Un sort qui ne diffère guère de celui de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye. Ceci à la fin, pour tordre le cou aux prétendus motivations humanitaires de la féroce campagne dirigée depuis des semaines contre la Syrie pour mieux dissimuler les buts de guerre.
A.K