Par Ahmed Zakaria
Depuis le départ Jaques Chirac on entend plus parler la France quant il s’agit de l’Algérie qu’à travers des relais. La délicatesse de la tumultueuse histoire commune en est une des principales raisons.
Depuis le début de la mobilisation populaire contre le 5ème mandat de Bouteflika, puis contre le système tout entier, l’ancienne puissance coloniale, marche sur des œufs. Si elle assure ne pas s’ingérer dans la situation, elle ne peut y être indifférente. Les quelques timides déclarations à chaude suffisaient pour comprendre qu’il vaut mieux se tenir à l’écart.
L’ambassadeur de France à Alger, vient de briser ce silence circonspect. Le représentant de Paris à Alger a donné, avec des mots bien soignés la position de ce pays sur la situation politique de l’Algérie. «Nous nous sommes peut-être trompés» a-t-il affirmé. Quasi «je vous ai compris» ?
L’euphorie de la victoire sportive qui coïncide avec le 14, Juillet, jour de la fête national de la république Française, sonne comme prétexte pour évoquer le sujet. Il ne manquait plus que la forme bien à la française. Xavier Driencourt a donc, franchi le pas pour évoquer le mouvement populaire algérien et la situation politique que traverse ce Pays.
Avec des mots sculptés en forme de mea-culpa, l’ambassadeur lâche enfin le mot, après une longue introduction sur l’histoire de la révolution française : «Nous autres diplomates n’avons peut-être pas vu juste (…) le peuple Algérien renoue avec sa veille tradition de pays révolutionnaire». Ces phrases étaient soigneusement parsemées de mots qui écartent tout soupçon d’ingérence.
Peut être que la chancellerie avait pris conscience du nombre de pancartes et chant qui mettent en garde la France contre toutes ingérences. Ou encore, celles qui traitent les figures de l’ancien système et ses tentacules qui se débattent vainement, de « awled frança » (Enfants de la France). Les algériens même le plus ordinaire, ne maque jamais l’occasion d’aller répertorier ses richesses pillées par ses gouvernants reconverties en bien immobilier ou autres dans l’hexagone, dès que ses pieds foulent le sol français.
N’y a-t-il pas un signal fort en associant le mot révolution à novembre, mot cher à l’institution militaire, en faisant le parallèle entre les deux dates de la prise de Bastille et la fédération et celle du 1er Novembre et le recouvrement de la souveraine nationale algérienne ? Rares où pratiquement jamais un haut responsable français n’a utilisé le terme révolution à la guerre d’Algérie, déclarée un 1 novembre 54.
Est-ce un signal au fameux discours de l’homme fort en Algérie, M. Gaid Salah, Le Genéral des corps armés, lorsqu’il au summum de la contestation, qualifie de «supplétifs inféodés et servant » certains milieux, qui « tentent de détourner» les revendications populaires, au profil des forces avec lesquelles l’Algérie a un «contentieux historique» ?
«L’Algérie est ainsi revenue en peu de temps à sa vieille tradition révolutionnaire que la France, comme le monde, lui connaît bien. On parlait souvent d’Alger comme la Mecque des révolutionnaires, par les nombreuses rencontres internationales qui s’y tenaient ; on dira peut-être bientôt qu’Alger est la Mecque des Révolutions par l’exemple qu’elle donne à tous ceux qui, voulant transformer les vieux ordres et les systèmes anciens, refusent de payer le prix de la violence », a déclaré M. Driencourt avant d’ajouté «Nous autres, diplomates, n’avons peut-être pas vu juste. A-t-il admis, en expliquant « Il faut l’avouer, nombre d’entre nous n’avions pas perçu la formidable force de changement qui sommeillait dans ce pays. En quelques jours, nous nous sommes retrouvés dans un monde transformé, aux horizons redéfinis, aux perspectives nouvelles, et l’Algérie d’aujourd’hui n’est pas celle que j’ai connue durant mes années passées ici.»
https://www.youtube.com/watch?v=b12JaPFBFpk
Les paroles du l’Ambassadeur de France seront prises avec attention est beaucoup de précaution. A-t-il vu juste de s’exprimer sur une situation politique qui n’a pas encore abouti par un processus clair pour une sortie de crise ?
Alors que l’institution militaire persiste sur le respect du cadre constitutionnel par l’organisation d’une élection présidentielle, même avant un renouveau politique, les acteurs politique peinent à sortir avec une feuille de route qui traduirait la volonté, pourtant claire des millions de citoyens. Le manque de perspective a même risqué de détourner le mouvement des vrais enjeux dont dépend l’avenir de la génération montante. Bien heureusement, cette dernière sait exactement ce qu’elle veut depuis bien avant le 22 février et la chute de l’ancien empire. Elle connaît aussi qui étaient ses amis du passé et à avenir