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Algérie-UE : vers « une résolution d’urgence » du parlement Européen, coups d’épée dans l’eau

Par Ahmed Zakaria

« Il y a un mois, en lien avec des amis très impliqués dans le mouvement, j’ai proposé une résolution, pensant naïvement que ce silence n’était qu’un oubli (…) Alors j’ai mangé mon chapeau pour quelques jours et je suis revenu à la charge. Bien en amont de la session de vote suivante, qui a lieu la semaine prochaine.»

Un eurodéputé français a annoncé que le Parlement européen introduira la question du Hirak Algérien, qui sera sanctionnée par le vote «d’une résolution d’urgence». Un triste mot qui n’est pas sans rappeler aux Algériens les conséquences des printemps colorés sur des pays comme la Libye ou la Syrie, traînés dans le chaos par les atlantistes, épaulés de l’intérieur par l’alliance des islamistes et les néolibéraux.

 

Raphaël Glucksmann est connu pour son ardeur à accorder l’asile à toutes les «révoltes des Maïdans du monde», sauf celles des gilets jaunes dans son propre pays, celles des catalans espagnols et encore moins celles des Palestiniens qui se font bombarder. Il a affirmé sur les réseaux sociaux «quil y aura bien un débat sur l’Algérie et une résolution d’urgence la semaine prochaine à Strasbourg ».

 

« Il y a un mois, en lien avec des amis très impliqués dans le mouvement, j’ai proposé une résolution, pensant naïvement que ce silence n’était qu’un oubli (…) Alors j’ai mangé mon chapeau pour quelques jours et je suis revenu à la charge. Bien en amont de la session de vote suivante, qui a lieu la semaine prochaine.» , lit-on sur ses pages Tweeter et Facebook.   

Lui qui ne cesse de dénoncer l’ingérence russe dans les affaires du vieux et du nouveau continent, incite ses collègues du Parlement européen, dont il dénonce par ailleurs la passivité face à «la révolution» pacifique des Algériens, qui pourrait selon lui changer toute la face de l’espace méditerranéen, à se prononcer sur la question du Hirak algérien.

On aurait cru, étant donné l’enthousiasme débordant de ses mots, que Glucksmann faisait allusion aux centaines de gilets jaunes mis en examens ou aux éborgnés du malaise républicain français, mais ce n’est pas le cas. C’est le mouvement qui a connu zéro mort et zéro blessé qu’il faudrait mettre en avant. Il incite donc les élus du Parlement européen, qui a adopté une « résolution d’urgence»   dénonçant les arrestations «massives» de manifestants qu’il rendra publiques toutes les déclarations : «Chacun assumera sa position au grand jour», avertit-il.

Surfant sur l’amalgame provoqué par le débat controversé autour de la loi sur les hydrocarbures, l’eurodéputé, qu’on a peu entendu s’exprimer sur le bradage dans des conditions pour le moins scabreuses du bijou de famille «Alstom» au profil du géant américain « General electrics», explique  « que ce sont les lobbies d’intérêts énergétiques qui bloquent l’initiative d’un débat et d’une résolution sur la situation en Algérie »

Ce n’est pas la première fois que des élus de l’Hexagone font parler d’eux. Il y a quelques mois, une  députée du Val-de-Marne a été interpellée au milieu de la foule dans la manifestation d’étudiants, alors que plusieurs médias ont affirmé ignorer les conditions et les raisons de sa présence sur les lieux. Elle aurait été repérée grâce à des vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux, où les services de sécurité l’auraient reconnue ainsi que son assistant, Mourad Tagzout. Mathilde Panot du parti « La France insoumise » avait justifié sa présence en déclarant que «c’est par curiosité intellectuelle et par fraternité entre les peuples, que je suis venue adresser un signe d’amitié pour le peuple algérien (…) Je réitère mon admiration pour l’action du peuple algérien et toute ma solidarité pour la magnifique lutte qu’il mène pour sa dignité. »

Raphaël Glucksmann est membre du groupe de réflexion néoconservateur le Cercle de l’Oratoire. Il a contribué en 2006 à la fondation de l’organe de presse Le Meilleur des mondes, qui défend le bien-fondé des interventions en Irak, Afghanistan, Libye, Syrie, Géorgie, Ukraine, etc., et dénonce l’antiaméricanisme.  il est un des adeptes du tristement célèbre concessionnaire printemps arabes Bernard Henry Lévi, qui le considère comme un père spirituel: « Ce qui m’a toujours plu chez Bernard, comme chez mon père d’ailleurs, c’est ce refus chevillé au corps de confondre objectivité et neutralité. J’aime précisément ce qu’on lui reproche : une faculté rare à prendre parti quand c’est nécessaire. »  a-t-il indiqué dans une de ses interventions médiatiques

«Un coup d’épée dans l’eau et un non-événement».

Dans un entretien accordé à Sputnik, l’ex-colonel de l’armée de l’air algérienne et expert sur les questions sécuritaires, Mokhtar Saïd Mediouni, a affirmé que l’intervention du député européen «était un coup d’épée dans l’eau et un non-événement».

«La déclaration de M. Glucksmann qui est […] connu ne nous surprend pas du tout», a affirmé l’ex-haut gradé, ajoutant que d’autant plus «il est bien ancré dans le lobby berbéro-makiste [en référence au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), ndlr] et un ami du séparatiste Ferhat Mehenni [président du MAK, ndlr]».

Par ailleurs, M. Mediouni ajoute à l’adresse de l’eurodéputé que «l’Algérie n’est pas la Libye que son ami Bernard-Henri Levy a fait basculer un jour [dans la guerre en 2011, lors de l’intervention de l’Otan, ndlr]». «L’Algérie est unie et elle le restera», a-t-il ajouté.

En conclusion, Mokhtar Saïd Mediouni lance qu’il aurait «aimé voir Raphaël Glucksmann s’intéresser aux cris et aux pleurs des enfants palestiniens qui crèvent dans des exécutions sommaires sous les bombes de l’aviation israélienne à Gaza sans que personne ne bouge le petit doigt». «Alors que ce qui se passe à Gaza devrait interpeller tout humaniste sincère dans le monde», a-t-il ajouté.

Tout en rappelant que depuis le 22 février des millions d’Algériens ont manifesté sous la protection de l’armée sans qu’aucune goutte de sang ne soit versée, M. Mediouni a souligné «que l’Algérie a toujours refusé l’ingérence étrangère et elle n’a besoin de l’aide de personne pour sortir de sa crise politique qui est un problème de famille».

Alger pointe des tentatives d’ingérence

Dans une déclaration à la presse lundi 7 octobre sur l’affaire de la députée française LFI Mathilde Panot, retenue par la police à Béjaïa lors d’une manifestation populaire, Sabri Boukadoum, ministre algérien des Affaires étrangères, a estimé que ce qu’elle avait fait à Béjaïa était une «atteinte à la souveraineté nationale» algérienne, réaffirmant ainsi le refus catégorique de toute ingérence dans les affaires internes du pays.

De son côté, dans un discours prononcé lundi 30 septembre à Oran, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a mis en garde contre toute tentative d’ingérence dans les affaires internes de l’Algérie.

«J’ai souligné à maintes reprises qu’il y a des parties étrangères hostiles qui complotent contre l’Algérie et qui tentent de s’immiscer dans ses affaires internes avec une complicité flagrante de la bande [de l’ancien régime de Bouteflika, ndlr], à l’intérieur, et que nous mettons en garde de jouer avec le feu», a déclaré le chef d’état-major de l’ANP.

 

 

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