L’ANP a compris, à l’instar de certains pays ayant été ciblés par une guerre hybride (voir le document ci-dessous [1]), que celle-ci ne peut réussir sans la corruption d’au moins 70% du personnel politico-militaire [2]. C’est pour couper court aux velléités de l’OTAN que l’ANP a déclenché cette opération mains propres, le mouvement populaire lui ayant donné le prétexte démocratique pour ne pas être accusée de putschisme. C’est ce qui a d’ailleurs rendu fous de rage les printanistes, qui se retrouvent avec l’exact contraire de ce à quoi ils aspiraient.
Donc, ceux qui ânonnent encore leur mantra: « Il ne s’agit que de guerre de clans », sont à côté de plaque; et ceux qui disent que l’ANP a rejoint le mouvement populaire ne vont pas assez loin: en ce moment l’ANP est en avance, du point de vue de la conscience des enjeux internes et externes, sur le mouvement populaire. Si ce dernier a donné le signal de l’opportunité révolutionnaire, la première est en train de mener la révolution plus loin que ceux qui l’ont déclenchée. J’en veux pour preuve qu’il a fallu l’arrestation de Tahkout, trois mois après le début du mouvement, et le blocage du transport qui s’en est suivi, pour qu’on commence à voir et entendre ça et là des appels à nationaliser les biens volés.
En conclusion: passer du névrotique auto-dénigrement et du sentiment d’impuissance chronique (« nous sommes les derniers parmi les peuples », « ce pays est fichu », « il n’y a rien à faire »), à la non moins névrotique auto-congratulation et au sentiment de toute-puissance (« son excellence le peuple », « ce pays est le nôtre et nous faisons à notre guise »), n’est que l’oscillation entre les deux pôles contradictoires de l’attitude saine et équilibrée, consistant à évaluer lucidement les rapports de force internes et externes, et préparer les luttes futures. Celles-ci s’étendront bien au-delà d’un moment certes révolutionnaire, mais en ce qu’il ouvre la voie à ces luttes, et non en ce qu’il déboucherait sur les vertes et fantasmatiques prairies de la « démocratie » consistant à donner les pleins pouvoirs à un CNT (ce qu’osent encore réclamer les zigotos d’Otpor et compagnie).
Lisons, étudions, débattons, agissons (pas forcément dans cet ordre): organisons-nous!
[1] https://csis-prod.s3.amazonaws.com/…/140529_Russia_Color_Re…
[2] « Cependant, le principal élément déterminant sera le degré de cohésion interne en Iran. Les exemples historiques démontrent à postériori que Washington n’a jamais attaqué un pays sans y avoir préalablement acheté ou corrompu 70% de son commandement militaire et politique. »
https://strategika51.org/archives/63255