Personne ne sait comment ce changement de cap est survenu. Certains ont déjà fait le lien avec les discussions en mars dernier à Alger entre le président Abdelmajid Tebboune et Antony Blinken, mais ce qui est certain c’est que la position américaine a bougé d’une manière significative.
Par | Ilyess Marchiche
Après les assurances données par l’administration américaine en novembre 2021 suivies de la visite du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, en mars 2022 à Rabat, le Maroc croyait dur comme fer, que la Maison Blanche allait donner un chèque à blanc et validé son plan pour une autonomie limitée du Sahara occidental, en dehors de la couverture des Nations Unis. Mais les aspirations du Roi Mohamed VI sont tombées à l’eau, d’après les déclarations rapportées par Euractiv d’une source de l’Ambassade américaine à Madrid.
« Nous continuons à considérer le plan d’autonomie marocain comme sérieux et réaliste, et comme une approche potentielle pour répondre aux aspirations du peuple du Sahara occidental », a confié d’un ton très diplomatique à EURACTIV une source de l’ambassade américaine à Madrid, en Espagne, mercredi 20 avril. Toutefois, les Etats-Unis sont « pleinement impliqués diplomatiquement, en soutien à l’ONU et avec nos partenaires internationaux, pour renforcer un processus politique crédible, mené par l’ONU, conduisant à une résolution durable et dans la dignité », a conclut la même source.
Ce nouveau revirement de la diplomatie américaine à travers son ambassade a Madrid, intervient en parallèle avec l’annonce de l’envoyé des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, à l’issue d’une séance à huis clos du Conseil de sécurité, d’une nouvelle tournée dans la région « pour de faire avancer le processus de paix visant à résoudre le conflit ».
Le Maroc cherche depuis 2007 à contourner le droits international, les résolutions de l’ONU et les arrêtés du tribunal international, par sa proposition sur le Sahara occidental, sans le consentement du peuple Sahraoui. Le plan contient une relative autonomie à travers un gouvernement décentralisé pour le Sahara Occidentale, des prérogatives fiscales et budgétaires tandis que les affaires étrangères, la sécurité intérieure et la défense restent sous le contrôle du Makhzen.
Le Front Polisario, qui multiplie ses opérations militaires, -pour le moment ne ciblent que les positions des forces royales sur les lignes de démarcations- rejette en bloc ces propositions et menace d’une escalade sans précédant, si l’occupant marocain et ses soutiens qui se partagent les richesses du peuple Sahraoui continuent leurs manœuvres pour contourner la légalité internationale.
C’est la seconde fois que l’Administration Biden tire le leste à l’inconsolable diplomatie marocaine qui multiplie ses opérations de séduction pour faire passer son plan, depuis le fameux tweet de l’ex président américain Donald Trump. Trump, avait fait une fleur à Rabat en décrétant en 2020 la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental; contre une normalisation avec l’Etat d’Israël, dans le cadre des Accords d’Abraham.
Le 29 septembre 2021 la justice européenne a infligé un coup dur au Maroc et à l’Union européenne (UE) en annulant deux accords de partenariat commerciaux concernant le territoire disputé du Sahara occidental, à la demande du Front Polisario qui ont salué « une victoire« .
Cette double avancée majeure consacrée par la jurisprudence européenne qui constitue un acquis historique et s’imposera à l’ensemble des pays membres de l’Union européenne et à ses institutions dans leurs relations avec le Maroc, en tant qu’Etat occupant, a mis le Maroc dans tous ses états en jetant des milliers de migrants y compris des familles marocaines sur les côtes espagnoles.