Par: A. Zakaria et Thomas. D
Une visite aussi brève que ratée. Le philosophe milliardaire Bernard-Henri Lévy BHL, a failli se faire lyncher, ce week-end par des militants libyens de Misrata qui lui ont réservé un accueil des plus mouvementés. Comme une forme de résistance contre le temps, BHL n’avait annoncé sa visite dont les contours et les objectifs demeurent encore inexplicables, hormis un communiqué publié par les médias et dont l’authenticité n’a pas été vérifiée.
BHL devait, selon ce communiqué, rencontrer des seigneurs locaux, comme au temps de l’Afghanistan. Il devait rejoindre la ville de Tarhouna qui se trouve à l’ouest du pays. Une enquête sur un soi-disant charnier motive sa visite et allait retenir le philosophe de faire son métier de réfléchir sur la bêtise humaine. Il soupçonnait par des questionnements qui mèneraient inévitablement à sa propre réponse, les troupes de Khalifa Haftar d’être à l’origine d’un massacre. D’ailleurs, intervenant brièvement sur la chaîne libyenne pro-GNA Libya Al-Ahrar, BHL a indiqué être venu en Libye «en tant que journaliste» pour un reportage pour le quotidien américain Wall Street Journal.
Today, July 25. Killing field at Tarhuna. This city suffered martyrdom from #Khadafi. 47 cadavers, including children, hands tightened in the back, have been recently excavated : they suffered martyrdom from pro #Haftar proxies. My sorrow. My anger. Solidarity with #Tarhuna. pic.twitter.com/89cyWFRYKd
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) July 25, 2020
Une vidéo avait enflammé les réseaux sociaux, montrant des jeunes miliciens armés jusqu’aux dents en train de lui courir après, en proférant des injures et des menaces à son encontre. L’accusant d’être à l’origine du chaos qui a suivi l’assassinat de Kadhafi. Finalement, celui qui s’est conduit en vrai chef de fil de la diplomatie française, sous le règne de Sarkozy, le temps de déclarer la guerre au nom de la France et d’attiser le brasier qui a mené à la chute de Kadhafi, a dû écourter son excursion guerrière cette fois-ci et rebrousser chemin le soir même.
https://www.facebook.com/TunisTribune/videos/976214649497049/?v=976214649497049&external_log_id=5848061ec485582cface03e0f393696f&q=bhl%20visite%20misrata
BHL brille en général par ses apparitions d’avant et d’après chaque guerre avec le même profil opératoire et les mêmes acteurs qui s’installeront une fois le brasier enfin prêt : les groupes islamistes et L’OTAN. De Kaboul à Sarajevo, en passant par l’Irak, l’Ukraine, le Soudan, la Syrie, la Libye, la présence de BHL est médiatisée à outrance. Il est étalé tel qu’il se présente sur son propre blog. Un philosophe humaniste œuvrant pour le bien des zones de guerres où opèrent l’OTAN. Presque une prédestination bénigne.
Dans son livre sur la Libye, BHL affirme avoir effectué plusieurs voyages clandestins en Libye. On le voit sur une vidéo où il incitait celui qui devrait d’abord faire un passage à l’Elysée pour devenir le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljalil. Il a par la suite été aperçu avec des miliciens de Misrata où règne la terreur des groupes islamistes de Ansar Ashriâa et d’autres bannières islamistes.
La dernière apparition officielle, cette fois-ci, était le 15 septembre de la même année, aux côtés de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy et du premier ministre britannique David Cameron. Ils sont venus célébrer la victoire contre le régime de Mouammar Kadhafi : « pour la première fois, dans l’histoire de l’Occident, le droit d’ingérence proclamé, mis en œuvre, mené à bien ; pour les hommes et les femmes de ma génération, pour les fils de ce terrible XXème siècle qui fut marqué par le sacrifice de l’Espagne, l’abandon des Juifs à la barbarie nazie, la résignation au kidnapping de l’autre moitié de l’Europe, le lâchage de Sarajevo, du Darfour ou du Tibet, la dernière utopie moderne enfin réalisée » a-t-il écrit sur son blog. BHL se voyait, en toute modestie, se venger de l’Histoire, en offrant enfin à la France son propre Lawrence d’Arabie.
Pour sa visite de ce samedi, le mystère entour la procédure d’invitation de BHL en Libye. Selon les médias locaux, le Conseil présidentiel et le Gouvernement d’accord national de Tripoli ont affirmé n’avoir jamais validé ce séjour. Tout comme le Maire de Misrata qui ne semblait pas au courant qu’un jet privé allait atterrir dans l’aéroport de sa propre ville. D’où venait donc cette assurance démesurée de BHL pour s’aventurer dans un pays en guerre et dont les manettes ont totalement échappé à son pays qui était pourtant, à son origine ?