Par : Ahmed Halfaoui
L’Algérie indépendante, ceux du 13 mai 1958, c’est-à-dire « les défenseurs de la République » avec leurs « bons arabes » et leurs paras, ceux du 4 juin de la même année et de la « fraternité » à sens unique et ceux du pique-nique des barricades du 24 janvier 1960, n’en voulaient pas
Trois dates et d’autres où, pour les dernières fois, l’humanité était refusée aux Algériens. L’orage de décembre 1960 est venu rompre les digues de la peur et joindre sa colère aux feux des maquis. L’indigène occupe la rue et le monde le découvre.
Deux destins, distincts et antagoniques, apparaissent en pleine lumière. Le premier se construisant sur la servitude de l’autre, le second se construisant sur sa libération de l’autre. Les deux n’avaient pas la même conception de la République.
La violence a tranché. Mais, entre la violence des uns et celles des autres, il y a cette différence que la nôtre est celle du torrent et la leur celle des rives qui l’endiguent dirait Brecht.
Ainsi, il y a cinquante-sept ans nous demandions encore simplement d’être.
Nous sommes et ça fait du bien de s’en rappeler chaque année. Ça fait aussi du bien, aujourd’hui, de voir que les enfants d’Algérie se révoltent pour demander plus que d’être.