Le président français Emmanuel Macron a décidé de faciliter l’accès aux archives couvertes depuis plus de 50 ans, par le seau de « secret defense », notamment celles sur la guerre d’Algérie, comme recommandé par le rapport de l’historien Benjamin Stora qui préconise de « regarder l’Histoire en face ».
PAR : AHMED ZAKARIA
La décision du président Macron qui multiplie les gestes d’apaisement tout en excluant les excuses de la France, est applicable dès demain Mercredi 10 fierier, annonce le communiqué l’Élysée.
Elle prendra effet dès demain mercredi et intervient à peine une semaine après sa reconnaissance, « au nom de la France », que l’une des figure emblématique de la guerre de libération l’Avocat Chahid, Ali Boumendjel avait été « torturé et assassiné » en 1957 par l’armée coloniale française. Un assassinat qui reppelant-le était maquillé en suicide.
« Le président de la République a pris la décision de permettre aux services d’archives de procéder dès demain aux déclassifications des documents couverts par le secret de la Défense nationale (…) jusqu’aux dossiers de l’année 1970 incluse », lit-on dans dans le communiqué de l’Elysée rendu public ce mardi. « Cette décision sera de nature à écourter sensiblement les délais d’attente liés à la procédure de déclassification, s’agissant notamment des documents relatifs à la guerre d’Algérie », a souligné le même texte.
A ce titre, l’Elysée a expliqué que la portée de cette décision « dépasse le cadre de l’Histoire de l’Algérie » et M. Macron « a entendu les demandes de la communauté universitaire », qui se plaint des difficultés d’accès aux archives classifiées de plus de 50 ans en raison de l’application scrupuleuse d’une circulaire sur la protection du secret de la défense nationale.
Pourra-t-on donc accéder à toutes les archives ? la réponse sera plus claire dès l’été 2020, car, la décision de macron anticipe des réformes engagées par l’Elysée concernant le dossier qui subi encore des ajustement.
Le communiqué a précisé en effet, que , « Le gouvernement a engagé un travail législatif d’ajustement du point de cohérence entre le code du patrimoine et le code pénal » afin de « renforcer la communicabilité des pièces, sans compromettre la sécurité et la défense nationales » . Ce nouveau dispositif ne sera pas prêt « avant l’été 2021 ».
La volonté de Macron de déverrouiller l’accès au archive soulève beaucoup d’opposition de la part des élites d’extrême droite pourra-t-il aller jusqu’au bout ? En visite à Constantine l’ambassadeur français à Alger, M. Gouyette, n’a pas manqué hier, d’assurant que « le président français veut vraiment bâtir une relation sereine, dynamique, positive et constructive avec l’Algérie et aller de l’avant et pousser la coopération dans un esprit constructif et amical ».
Archives, mémoire et Histoires
D’où l’absence quasi totale de cette période dans les manuels scolaires, pourtant elle était la principale cause la naissance de la 5e République sur les ruine de l’ancien régime.
Massacres, torture, déportations forcée, disparition, essais nucléaires, l’OAS, putsch et la chute de l’ancien régime, tous ces ingrédients s’enchevêtrent et se réunissent pour faire la lumière sur les atrocités de l’armée coloniale de la Xe région militaire – qui recouvrait les trois « départements algériens et le Sahara ». Le statut département en soi, constitue un déni du fait colonial qui permet à certaines élites française, de faire des d’archives et même des mémoires, une affaire privée.
Le commandement militaire jouissait d’une large autonomie dans l’action sous la couverture politique des gouvernements successifs de gauche comme de droite. D’ailleurs, cette Xe région était la seule circonscription militaire à disposer d’un bureau d’archives particulier, situé à Blida.
Par ailleurs autorités et historiens algériens affirment que les forces coloniales ont transférées en France tout au long des 132 ans d’occupation des centaines de milliers de documents; Certains d’entre eux remontent à l’époque ottomane (1518-1830) et bien avant. Sans compter les cartes des mines anti-personnelles qui continuent à tuer les inhabitants de certaines régions du pays, ou encore le sort des centaines de disparus algériens et sympathisants européens de la lutte des algériens pour l’indépendance.
L’ Algérie, n’a jusqu’à présent, récupéré que 2% des archives de la période coloniale (1830/1962), ce qui signifie qu’il y en a 98% encore en France. Notons que le porte parole du gouvernement algérien, Ammar Belhamir, avait qualifié en février dernier, le rapport de « non objectif ». M. Belhimer a expliqué que ce rapport « assimile la victime au bourreau et niant tous les faits historiques ».
Le sombre tableau de la France coloniale ne devrait en aucun cas faire de l’ombre à la volonté des deux sociétés notamment les jeunes, de se rapprocher. L’ouverture des archives constitue donc un des moyens pour apaiser les mémoires. Car il n’y a pas qu’une seule, mais plusieurs qui dépasseraient tous les historiens et les politiques réunis.