Par | Ahmed Halfaoui
Le rideau tombe sur le dernier acte de la tragédie. Le colonialisme nu, sans fard et sans état d’âme, vient de déposer officiellement les armes.
Elle tirait sur tous les Algériens. Il n’y a pas de bon Algérien qui tienne. Tous pareils, tous FLN. La femme de ménage et le facteur, l’homme de peine et le jardinier. Le système colonial dans toute sa vérité. C’est ce que représentait l’organisation des commandos Deltas.
Ce n’était pas de la folie, c’était de la lucidité. Une démarche froide et déterminée, aussi. Un européen, neuf algériens. Régler la question par le néant, en face. Annihiler, faute de soumettre définitivement, ceux qui ont définitivement refusé de servir. Ce système n’a pas créé que les opprimés, il a aussi créé ceux qui en vivaient.
Ils sont magnifiques ceux qui ont refusé d’en vivre. L’OAS les a mis au bout de ses fusils.
Prendre l’Algérie, toute l’Algérie sans les Algériens, ou rien. Avec tous les « bienfaits » qui vont avec. Les « bienfaits » de la colonisation disent certains…
Je termine par le poème de mon amie Annie Steiner, détenue à l’époque à Serkadji, écrit après l’exécution de Fernand Iveton, Ahmed Lakhnèche et Mohamed Ouennouri :
Ce matin ils ont osé
Ils ont osé
Vous assassiner
C’était un matin clair
Aussi doux que les autres
Où vous aviez envie de vivre et de chanter
Vivre était votre droit
Vous l’avez refusé
Pour que par votre sang d’autres soient libérés
Que vive votre idéal
Et vos sangs entremêlés
Pour que demain ils n’osent plus
Nous assassiner