« Non à l’élection du 4 juillet, non aux 3B Bensalah , Bedoui, Bouchareb »
De notre correspondante à Alger: Sahra Achour
Plus rien ne peut désormais dissuader le peuple algérien dans sa quête du changement. Ni l’entêtement du gouvernement à organiser les élections présidentielles, ni le ramadan avec la faim, la soif et la chaleur, ni encore la fermeture de la place de la grande poste. Aujourd’hui encore le peuple a fait une démonstration de force en sortant très nombreux dans la rue pour exprimer sa profonde volonté de voir partir le système en place depuis l’indépendance.
Comme d’habitude le matin aux environs de 9h30 des citoyens sont sortis munis de leurs drapeaux et de leurs pancartes sur lesquelles sont inscrits différents slogans appelant au changement radical du système et au rejet du prochain scrutin.
A nouveau des manifestations pacifiques se sont déroulées ce vendredi le 14eme depuis le 22 fevrier dans plusieurs villes du pays : Alger, Oran, Constantine, Annaba, Skikda, Batna, Setif, Khenchela, Bejaia, Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdes, Ain Defla, Djelfa, Mascara, Relizane, Bordj Bou Arreridj, Saida, Mostaganem, Tlemcen, Tiaret, Ain Temouchent, El Oued, Blida, Sidi Bel Abbès…
Au niveau de la capitale Alger, plusieurs interpellations ont été opérées par la police, très tôt le matin. Des centaines de citoyens se sont retrouvés ainsi dans les commissariats. Tentatives d’intimidation ou de déstabilisation du mouvement? Karim un jeune homme la quarantaine, venu d’Oran dit ne rien vouloir comprendre et que l’essentiel pour lui c’est de garder la mobilisation intacte jusqu’au départ du système. « Le peuple restera uni, rien ne peut plus nous faire peur, ni reculer désormais. Nous n’avons que trop subi depuis plus de 20 ans », nous confie notre interlocuteur. Selma, une femme au foyer de 35 ans, rencontrée en fin de journée a Alger, nous dit qu’elle descend tous les vendredis depuis le 22 Février dernier sur Alger. Cette mère de deux enfants vient de Ain Benian et exprime sa solidarité avec le peuple pour « une Algérie debout, nouvelle et avec un sang neuf. » « C’est pour mes enfants que je lutte pour qu’ils vivent mieux que nous, dans mon Algérie sans corruption, et sans dilapidation de ses biens ».
A partir de 11heures, plus les citoyens arrivaient en groupe, à la grande poste, plus la marche devenait imposante et même plus encore; impressionnante à la sortie de la prière du vendredi. Pour cette 14eme marche pacifique, les citoyens se sont imposés et ont marché vers Sahat Echouhada (place des Martyrs). L’un des slogans revenu, comme d’ordinaire ces derniers temps le rejet de l’élection présidentielle du 4 Juillet et comme d’habitude le départ des deux B, Bensalah et Bedoui. « Tetnehaw Gaa, le peuple exige l’application des articles 7 et 8 de la constitution », est une pancarte géante brandie par les manifestants.
Partout donc les marches populaires ont gardé leur caractère pacifique et imposant à l’exception d’Alger ou les interpellations de citoyens ont eu lieu et des tentatives de les disperser par la force parfois même à coup de matraques. Chose qui a engendré une certaine tension entre manifestants et agents de l’ordre.
Fait nouveau : des policières sont mobilisées aux côtés de leurs collègues hommes sans doute pour leur prêter main forte et tenter de contenir la foule nombreuse. Et comme à l’accoutumée, tous les accès à la capitale sont restés fermés. Il a été procédé même à des vérifications de papiers de certains automobilistes.
Les manifestants se sont dispersés dans le calme, mais avant ils se sont donnés rendez vous pour le vendredi prochain.