Par | Ahmed Zakaria
Le président algérien qui aurait joué un rôle pour convaincre le président sortant Maky Sall de la nécessité d’une transition pacifique à contre-courant des ères putschistes qui ont marqué la région, lors de leurs dernières rencontres, a été parmi les premiers présidents Africains à féliciter le nouveau président, voyant dans changement l’émergence d’un nouvel allié en Afrique de ouest pour le projet du renouveau du continent, porté par l’Axe Algérie- Afrique du Sud.
Après 11 mois de prison, le nouveau chef de l’Etat sénégalais est rentré tout de suite dans la compagne qui a suivi une période de troubles meurtrière.
Emprisonné pour outrage à magistrat, Bassirou Diomaye Faye a été libéré le 14 mars dernier en même temps que son guide et chef de parti dissous (PASEF), M. Osman Sanko. Les deux compagnons ont été libérés à la faveur d’une amnistie pour faire compagne. La candidature de Sanko ayant été invalidée, il avait passé la main à son bras droit comme candidat de leur parti.
Beaucoup d’analystes s’interrogeaient sur l’avenir du Sénégal. Ce pays a vécu depuis 2021 des périodes de troubles causés par le bras de fer entre Ousmane Sonko et le pouvoir ne place. Ce bras de fer entre une opposition panafricaine et l’ancienne oligarchie a été accentué par le flou maintenu par le président Maky Sall quant à sa candidature à un troisième mandat. Cette ambiguïté de fin de mandat a engendré des tensions sociales qui ont plongé le pays dans l’une de ses plus graves crises depuis des décennies, plus particulièrement lorsque le président Sall a décrété le 3 février un report de la présidentielle prévue trois semaines plus tard. Les troubles ont fait des dizaines de morts en trois ans et donné lieu à des centaines d’arrestations.
L’opposant antisystème, Bassirou Diomaye Faye a été déclaré officiellement vainqueur, de la présidentielle du 24 mars 2024 avec 54,58% des suffrages, mercredi, par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV). L’arrivée du plus jeune président dans l’histoire du Sénégal met fin à 12 ans de règne de son prédécesseur Maky Sall qui après une tentative de reporter les élections avortées par une farouche opposition populaire, a opté avec sagesse pour une transition pacifique et éviter ainsi à son pays un avenir incertain. Maky Sall a félicité le nouveau président pour sa victoire dès le premier tour.
Encore faut-il noter qu’au-delà de la triomphe dès le premier tour, il s’agit notamment, d’une victoire pour le Sénégal qui a réussi à surpasser cette étape délicate à travers d’élections organisées dans la paix et la transparence et en contre-courant des transitions secouées par des putschs successifs à l’instar des pays voisins.
Le Sénégal devrait donc, connaître de profonds mutations après l’installation d’un président légitime à l’abri du besoin de faire appel à des forces étrangères pour asseoir une gouvernance sereine, combien-même les intentions seraient justes.
Un nouvel élan pour le souverainisme panafricain
Inspecteur des impôts et produit de l’Ecole nationale supérieur de l’Administration, le nouvel élu adoptera certainement le programme souverainiste et panafricaniste est fortement inspiré par les combats menés par le FRAPP, le Front pour une Révolution Anti-impérialiste, Populaire et Panafricaine, un mouvement qui s’est propagé dans plusieurs pays de la région.
Sa longue expérience dans l’Administration des impôts lui confère une parfaite connaissance des dossiers de corruption et les réseaux « Françafrique » qui s’étend du Marco jusqu’au Golfe du Guinée. Il a promis de rétablir la souveraineté nationale et monétaire, combattre la corruption et sortir de la joute du Franc CFA.
Il s’est engagé également renégocier les contrats miniers, pétroliers et gaziers conclut avec des compagnies étrangères. Sachant que Dakar qui s’est engagée dans les résolutions souverainistes du Forum des pays exportateurs de Gaz, adoptés par le sommet d’Alger, pourrait commencer à produire du gaz avant la fin de cette années 2024.
Les pays africains souverainistes voient en la personne de Bassirou Diomaye Faye et son parti une amorce de changement qui fera l’équilibre en Afrique de l’ouest et au Sahel qui vit dans l’instabilité des périodes de transition qui accompagnent les putschs. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui aurait, selon des sources, joué un rôle considérable pour convaincre le président sortant Maky Sall de la nécessité d’une transition pacifique lors de leurs dernières rencontres, a été parmi les premiers chefs d’Etats à féliciter le jeune élu, voyant en lui un appui déterminant de l’Afrique de ouest dans le projet du renouveau du continent porté par l’Axe Algérie– Afrique du Sud.
Ces élections démocratiques constituent une amorce de changement qui fera l’équilibre pour la région, notamment pour le Sahel qui vit dans l’instabilité des périodes de transition qui accompagnent les putschs.