Par Ahmed zakaria
Après l’euphorie qui a suivi la destitution de Bachir suivie par les tristes événements survenus lors du sit-in devant l’Etat major à Khartoum et qui ont fait plusieurs morts, les ponts du dialogue pour une transition pacifique entre les forces de l’opposition et l’armée ont rompus.
un statu quo qui accéléré le rythme des médiations mais aussi les prémices d’une l’internationalisation, sur fond de guerres latentes entre des antagonistes régionaux et internationaux.
Soutenu par les américains, l’Ethiopie s’est ouverte un chemin sur la scène politique soudanaise, déjà minée par les rivalités entre l’alliance Saoudienne et Emirati d’une part, et la Turquie et le Qatar de l’autre. Il faut dire que ces deux derniers n’ont pas caché leurs intention d’aller jusqu’au bout, afin préserver les privilèges économiques que leur a offert le régime de Bachir transformant ce pays en une sorte de succursale économique de l’organisation transnationale des frères musulmans. A ce titre, un des journalistes les plus célèbres du Soudans Mohamed Charif Wardi a déclaré qu’un pourrissement de la situation profitera au premier lieu à cette organisation habituée à profiter des situations de crise pour se saisir du pouvoir.
Les prémices de l’internationalisation
En parallèle du sommet Africains présidé par le pays voisin l’Egypte, , les américains ont pris part à la valse des médiations. Washington a en effet, a annoncé mercredi dernier que les États-Unis nomment l’ancien diplomate Donald Booth comme émissaire spécial pour la crise au Soudan. Ce baroudeur diplomatique et connu pour sa parfaite connaissance de la région.
« L’émissaire spécial est déjà au travail, il accompagne le sous-secrétaire d’État chargé des Affaires africaines au Soudan», a déclaré la porte-parole dudépartement d’État.
Ambassadeur à la retraite, il a déjà occupé ce poste d’envoyé spécial pour le Soudan d’août 2013 à l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017. Sa mission est de tenter de trouver une solution « politique et pacifique» à la crise, précise le communiqué du département d’État.
Une semaine près la répression sanglante de la manifestation à Khartoum, l’administration américaine avait lancé un appel à la fin des violences et à la reprise du dialogue. L’affaire allait prendre une dimension internationale, mais a été vite stoppée par la Chine et la Russie, au sein de l’instance onusienne. A peine nommé, Donald Booth est parti à Khartoum puis sans détours, à Addis-Abeba.
La visite à Adis Abeba a d’ailleurs, vite été interprétée comme une action de mandatement du président Ethiopien Abiy Ahmed, ou une autre manière d’assurer une présence efficace, sans que ça n’apparaisse comme une ingérence.
La feuille de route éthiopienne propose un conseil de transition constitué de 7 membres civils et 7 militaires, plus un ou plusieurs sièges alloués à une personnalité neutre et consensuelle.
Après de longues tractations, les propositions de sortie de crise apportées par le président éthiopien, n’ont été acceptées que par l’opposition. Or, le conseil militaire a vu dans la proposition de l’union africaine comme une bouée de sauvetage. Plus les jours passent, plus les pressions de la rue et des acteurs régionaux et internationaux s’accentuent.
Le conseil militaire dirigeant au Soudan a déclaré que l’Éthiopie et l’Union africaine devraient «unir leurs efforts de servir d’intermédiaire entre le conseil et la coalition d’opposition quant à la forme que prendra le gouvernement provisoire dans le pays». Réclamant ainsi «un plan commun de transition, Ethiopie-UA».
« Le conseil a rejeté la proposition éthiopienne qui a été acceptée par la coalition d’opposition avant-hier, mais a initialement approuvé le plan d’AU, » a dit le porte-parole de conseil militaire lieutenant général Shamsuddin Al-Kabashi. « Les médiateurs ont gaspillé notre temps et celui du peuple soudanais qui souffre » a-t-il dit. Selon Reuters
Les sources proches de la proposition de médiation africaine, ont indiqué que « la suggestion africaine annule complètement l’accord précédent et suggère que les forces de liberté et le changement obtiennent 50 % du gouvernement provisoire et du Parlement. »
À son tour, le membre du conseil militaire, Yasser Atta, a souligné « qu’il n’est pas tolérable que chaque Etat nous fasse des propositions à sa guise » en indiquant que « l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes n’ont pas dicté des conditions ». Or, la rue ne cesse de dénoncer les ingérences de ces deux pays ainsi que l’Egypte. Une revendication légitime mais vite récupérer par les anciens du régime, proches de la mouvance des frères musulmans soutenus par leurs alliés, Erdoghan et le Qatar.
Atta a confirmé que « le choix de former le gouvernement existe et nous espérons que nous ne serons pas forcés de l’imposer » invitant « les forces de la liberté et le changement à s’adapter avec réalisme aux tournants qu’a pris cette crise et de convaincre les autres acteurs »