De Paris | Ilyess Marsic
Au total, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France, selon le syndicat CGT, et 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur. Du jamais vu depuis bien des années. Cette forte mobilisation a également connu des centaines de d’incendies et des batailles nocturnes à coup de bombes lacrymogènes entre groupe radicalisés et des forces de l’ordre.
Une mobilisation massive pour cette deuxième semaine d’action, depuis que le gouvernement a utilisé une disposition constitutionnelle, le 49.3, qui lui permet d’outrepasser les représentants du peuple. Il faut dire que depuis son installation le gouvernement de la majorité a légiféré pas moins de 11 fois, en usant de cet article.Quiprévoit notamment le recul de 62 à 64 ans du départ en retraite.
Paris a enregistré un nombre record de manifestants et la mobilisation est en hausse à l’échelle du pays et face à l’entêtement du chef de l’Etat, la situation risque de se détériorer, ce samedi, alors la majorité parlementaire dévitalisée, mise sur espoir de voir la contestation s’étiolerait et que tout rentrerait dans l’ordre « ce week-end ». Rien de de cela n’est à prévoir.
Plusieurs personnalité, des magistrats ou encore des avocats, ont dénoncé les pratiques de la police face au mouvement social en cours, pointant en particulier l’action musclée des BRAV-M et des gardes à vue « arbitraires » . Assiste-t-on à un retour à la période des Gilets jaunes, durant laquelle les violences à l’encontre des manifestants s’étaient multipliées ?
Des vidéos relayées sur les réseaux sociaux montrant des actions musclées des Brigades de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) ont en outre suscité de nombreuses réactions. L’adjoint écologiste à la mairie de Paris David Belliard s’est ainsi ému des vidéos de charges et de matraquages effectués par la BRAV-M dans un « cortège sauvage » formé aux alentours de Châtelet, certains policiers s’en prenant à des manifestants qui ne semblaient pas présenter un danger particulier. « Rien ne va dans ces images !!! Assurer le maintien de l’ordre, ce n’est pas faire les cow-boys ! », a-t-il blâmé, affirmant que « cette violence injustifiée n’est pas digne d’un Etat de droit ! ».
Les manifestations, grèves et débrayages « sont une réponse » à l' »entêtement incompréhensible » du président, ont souligné les syndicats et les manifestants, en estimant que « la responsabilité de la situation explosive », avec la multiplication des incidents, incombait au gouvernement.
Paris a été en proie à des incendies et manifs sauvages, tandis que la plupart des autres villes notamment Lyon, Masseilles, Toulouse, Lilles, etc… Les émeutiers commencent à s’attaquer aux mairies et à d’autres institutions de la République.
Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, a fait état vendredi de « 457 interpellations » et de « 441 policiers et gendarmes blessés » jeudi en France lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
L’on avait presque l’impression que chacun d’entre Macron, Borne, Darmanin chantait à sa propre répartition. Invité de Cnews, le ministre de l’Intérieur a affirmé en outre qu’il y avait eu « 903 feux de mobiliers urbains ou de poubelles » jeudi à Paris lors de la manifestation intersyndicale. Il a vite été recadré par L’ONG Amnesty International, lui rappelant qu’être dans une manifestation non déclarée n’était pas un délit, comme il l’affirme, au regard du droit international.
Pour sa part, la Première ministre Elisabeth Borne a jugé « inacceptables » les « violences et dégradations » dans les manifestations. Elle n’a semble-t-il pas évalué l’ampleur des dégâts causés par Macron avait « jeté un bidon d’essence sur le feu » avec son interview la veille, dans laquelle il est resté inflexible, et parfois condescendant vis-à-vis des français.
Les résultats de ce manque de coordination dans la communication de crise a été traduit par: pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles.
La préfecture de police a recensé « environ un millier » d’éléments radicaux dans la capitale, où la situation restait chaotique en début de soirée, avec des incidents toujours en cours.
A Nantes et Rennes (ouest) aussi, des heurts ont opposé des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes et de canon à eau. A Lorient, une ville généralement paisible, le commissariat a été pris pour cible. Des tensions plus ou moins fortes ont également été observées dans d’autres villes comme Toulouse, Bordeaux (sud-ouest) ou Lille (nord).
La visite de Charles III en France « reportée » en raison des manifestations, annonce l’Elysée
L’Elysée qui attendait avec impatience l’arrivée de Charles III ; a annoncé que la visite en France du souverain britannique, prévue du 26 au 29 mars, avait été « reportée » en raison de la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui aura lieu le 28 mars.
La décision a été « prise par les gouvernements français et britannique, après un échange téléphonique entre le Président de la République et le Roi ce matin, afin de pouvoir accueillir « Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d’amitié », écrit la présidence française dans un communiqué, promettant une reprogrammation de la visite « dans les meilleurs délais ».
Charles III devait s’exprimer le 27 mars devant les sénateurs et les députés Le roi Charles et Camilla se réjouissent d’aller en France « dès que des dates pourront être trouvées », a réagi de son côté le palais de Buckingham. Cette annonce survient au lendemain d’une 9e journée de manifestations dans toute la France contre la réforme phare du chef de l’Etat.
Au soir de cette mobilisation, l’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de manifestations et de grèves le 28 mars. Dans ces conditions, la visite du roi suscitait les plus grandes inquiétudes. Son programme précis n’avait pas été publié alors que Charles III devait atterrir à Paris le 26 mars. Il devait notamment s’exprimer le lendemain devant les sénateurs et les députés et participer à un dîner d’Etat au château de Versailles, en compagnie de la reine consort Camilla.