«L’armée a eu un rôle déterminant dans le changement de la situation politique en Algérie», affirme le professeur Sidaoui, spécialiste en science et études politiques et président du Centre arabe de recherches et d’analyses politiques et sociales de Genève.
Ainsi, il explique qu’en plus des deux autres facteurs que sont «la radicalisation de l’opposition et l’effritement de la classe politique dirigeante», le ralliement de l’Armée nationale populaire (ANP) sous la direction de son chef d’état-major, le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, a été «le coup de grâce porté à l’ancien régime du Président Abdelaziz Bouteflika».
En réponse à ceux qui reprochent à l’ANP de ne pas avoir agi avant le début du Hirak du 22 février, le spécialiste rappelle que «ceci aurait été immédiatement qualifié de coup d’État contre un Président élu avec toutes les conséquences incalculables qui pourraient en découler».
Par ailleurs, Riyad Sidaoui a mis en garde contre l’ingérence politique et médiatique étrangère qui vise à casser cette union «sacrée» entre le peuple algérien et son armée, accusant l’ANP de vouloir s’accaparer du pouvoir et imposer son agenda. «Le Hirak s’est articulé autour du slogan djeïch chaâb khaoua khaoua [l’Armée et le peuple sont frères, ndlr]», a-t-il rappelé.
Le jeudi 12 décembre, les Algériens ont élu Abdelmadjid Tebboune au poste de Président de la République. Ainsi, un premier pas a été franchi dans la résolution de la crise politique. Cependant, tout reste à faire pour régler les problèmes socio-économiques ayant provoqué le mouvement du 22 février.
Pour Mustapha Benabdelaziz, spécialiste en économie politique et enseignant à l’université d’Alger, les réponses attendues par les Algériens relèvent dans ce volet de la responsabilité des élites politiques et économiques.
«La diversification de l’économie et la construction d’une vraie économie de marché basée essentiellement sur l’industrie» est la première tâche à laquelle devrait s’atteler la prochaine équipe gouvernementale, a-t-il affirmé. Dans le même sens, la création d’emplois et la mise en place de réformes à même de permettre aux jeunes «de mettre en œuvre leurs capacités créatrices», devraient être le fil directeur de la nouvelle stratégie gouvernementale qui empêchera la répétition des erreurs du passé.
Qu’en est-il de la société civile?
La société civile algérienne qui s’est mobilisée depuis le 22 février pour exiger un changement radical du système politique a un rôle crucial à jouer, affirme le professeur Abdelaziz Rasmal, enseignant de sociologie à l’université d’Alger.
Pour lui, la réussite du Hirak tient également à une participation active de ses leaders au changement à condition que ces derniers acceptent de structurer le mouvement et de lui offrir une direction.