Le candidat affilié au pouvoir en place, Mohamed Cheikh El-Ghazouani, a été élu avec 52% des suffrages au premier tour, selon les résultats diffusés dimanche soir par la Commission électorale. L’opposition récuse les résultats.
Ghazouani a obtenu précisément 52,01% des suffrages, selon les résultats complets affichés peu après 20H40 GMT sur l’écran de la Commission nationale indépendante (Céni).
Il est suivi par quatre opposants: le militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid (18,58%), l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar (17,87%), le journaliste Baba Hamidou Kane (8,71%) et le professeur d’histoire Mohamed Ould Moloud (2,44%).
La participation s’est établie à 62,66% des quelque 1,5 million d’électeurs, selon la Céni.
Les candidats de l’opposition ont récusé dimanche après-midi les résultats de la commission, annonçant qu’ils allaient les contester par la voie judiciaire mais appelant aussi le peuple mauritanien à « résister dans les limites de la loi ».
Les Mauritaniens se sont déplacés samedi en nombre pour élire leur président, qui devra préserver la stabilité chèrement conquise par ce vaste pays du Sahel, mais aussi en assurer le développement économique et y faire progresser le respect des droits humains.
Ce scrutin doit marquer la première transition entre deux présidents élus dans ce pays secoué par de nombreux coups d’Etat de 1978 à 2008.Le président sortant ne pouvait se représenter après deux mandats.
Dimanche soir, la Commission nationale électorale indépendante (Céni) a confirmé la victoire de Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, dit Ould Ghazouani, qui a remporté 52,01% des suffrages sur l’ensemble des bureaux.
Ces résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel après examen d’éventuels recours, alors que les quatre candidats d’opposition ont annoncé, ont fait savoir qu’ils allaient utiliser tous les recours légaux.
Selon les observateurs, la victoire de M. Ghazouani, un général à la retraite de 62 ans, ancien chef d’état-major et ex-ministre de la Défense, marque « une première transition entre deux présidents élus en Mauritanie ».
Appel au calme et à la patience
Aussitôt annoncés, les résultats de la présidentielle ont été rejetés par l’opposition. Un des candidats malheureux Biram Ould Dah Ould Abeid a déclaré: « le pouvoir a perdu la bataille électorale », lors d’une conférence de presse conjointe des quatre candidats de l’opposition, qui se sont engagés avant le vote à se soutenir en cas de second tour le 6 juillet.
Ould Abeid a également appelé les Mauritaniens à « résister dans les limites de la loi à ce énième coup d’Etat contre la volonté du peuple ».
« Nous allons organiser des manifestations de protestation, c’est notre droit constitutionnel », a déclaré de son côté, l’autre prétendant Mohamed Ould Moloud, insistant sur le caractère « pacifique » du mouvement de contestation, ont rapporté des médias locaux.
Ces manifestations débuteront lundi après-midi, a précisé de son côté, Baba Hamidou Kane avant d’ajouter: « les quatre candidats de l’opposition iront demain (lundi) à la Céni porter officiellement leur protestation et le rejet des résultats ».
Quant à Sidi Mohamed Ould Boubacar, il a dénoncé de « multiples irrégularités », exigeant la publication par la CENI des résultats « bureau par bureau ».
Sur le terrain, des incidents ont été enregistrés lorsque El-Ghazouani a revendiqué la victoire dimanche matin, en plusieurs endroits de la capitale et à Nouadhibou, (nord-ouest), l’unique province où le candidat de la majorité n’est pas arrivé en tête, devancé par Ould Abeid.
Mohamed Ould Ghazouani a effectivement fait une déclaration au Palais des congrès de Nouakchott et en présence du chef de l’Etat sortant. Il s’est proclamé vainqueur, dès le premier tour, et avec une large avance.
Le président de la Céni, Mohamed Vall Ould Bellal, a immédiatement réagi à cette auto-proclamation soulignant que « toute autre déclaration ou annonce qui ne viendrait pas de la Céni n’a pas raison d’être », ajoutant que la Céni « est la seule habilitée à annoncer des résultats provisoires qu’elle transmet et qu’elle soumet au Conseil constitutionnel ».
Les opposants ont dénoncé la manœuvre politique de Mohamed Ould Ghazouani. « Annoncer sa victoire, c’est mettre la Céni et la communauté internationale face au fait accompli », a ommenté Biram Dah Abeid.
Dans un geste d’apaisement, le ministre mauritanien de l’Intérieur Mohamed Ould Mouldoud a convoqué d’urgence dimanche les quatre candidats de l’opposition qui rejettent la victoire du candidat du pouvoir au premier tour de la présidentielle du 22 juin, les appelant à « calmer la rue« .
En outre, par la voix de Mohamed Ibn Chambas, représentant du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (Unowas), l’ONU a félicité les Mauritaniens « pour la tenue paisible de l’élection présidentielle » et réitéré l’appel de M. Guterres « à résoudre tout litige éventuel » par la voie judiciaire.
« Nous espérons que pour préserver la paix et la stabilité dans le pays et contribuer à la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance, toutes les parties prenantes doivent jouer leur rôle dans ce processus qui est toujours en cours », a dit M. Mohammed Ibn Chambas après avoir été reçu par le président sortant dimanche.
Il a, en outre, exhorté tous les candidats à « faire preuve de patience en laissant la Commission électorale conduire le processus électoral à son terme dans le plein respect de la Constitution et des lois en vigueur en Mauritanie ».
M.B/Synthèse APS