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Massacre des migrants à l’enclave espagnole de Nador-Melilla : des ONG espagnoles portent plainte

Ce drame migratoire est le plus meurtrier jamais survenu lors des nombreuses tentatives de migrants de pénétrer dans Melilla et dans l’enclave espagnole voisine de Ceuta, les deux principales frontières terrestres de l’UE avec le continent africain. Plusieurs ONG renvoient dos à dos le gouvernement de Pedro Sanchez et le Makhzen du Royaume Alaouite

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Paris | Ilyes Marcisc


MADRID – Plusieurs ONG et associations espagnoles de défense des droits de l’Homme ont déposé, vendredi, une plainte devant le tribunal d’instruction de l’enclave espagnole de Melilla, pour réclamer l’ouverture d’une enquête « exhaustive et détaillée » sur ce qui s’est passé le 24 juin 2022, quand au moins 37 migrants ont été brutalement tués par la police marocaine.

Dans un communiqué conjoint relayé par l’agence Europa Press, les ONG Coordinadora de Barrios, le collectif Ca-Minando Fronteras, l’Association des étrangers en réseau, l’Association pour les droits de l’Homme d’Espagne et l’association Lab 38 ont indiqué qu’elles « rejetaient totalement les conclusions auxquelles est parvenu le bureau du procureur général de l’Etat sur cette affaire ».

« Nous estimons que le Parquet a mené une enquête insuffisante pour découvrir la vérité et tirer toute la lumière sur les graves violations des droits de l’Homme ce jour-là et qu’il n’a pas respecté les normes de justice, de vérité et de réparation auxquelles les victimes et leurs familles ont droit », ont écrit les ONG et les associations espagnoles.

« Cette plainte est la seule option laissée aux survivants, aux victimes et à leurs familles pour connaître la vérité, obtenir justice et réparation et pour que leurs voix et témoignages soient entendus, selon les normes de protection et de sécurité appropriées à leur situation, compte tenu des graves violations des droits commises », a indiqué aux médias la militante des droits de l’Homme et fondatrice du collectif Ca-Minando Fronteras, Helena Maleno.

Allant dans le même sens, la porte-parole de l’association Lab 38, Sonia Ros, a indiqué que cette démarche a pour but de corriger le tort commis par le bureau du procureur général de l’Etat, soulignant qu’elles étaient « totalement confiantes » en la justice pour prononcer un verdict juste et rétablir les victimes dans leurs droits.

« Nous sommes confiantes en la justice pour mener une enquête indépendante et impartiale sur les faits dénoncés dans la plainte et dans laquelle sont identifiés les responsables de ce massacre », a indiqué Mme Ros, notant que l’Etat espagnol est soumis à des obligations en termes de respect des droits de l’Homme.

Lors de ce drame, près de 2.000 migrants subsahariens qui tentaient de franchir la frontière entre Nador (Maroc) et Melilla (Espagne) ont été brutalisés par les policiers marocains. Au moins 37 d’entre eux ont été tués dans ces violences, selon des organisations des droits de l’Homme marocaines.

Amnesty International avait accusé les autorités marocaines et espagnoles d’avoir « contribué à ce drame et de vouloir depuis; « dissimuler » la vérité.

 « Les méthodes employées par les autorités marocaines et espagnoles (…) ont contribué à la mort d’au moins 37 personnes », affirme dans un rapport l’ONG, qui a recueilli de nombreux témoignages de migrants présents le 24 juin à la frontière entre le Maroc et Melilla et analyses vidéos et images satellites.

« Certaines actions des agents espagnols et marocains, comme frapper des personnes immobilisées (…), refuser des soins médicaux d’urgence aux personnes blessés, l’usage répété de gaz lacrymogène contre des personnes se trouvant dans un espace clos dont elles ne pouvaient s’échapper, peuvent constituer une violation du droit à ne pas subir de torture et autres mauvais traitements », ajoute Amnesty.

« Les autorités espagnoles et marocaines continuent de nier toute responsabilité dans le carnage de Melilla », alors que « les preuves s’accumulent au sujet de multiples violations graves des droits humains (…) Cette situation sent la dissimulation et le racisme », estime la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, citée dans un communiqué de l’ONG.

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