NEW YORK (Nations-Unies) -Le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté lundi une résolution visant à renouveler les mesures de sanctions concernant le Mali pour un an, jusqu’au 31 août 2022. La résolution 2590, qui a recueilli le soutien unanime des 15 membres du conseil, décide également de prolonger jusqu’au 30 septembre 2022 le mandat du groupe d’experts qui assiste le comité des sanctions.
Par Rasheed Ghezali
Elle réaffirme par ailleurs, que les mesures de sanctions -interdiction de voyager et gel des avoirs- s’appliqueront aux individus et entités désignés par le comité des sanctions, notamment pour leur implication dans la planification, la direction ou la commission d’actes au Mali qui violent le droit international humanitaire et qui pourraient comprendre des attaques contre le personnel médical ou le personnel humanitaire.
La France, porte plume des résolutions sur le Mali, a fait circuler le projet de résolution la semaine dernière aux membres du Conseil de sécurité et a tenu une série de consultations le 19 août.
Le projet de résolution comprend un gel des avoirs et une interdiction de voyager jusqu’au 31 août 2022, et une prolongation du mandat du Groupe d’experts sur le Mali jusqu’au 30 septembre 2022.
Le Conseil de sécurité a établi le régime de sanctions au Mali en 2017 pour accroître la pression sur les parties signataires, le gouvernement et les groupes armés du nord du Mali, afin qu’ils mettent en œuvre l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, signé en 2015.
Depuis lors, le Comité des sanctions a imposé des sanctions à huit personnes, en décembre 2018 et juillet 2019, pour entrave à la mise en œuvre de l’accord, ainsi que d’autres violations telles que l’attaque des forces armées maliennes et l’entrave à l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le Conseil de sécurité exprime dans le projet de résolution son impatience à l’égard des parties responsables du retard persistant dans la mise en œuvre de l’accord de paix.
Le texte aborde en outre les troubles politiques au Mali provoqués par le changement non-constitutionnel du 18 août 2020 qui a poussé le président Ibrahim Boubacar Keïta à la démission, et le deuxième coup de force contre les autorités de transition du pays le 24 mai.
Il réitère les appels du Conseil aux autorités maliennes à mener à bien la transition politique dans le délai fixé de 18 mois, y compris l’organisation de l’élection présidentielle prévue le 27 février 2022, et réaffirme que le chef de la transition, le vice-président et le Premier ministre de la transition ne doit en aucun cas être candidat à l’élection.
Aussi, le projet de résolution demande au Groupe d’experts de fournir au Conseil de sécurité, après discussion avec le Comité des sanctions 2374 du Mali, un rapport à mi-parcours au plus tard le 28 février 2022, un rapport final au plus tard le 15 août 2022, et des mises à jour périodiques entre les deux documents.
Le 10 juin courant, le président français, Emmanuel Macron avait annoncé la fin de la mission Barkhane au Mali actant l’échec d’une politique militaire ayant duré huit ans sur fond de montée du sentiment anti-français dans ce pays sahélien.
L’opération Barkhane a été largement contestée au Sahel après la multiplication des bavures de l’armée française au Mali, dont la plus sanglante avait fait en janvier 19 morts, parmi les civils à la lisière du village de Bounti, dans le centre du pays. Plusieurs manifestations à Bamako durant lesquelles la France et la MINUSMA ont été accusés de vouloir « pousser le pays vers la catastrophe » et d’ « imposer un conflit sectaire que le Mali n’a jamais connu« , s’ppuyant sur la sanglante expérience de la République Centrafricaine.
Le déploiement en 2013 des forces des opérations Serval et Barkane au Mali, a permis aux forces françaises d’implanter plusieurs bases militaires dans d’autres pays de la région, sans pour autant enregistrer un succès, tant sur la registre de la lutte antiterroriste que celui du crime transnational et du trafic d’humain.
Depuis cette date, la violence double d’année en année, et avec elle le nombre de morts civils et militaires, ainsi que le nombre de personnes déplacées. Les groupes « terroristes » pour la plupart venus de Libye , et qui ne contrôlaient que certaines villes du nord du Mali en 2013, ont étendu leur influence au centre du Mali, le nord du Burkina Faso et le nord-ouest du Niger. Aujourd’hui, ils menacent les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire.
Sur fond de rejet de la France d’augmenter l’effectif de la Minusma , le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé en fin juin de prolonger jusqu’au 30 juin 2022 sa mission de casques bleus déployée au Mali, pour inclure le soutien à la transition politique du Mali pour la formation d’un gouvernement civil élu, promis par les nouveaux dirigeants du pays issus de deuxième putsch.