Par | Heeba Nawel / Agences

Le président tchadien est visé par une enquête préliminaire du parquet national financier français (PNF) pour soupçons de biens mal acquis, selon les informations de l’AFP et de RFI. Il est accusé de détournements de fonds publics en raison de ses «dépenses vestimentaires». Cette procédure a été déclenchée suite à une enquête du journal d’investigation français,

« Nous espérons que cette enquête établira la vérité et dissipera l’intention de nuire à la réputation du président de la République du Tchad, l’homme neuf de valeurs qui a dirigé une transition politiquement et historiquement réussie », a déclaré à l’AFP Armand Gambaye Ndjegoltar Ndjerakor, conseiller à la communication à la présidence tchadienne, une enquête visant le président Mahamat Idress Déby ayant été rendue publique le 2 juillet. Celle-ci est désormais entre les mains de l’Office central de répression de la grande délinquance financière.

Selon le média Français, le président tchadien aurait dépensé plus de 900 000 euros en costumes et chemises, au moyen de versements reçus entre 2021 et 2023 d’une société tchadienne, MHK Full Business. Selon RFI, 57 costumes auraient été achetés, « d’une valeur unitaire allant de 9 000 à 13 000 euros, 100 chemises à 800 euros la pièce, ou encore neuf sahariennes à 7 500 euros chacune:

N’Djamena crie à « la manipulation politique »

La présidence Tchadienne a dénoncé une « manipulation politique », accusant en retour, sans le nommer « un conseiller chargé des affaires présidentielles et ancien ministre d’État » de l’avoir orchestrée cette cabale.

Le porte parole du président Tchadien a expliqué que Mahamat Idriss Déby Itno n’a jamais été un adepte de la sape, préférant les habits traditionnels de son pays.

Par ailleurs, Selon le magazine Challenges, l’enquête pourrait être élargie au patrimoine immobilier que détient la famille Déby et son entourage dans l’Hexagone.

Âgé de 37 ans, le général Mahamat Idriss Déby Itno a été élu président du Tchad le 6 mai, en dépit d’un scrutin très contesté par l’opposition et des ONG internationales, trois ans après avoir été proclamé président par l’armée en avril 2021. Son père Idriss Déby Itno a été tué par des rebelles en se rendant au front après avoir dirigé le Tchad pendant 30 ans.

D’autres enquêtes sont en cours en France contre des dirigeants africains. Des enquêtes pour soupçons de biens mal acquis visent les Bongo au Gabon et les Sassou-Nguesso au Congo-Brazzaville qui s’apprête à engager un partenariat stratégique avec Moscou où il s’était entretenu, la semaine dernière, avec le président Poutine.

L’enquête du parquet national financier français sur les dépenses vestimentaires du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno soulève des interrogations quant à ses véritables motivations.

Selon certains analystes africains, cette procédure judiciaire s’inscrirait dans un agenda caché visant à s’attaquer à des dirigeants africains s’orientant vers de nouvelles alliances, notamment avec la Chine et la Russie. Cette enquête pourrait selon eux, s’inscrire dans une stratégie visant à fragiliser un allié de poids pour Paris dans la région

À cet égard, certains d’entre eux s’appuient sur que le président français Emmanuel Macron, ait été le seul chef d’État occidental à s’être rendu à N’Djamena pour féliciter Mahamat Idriss Déby Itno, qui s’était autoproclamé président de manière inconstitutionnelle après la mort de son père, l’ancien dictateur Idriss Déby.

Le Tchad revêt en effet une importance capitale pour la France, qui y maintient encore un millier de soldats, alors que sa présence s’est fragilisée dans d’autres pays du Sahel.

Le 2 juillet, le parquet national financier français a confirmé l’ouverture d’une enquête préliminaire pour détournements de fonds publics et recel, concernant les dépenses vestimentaires du président tchadien. Selon les informations de l’AFP et de RFI, Mahamat Idriss Déby Itno aurait dépensé plus de 900 000 euros en costumes et chemises, via des versements effectués par une société tchadienne, MHK Full Business.

Cette enquête intervient dans un contexte géopolitique tendu, alors que le Tchad est l’un des derniers bastions de l’influence française en Afrique. Certains analystes estiment que cette procédure judiciaire pourrait s’inscrire dans une stratégie visant à fragiliser un dirigeant africain s’orientant vers de nouvelles alliances, dans un jeu d’influence où les enjeux dépassent largement les simples dépenses vestimentaires.