Par | Ahmed Zakaria
Cet événement tragique témoigne également d’un feu vert donné par les États–Unis à l’escalade, malgré leurs déclarations d’apaisement. Il reste à voir comment l’« »axe de la résistance » réagira. Hassan Nasrallah a promis une riposte : « œil pour œil, dévastation pour dévastation ». La question demeure : quand sa réponse se manifestera-t-elle ? Cela dépendra du degré de mobilisation de la diplomatie secrète des pays impliqués, directement ou indirectement, dans ce conflit, qui, malgré le blocus médiatique, conserve sa primauté importance mondiale, grâce à l’attaque du 7 octobre dernier, qui est aussi considérée par les observateurs les plus avertis comme la date de la victoire des Palestiniens.
Dans la nuit de mardi à mercredi, deux missiles se sont abattus à quelques heures d’intervalle. L’un a frappé un immeuble dans la banlieue sud de Beyrouth, causant la mort d’au moins trois personnes, dont une femme et deux enfants, ainsi que plusieurs blessés, tous des civils. Ce missile israélien visait un haut cadre du Hezbollah, Fouad Choukr. L’autre missile, quant à lui, a touché le cœur de la capitale iranienne, Téhéran, fauchant la vie d’Ismaël Haniyeh et de ses accompagnateurs.
Cette escalade était prévisible, après le « false flag » maladroitement concocté par « Israël », incarné dans l’attaque par un engin explosif non identifié, ayant coûté la vie à quinze jeunes Druzes dans le Golan syrien occupé, servant ainsi de prétexte pour légitimé la suite. Elle s’inscrit également dans le contexte des déclarations américaines affirmant que les États-Unis défendront « Israël » en cas de confrontation directe.
La réponse iranienne n’a pas tardé à suivre. « L’Iran fera regretter aux occupants terroristes l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh », a déclaré le président iranien fraîchement installé, Massoud Bizeshkia. Il a affirmé que l’Iran défendrait son intégrité territoriale, son honneur et sa dignité, promettant de « faire regretter aux envahisseurs leurs actes ».
Pour sa part, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a réagi par une allocution promettant des représailles au cœur de l’État sioniste : « La dévastation d’un immeuble à Beyrouth sera suivie d’une dévastation d’un autre à Tel-Aviv », a-t-il menacé.
Malgré ce ton agressif, de nombreux observateurs s’accordent à dire que ni les Libanais ni les Iraniens n’offriront d’échappatoire au gouvernement de Netanyahu et à son armée de « Haganah ». Une guerre régionale totale pourrait faire oublié l’échec retentissant de l’armée israélienne et son incapacité à réaliser la moindre victoire militaire face à la résistance farouche des factions palestiniennes et à l’attachement indéfectible de la population de Gaza à sa terre.
Cependant, le cauchemar de la « Huppe » continue de hanter l’esprit des chefs militaires israéliens. Ce drone libanais a donné aux Israéliens un aperçu de la banque de cibles stratégique potentielles pour le Hezbollah, à travers son célèbre survol au-dessus de sites critiques dans les profondeurs de la Palestine occupée.
Ce fait pourrait être l’une des raisons majeures de l’affolement de Netanyahu et son armée. l’impact économique sociale ainsi que l’isolement diplomatique et académique causé par cette guerre, ne lui laisse semble-t-il pas d’autre choix que d’impliquer ses alliés traditionnels pour échappé à la justice .
La probable attente tactique, à laquelle le Hezbollah a habitué la population israélienne, permettra de se tenir en spectateur du front intérieur israélien, en proie à un ébullition qui présage la désintégration des structures sociales et institutionnelles, tout en étant en marge du reste de l’humanité, choquée par les massacres quotidiens perpétrés dix mois durant, contre femmes et enfants.
Les réactions d’indignation face à ces assassinats, qui violent toutes les lignes rouges du droit international, ont fusé de toutes parts. Des pays arabes, la Chine, la Russie, ainsi que des pays européens, africaines et latino-américaines, ont majoritairement condamné ces méthodes criminelles que Netanyahu, son gouvernement et ses colons tentent de faire passer pour une légitimité de défense.
Dr Leila Nicolas, géopolitologue et professeure de relations internationales à l’université de Beyrouth, estime que l’axe de la résistance élargi « doit réagir, sous peine de perdre tous les points qu’il a accumulés et la crédibilité des menaces qu’il a proférées à l’encontre d' »Israël ». Elle conclut que les jours, les semaines ou les mois à venir pourraient connaître trois scénarios.
Le premier serait une réponse majeure qui conduirait à une guerre totale dans la région, à laquelle les États-Unis prendraient part. Le second scénario serait une réponse similaire à la riposte iranienne après le ciblage du consulat à Damas, où les choses reviendraient à leur état antérieur.
quant au dernier scénario, il sera basé sur des arrangements multilatéraux, selon lesquels cette escalade israélienne serait suivie d’un cessez-le-feu à Gaza (après avoir donné à Netanyahu en mal de gloire, l’occasion de déclarer enfin une victoire, puis de conclure une trêve.