Rabat | La récente adoption par le gouvernement marocain de la nouvelle version du projet de loi sur les procédures pénales a déclenché un véritable feu d’artifice de réactions de la part d’organisations de droits humains et d’acteurs politiques. Ces derniers n’ont pas manqué de critiquer les modifications introduites, qui visent à « resserrer l’étau autour des lanceurs d’alerte en matière de corruption financière ». Une initiative qui, selon eux, ressemble à un grand cirque où les ministres, hauts fonctionnaires et élus deviennent les vedettes d’un numéro de protection contre les poursuites judiciaires.
Ce projet de loi « scandaleux » restreint les entités habilitées à demander des enquêtes judiciaires sur les crimes financiers et interdit à la société civile de déposer des plaintes. Un véritable coup de théâtre qui s’apparente à une atteinte flagrante aux associations de la société civile, ces mouvements du quotidien qui luttent pour dénoncer la corruption et les pratiques illégales au sein des institutions du régime.
Mohamed Ghlousi, président de l’Association marocaine pour la protection des biens public, a déclaré que l’objectif réel de cette démarche est de « dépouiller la société, tant individuellement que collectivement, de tous les outils juridiques nécessaires pour lutter contre la corruption ». Une manœuvre qui fait penser à un magicien dérobant les cartes de ses spectateurs, alors que les bénéficiaires de la corruption se mettent en roue libre, convaincus que le contexte actuel leur permet de faire passer de telles lois.
Ghlousi a précisé que les modifications au projet de loi traduisent une volonté manifeste « de fermer le champ des droits civiques et de le vider de son contenu », comme si l’on voulait mettre un couvercle sur une casserole bouillante pour éviter les débordements.
Dans le cadre d’une vague de critiques acerbes, la Fédération de la gauche démocratique a « vigoureusement » dénoncé la nouvelle loi, la qualifiant de « restriction des libertés publiques« . Elle a averti que ce projet intervient à un moment où « l’implication des parlementaires et des conseillers dans des affaires de corruption augmente« , comme si le gouvernement jouait à cache-cache avec la justice dont il est sensé la consacrée.
L’Association nationale de défense des droits de l’homme au Maroc a également exprimé son « indignation » face aux contenus de ce projet, qui « s’opposent à toute législation internationale ».
Réagissant à la situation, Abdelaziz Aftati, un dirigeant du « Parti de la justice et du développement », a déclaré que « ce gouvernement suspect ne peut pas manquer l’occasion de légiférer, en particulier sur le projet (des procédures pénales), sans renforcer ses propres intérêts« . Un vrai numéro de jonglage où les intérêts personnels prennent le pas sur l’intérêt général.
Des rapports locaux et internationaux confirment que le système lui-même est organisé autour de la corruption.
Avec la succession de scandales, allant de l’affaire de la raffinerie ASAMIR aux détournements fiscaux impliquant des élus et des membres du gouvernement, des rapports internationaux ont révélé « le niveau alarmant des fonds publics détournés ou évadés du Maroc, atteignant des chiffres astronomiques ». C’est un véritable festival de l’absurde où les coupables semblent bénéficier d’une impunité quasi totale.
Selon un rapport des Nations Unies sur la justice fiscale, l’évasion fiscale au Maroc s’élève chaque année à 5,2 milliards de dollars. Pendant ce temps, le volume des fonds marocains évadés à l’étranger par des moyens illégaux atteint des sommets vertigineux. Ces chiffres ont doublé depuis l’arrivée au pouvoir d’Akhnouch, qui semble jouer au Monopoly avec les ressources du pays.
Les forces de sécurité ont réprimé de nombreuses manifestations dénonçant le pillage systématique des fonds publics, révélées par des enquêtes de la Cour des comptes, sans que les auteurs de ces crimes économiques n’aient subi la moindre sanction.
Les rapports affirment que « la corruption au Maroc s’est enracinée dans la structure du système politique et économique ». Comme un mauvais film, où la mafia au pouvoir s’enrichit et renforce sa base sociale à partir des élites corrompues. Plus inquiétant encore, le système a formé des alliances avec des forces extérieures, notamment des lobbies financiers mondiaux en particulier les lobbies sionistes, pour s’assurer une pérennité à toute épreuve et imposer un équilibre avec la famille Alaouite qui règne sur le Pays depuis 1912 date du protectorat français, lorsque la Maréchal Lyautey avait fondé le Maroc.