Selon le « Foreing Policy » le revirement du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez sur la position traditionnelle de la diplomatie espagnole vis-à-vis de la question du Sahara Occidental, a mis fin au rêve de Madrid de devenir un Hub énergétique pour l’Europe qui peine à garantir son indépendance énergétique.
Par | Ilyes Merchiche
Dans un long réquisitoire l’auteur du l’analyse intitulé : « les ambitions énergétiques de l’Espagne ressemblent à une chimère », lanalyste Albert Guasch Rafael,a estimé que l’Espagne qui dispose d’un approvisionnement beaucoup plus sûr parmi tous les pays européens, risque de perdre un fournisseur des plus fiables qu’est l’Algérie qui fait d’elle, le pays européen le moins dépendant du gaz russe : « Madrid voulait devenir une plaque tournante européenne du gaz naturel », puis elle a renié le Sahara Occidental » a souligné l’auteur.
L’Espagne possède six terminaux de regazéification de GNL qui fournissent 35 % de la capacité de stockage de l’UE, de loin la plus grande de tous les autres États membres. Ces terminaux fonctionnent également actuellement bien en dessous de leur pleine capacité. Le plus important est celui proximité avec l’Algérie, un pays qui possède d’importantes réserves de gaz naturel.
Dans l’ensemble, Madrid dispose d’un approvisionnement beaucoup plus sûr que les autres pays européens et d’une dépendance nulle ou nul vis-à-vis du gaz russe.
L’auteur a poursuit sous un ton étonné que, le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez qui récemment pris une décision de politique étrangère « apparemment sans rapport, qui constitue une rupture nette avec la politique établie de longue date par Madrid, selon laquelle le statut du Sahara Occidental contesté, devrait être décidé par référendum ».
L’étonnement est d’autant plus justifié par le rappel de l’auteur, de « la responsabilité historique de l’Espagne -ancien colonisateur du Maroc-, vis-à-vis des territoires du Sahara Occidental qu’elle occupait jusqu’à 1976 et que le Maroc occupe depuis lors alors que sa présence est considérée comme illégale par la majorité des pays dans le monde.
Pour rappel, les relations entre Madrid et Rabat sont glaciales depuis mai 2021, lorsque l’Espagne a admis le président de la République Saharoui Ibrahim Ghali, pour un traitement suite à des complications liées au COVID-19.
Réagissant amèrement, le Maroc a levé les contrôles aux frontières de Ceuta, l’une des enclaves espagnoles en Afrique du Nord, permettant à quelque 10 000 migrants de traverser la frontière. Dans une étonnante démarche sans précédent, le Makhzen, dans un logique de chantage est même allé jusqu’à encourager des centaines de familles marocaines, à fuir la misère vers l’Espagne, créant une crise humanitaire et diplomatique.
Dans une mise en garde quant au risque de voir l’Algérie utiliser la diplomatie de l’énergie, l’auteur a souligné que ce revirement abrupt et sans préavis, a peut-être calmé un pays, mais il a mis l’Espagne en désaccord avec un autre et que ce dernier, – l’Algérie- même s’il est peu probable qu’il rompe les accords d’approvisionnement à long terme, ces accords intègrent des révisions régulières des prix. L’Algérie peut néanmoins contrecarrer le rêve de l’Espagne de devenir une plaque tournante du gaz naturel : « Le gazoduc transméditerranéen, qui relie la côte algérienne et la Sicile, n’a transporté que 22 milliards de m3 de gaz naturel en 2021 mais a une capacité totale d’environ 31 milliards de m3. L’Italie n’a jamais explicitement soutenu le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara Occidental et soutient une solution dans le cadre de l’ONU Il va de soi que ce pays privilégiera désormais ses relations avec l’Italie sur celles avec l’Espagne ».
Alger qui dans un communiqué virulent a rappelé l’Espagne que « C’est la deuxième trahison historique du peuple sahraoui par Madrid n’a pas encore sorti toute ses cartes.
ces dernières semaines, Alger courtisée en ces temps de hausse des prix des hydrocarbures. Pour cette raison, il y a deux semaines, Sánchez a appelé le président algérien , Abdelmajid Tebboune, pour s’assurer qu’Alger continuerait à approvisionner l’Espagne dans de bonnes conditions.
Le silence des autorité algérienne a provoqué des inquiétudes au point où le département américain de l’énergie, a sondé ce mois-ci les principales compagnies pétrolières opérant en Algérie pour savoir si elles pouvaient augmenter leur production, comme l’a révélé Reuters.
La sous-secrétaire d’État américaine, Wendy Sherman, qui certainement avait connaissance du deal qui se préparait entre Madrid et le Roi du Maroc, aurait insisté en vain, auprès de ses interlocuteurs algériens, le 10 mars à Alger, pour rouvrir le gazoduc Maghreb-Europe.
Au début de l’automne, la vice-présidente Teresa Ribera et le ministre des Affaires étrangères José Manuel Albares l’ont également demandé. Alger a toujours refusé. Il faut dire que les USA, qui assurent maintenant 33% des besoin de l’Espagne en gaz par son GNL, comptent sur les six plateformes espagnoles pour accueillir plus de gaz américain vers l’Europe. Une quantité qui peut augmenter de manière significative si le projet du Gazoduc à l’arrêt, qui devait relier l’Espagne au reste de l’Europe via la France est réactiver. ce qui permettra de réduire les moyens coercitif de l’Algérie. mais ce projet demandera beaucoup de temps et de moyens et ne remplacera jamais le gaz russe.
Teresa Ribera, la ministre espagnole de la transition écologique, a récemment déclaré que son gouvernement était réticent à investir beaucoup dans le gazoduc européen, Mitcat, car les contribuables espagnols paient déjà des surcoûts pour les nombreux terminaux de regazéification de GNL.