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L’Algérie entre dans le Silence Électoral : Les Engagements des Trois Candidats Décryptés

Après deux semaines de campagne électorale intense entre les trois candidats désireux de convaincre les électeurs algériens, la campagne pour les élections présidentielles anticipées, prévues le 7 septembre, s’est officiellement conclue aujourd’hui. Face à des algériens de plus en plus exigeants quelles étaient les principales promesses de candidats?

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Par | Rashedd Ghezali


Algérie | Cette campagne a été marquée par une dynamique sans précédent et une intensité remarquable dans les manifestations locales. Les rassemblements se sont déroulés dans des conditions de sécurité et d’organisation jugées satisfaisantes. Ce qui distingue cette campagne des précédentes, c’est que les candidats ont choisi de dépasser les préoccupations liées à la stabilité sécuritaire pour se concentrer sur des promesses économiques et sociales, ainsi que sur la position de l’Algérie sur la scène régionale, continentale et internationale.

Les discours des candidats ont convergé sur la nécessité de renforcer le front intérieur du pays face aux bouleversements globaux, dans un contexte d’instabilité ayant des répercussions sur l’économie mondiale et une montée des conflits. Leurs promesses s’inscrivent également dans le cadre de l’essor économique récent de l’Algérie, tout en rivalisant avec des engagements ambitieux, malgré des approches distinctes.

Concurrençant pour le fauteuil présidentiel au Palais d’El-Mouradia, le président sortant Abdelmadjid Tebboune, qui aspire à un second mandat et bénéficie du soutien de grands partis, notamment le « Front de Libération Nationale« , le « Rassemblement National Démocratique » et le « Front Al Moustaqbal« . Le deuxième candidat, Abdelali Hassani Cherif, représente le parti « Mouvement de la Société pour la Paix« , un parti islamiste historique ayant connu son apogée dans les années 1990. Enfin, le troisième candidat, Youssef Ouchiche, est le candidat du « Front des Forces Socialistes« , (FFS) le plus ancien parti d’opposition en Algérie, connu pour son engagement politique depuis les débuts de l’indépendance.

Il est essentiel de noter qu’après le mouvement populaire de 2019, qui a vu le peuple réclamer un changement radical du système politique, économique et partisan, l’interaction avec les foules, en particulier la jeunesse, n’a jamais été aussi forte. La campagne électorale a été une occasion de renouer les liens avec la société sur le terrain, dans différentes régions du pays. Les observateurs estiment que c’est déjà l’un des premiers succès pour ces deux partis, avant que près de 24 millions d’électeurs ne s’expriment dans les urnes, d’autant plus que ce rendez-vous aura un impact sur les élections législatives prévues l’année prochaine.

Ces élections interviennent à un moment où l’Algérie connaît une transformation économique significative et un dynamisme diplomatique particulièrement réussie. En seulement deux ans, l’Algérie est devenue la troisième économie africaine et se positionne déjà comme un leader potentiel pour les années à venir, ayant réussi à développer des projets économiques industriels, agricoles et miniers qui lui permettront d’augmenter ses exportations hors hydrocarbures, surtout après avoir intégré le neuvième membre de la Banque des BRICS.

L’Algérie a également su se tailler une place centrale sur la scène énergétique mondiale depuis le début de la guerre en Ukraine, devenant un fournisseur clé de gaz pour l’Europe grâce à un réseau colossal s’étallant du désert jusqu’à la Slovénie et à la Pologne, en passant par la Tunisie, l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne.

L’économie algérienne a enregistré l’an dernier une forte hausse, le taux de croissance du produit intérieur brut atteignant 4,1 %, soit une augmentation de 0,5 point par rapport à 2022, selon les données de la Banque d’Algérie. Cette croissance est attribuée aux secteurs des hydrocarbures, de l’agriculture, des industries minières et des services, attirant ainsi de nombreux investissements étrangers pour 2023 et 2024. Le président algérien a promis d’atteindre un volume économique de 700 milliards de dollars d’ici 2027.

Abdelmadjid Tebboune : Penser Globalement, Agir Localement…

Le candidat Abdelmadjid Tebboune s’appuie sur les réalisations de son premier mandat, qui ont joué un rôle crucial dans sa campagne électorale. Il a affirmé que son second mandat sera « la consécration et la continuation de son programme, axé sur une vision économique et sociale ayant déjà produit des résultats tangibles ».

Il s’est engagé à poursuivre les réformes économiques en stimulant et protégeant l’investissement, tout en réduisant la facture d’importation grâce à un renforcement de la production locale, qu’il considère comme un choix stratégique.

Le candidat Abdelmadjid Tebboune s’appuie sur les réalisations de son premier mandat, qui ont joué un rôle crucial dans sa campagne électorale. Il a affirmé que son second mandat sera « la consécration et la continuation de son programme, axé sur une vision économique et sociale ayant déjà produit des résultats tangibles ». Il s’est engagé à poursuivre les réformes économiques en stimulant et protégeant l’investissement, tout en réduisant la facture d’importation grâce à un renforcement de la production locale, qu’il considère comme un choix stratégique.

Comme il avait affirmé lors d’une rencontre avec la presse avant le début de la campagne, Abdelmadjid Tebboune a renouvelé sa promesse d’augmenter le produit intérieur brut à environ 400 milliards de dollars, contre 260 milliards à la fin de l’année précédente. Il s’est également engagé à faire passer les exportations non pétrolières à 15 milliards de dollars d’ici 2026, contre environ 7 milliards l’année dernière.

Tebboune a saisi chaque occasion pour mettre en avant les projets nationaux et ceux transnationaux, notamment ceux liés aux projets d’intégration qui positionnent l’Algérie comme un acteur clé sur le continent africain, en particulier dans les secteurs de l’énergie et de l’hydrogène. Il a également évoqué l’achèvement du projet de construction d’un gazoduc reliant le Nigeria, le Niger et l’Algérie vers l’Europe, ainsi que le renforcement de l’intégration économique maghrébine à travers un axe s’étendant de la Libye à la Mauritanie sur l’océan Atlantique. Selon lui, ces projets dynamiseront l’économie algérienne et créeront une synergie commune entre les pays de la région grâce aux zones franches et au commerce interrégional.

Tebboune a également mis l’accent sur le secteur agricole, promettant d’augmenter les rendements des cultures stratégiques à travers de grands projets de partenariat, d’élargir les surfaces cultivées, de développer les infrastructures d’irrigation et de soutenir l’industrie agro-alimentaire.

Sur le plan social, il a promis de renforcer le pouvoir d’achat des citoyens, de lutter contre l’inflation et de créer de nouveaux emplois, tout en doublant le nombre de logements proposés pour atteindre deux millions d’unités. De plus, il s’est engagé à augmenter les salaires de 53 % avant la fin de son second mandat, tout en réduisant l’inflation à un maximum de 4 %, alors qu’elle se situe actuellement entre 7 et 8 % selon l’agence de presse algérienne.

Le Programme d’Ouchiche : Une Vision Critique axée sur le pouvoir d’achat

Le Programme d’Ouchiche : Une Vision Critique axée sur le pouvoir d’achat

Selon le « Front des Forces Socialistes », le programme de son candidat permettra d’augmenter le salaire minimum à 40 000 dinars, d’établir un salaire minimum universel de 20 000 dinars pour les chômeurs, et d’inclure les femmes au foyer et les personnes handicapées parmi les bénéficiaires d’une aide de 20 000 dinars.

Pour sa part, le programme de Youssef Ouchiche, candidat du « Front des Forces Socialistes », se distingue par une analyse approfondie et critique de la situation algérienne. Il insiste sur la nécessité de réduire l’écart entre les classes défavorisées et les classes riches en créant une classe moyenne productive et en améliorant l’éducation, en la reliant au marché du travail à moyen terme. Il critique les politiques antérieures qui ont eu un impact négatif sur les Algériens, engendrant une classe de super-riches au détriment de la classe moyenne, qui a vu son pouvoir d’achat s’éroder sous l’effet de ces politiques.

Selon le « Front des Forces Socialistes », le programme de son candidat permettra d’augmenter le salaire minimum à 40 000 dinars, d’établir un salaire minimum universel de 20 000 dinars pour les chômeurs, et d’inclure les femmes au foyer et les personnes handicapées parmi les bénéficiaires d’une aide de 20 000 dinars.

Ouchiche promet également de modifier les bourses universitaires pour les aligner sur le salaire minimum universel, d’augmenter les allocations familiales à 3 000 dinars par enfant, de réintroduire la retraite anticipée et d’augmenter l’aide au logement rural à deux millions de dinars. Il propose également de suspendre l’impôt sur le revenu global pour les salaires inférieurs à 50 000 dinars et de plafonner les prix d’autres denrées alimentaires de base que le gouvernement actuel à déjà entamé.

Sur le plan économique, ses propositions ne diffèrent guère de celles de Tebboune en matière de renforcement de la souveraineté économique, bien qu’il propose des chiffres différents. Le candidat du « Front des Forces Socialistes » s’engage à porter les exportations non pétrolières à 40 milliards de dollars d’ici 2030, en encourageant l’industrie dédiée à l’exportation par le biais d’incitations fiscales, et en renouvelant la flotte maritime de transport de marchandises.

Il envisage également de créer un fonds destiné à financer des projets économiques stratégiques hors hydrocarbures, financé par les revenus pétroliers et gaziers. Comme ses concurrents, Ouchiche insiste sur le soutien à l’agriculture et aux infrastructures rurales, en les intégrant comme partenaires clés dans le système économique par la création de zones d’industries de transformation.

Le Projet de la Société pour la Paix : Un Appel à l’Unité Nationale

En plus des enjeux sociaux et économiques, le candidat du MSP a mis l’accent sur la question de l’identité nationale, affirmant que le pays est toujours ciblé dans son identité, ce qui nécessite une solidarité autour de l’État algérien et le renforcement des fondements de la souveraineté nationale dans toutes ses dimensions sociales, politiques et économiques cela en mettant l’individu algérien au centre de tout engagement.

À cet égard, il a présenté un programme « global pour diriger le pays et réaliser le développement », visant à augmenter les taux de croissance et la valeur de la monnaie algérienne, qu’il considère toujours comme inférieure à d’autres devises, ce qui a largement contribué à la détérioration du pouvoir d’achat des Algériens.

Abdelali Hassani Cherif a assuré qu’il a mené une campagne électorale responsable pour établir les bases d’un projet politique national modéré et inclusif, au service de l’Algérie et des Algériens, et pour instituer des réformes politiques, économiques et sociales.

Il a également souligné que son programme vise à « investir dans l’homme et préserver sa dignité en renforçant les droits et libertés, en réformant l’éducation, en améliorant les services de santé et de transport, en créant des emplois et en soutenant le pouvoir d’achat ».

De plus, il s’est engagé à « relancer les projets agricoles et industriels, à encourager l’investissement, à garantir l’approvisionnement en eau, à lutter contre le chômage et à inciter les jeunes à créer des entreprises et des incubateurs d’entreprises avec le financement nécessaire selon les principes de la finance islamique ». Le candidat du MSP a également promis de « réexaminer le découpage administratif et à renforcer le rôle des élus, en transformant les wilayas à fort potentiel commercial et industriel en pôles économiques majeurs ».

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